Vous parler d'elle - Claire Castillon

[clarabelle]

Troublant ...Le dernier roman de la bien-aimée Claire Castillon se résume à deux syllabes : trou-blant. On plonge dans cette histoire en apnée, on en ressort en fermant le livre, après l'avoir lu d'une traite. Les idées sont confuses, mêlées, embrouillées. On se demande si on a tout compris, si on n'a pas divagué... On retourne le livre et relit la quatrième de couverture et là j'ai le sentiment d'expirer. De saisir l'intention de l'auteur. Et de me frotter les yeux et de me pincer : non, tu n'as pas rêvé.
"Vous parler d'elle", c'est parler d'une jeune fille sans nom, qui parle d'elle à la première personne. C'est une enfant qui se réfugie sous le toit de sa maison, sous le toit de son enfance. De là, elle se cache et guette les bruits dans la maison. Et tour à tour elle va dégainer une litanie de souvenirs, de désordres réels ou imaginaires, de songes, de désespoirs. Bref, on ne sait plus trop si l'on est dans le vrai ou l'irréel. C'est ça le problème. Cette jeune fille parle de sa famille : une maman chérie qui travaille à la pharmacie, en habit de bourgeoise et les ongles peints de vernis. Un papa que sa soeur et elle se disputent l'amour absolu. Un petit frère qui souffre d'une paralysie du palais et ne peut plus parler pendant des années. Et puis il y a aussi les amours, essentiellement le Menteur. Et de cet homme, elle souhaiterait s'en débarrasser, régler ses comptes et se montrer la plus forte.
C'est bizarre, à la fois bouleversant et dérangeant. L'univers de Claire Castillon est bizarroïde, on s'aime trop fort, on se venge par coups bas et on se déteste à vie. On ne pardonne rien, jamais, et puis on s'en veut, on supplie d'être pardonné, en rampant. C'est proche de la perversion, mais c'est écrit en toute innocence. Comme si on n'y pouvait rien et qu'il fallait s'en excuser.
En somme ce roman, c'est la libération de cette narratrice de ses vieux démons, ses "pouilleries" comme elle dit. Elle les dépose, s'en débarrasse. Trop contente car ils l'habitent depuis trop longtemps. Et trop, c'est trop. Au lecteur, donc, de s'en saisir et de les prendre, les porter, mais ça ne leur ira pas car ce sont celles d'une autre. Evidemment.Fayard, 165 pages.Clarabelle

[yansored]

pas convancue !!

[clarabelle]

L'AVIS D'EVENEClaire Castillon a la douceur nécessaire pour raconter dans un souffle l'intériorité la plus complexe. L'écriture est toujours juste, à l'économie. On se perd avec tiédeur dans les méandres de la pensée, on touche du doigt les sensations du corps et celles de l'âme. Le récit se fait psychologique sans y paraître, et l'on est entraîné malgré soi dans le cauchemar. L'auteur du Grenier, premier roman remarqué, renoue là avec ce qu'elle sait faire de mieux : le récit intérieur et le sombre. La plume est plus affirmée qu'auparavant, le sujet dominé, et l'aisance avec laquelle les mots sont choisis permet des audaces romanesques et un flou artistique quant à l'intrigue, pour ainsi dire inexistante dans cet ouvrage. Attention cependant à ne pas en abuser, le lecteur pourrait finir par y voir un subterfuge là où il n'y a encore que du talent.
RÉSUMÉ DU LIVRERécit singulier et intime d'une crise d'angoisse, 'Vous parler d'elle' tisse la toile d'araignée dans laquelle s'enferme une jeune femme, prisonnière du monde qu'elle s'est créé. Pendue aux poutres de son grenier de malheur, elle écoute les bruits du dehors qui l'agressent, en proie au " menteur " qui la tourmente, et aux amants qui lui font mal. La femme-enfant cherche en vain à fuir le monde auquel elle n'appartient pas. Si elle ouvre la bouche, aucun cri de détresse ne sort. Appeler au secours, mais surtout, ne pas s'endormir… Entre mensonges et vérités, le roman murmure en hurlant la terreur intérieure et cauchemardesque d'une narratrice aux portes de la folie, qui n'a plus d'identité, et peut-être même plus d'existence.

[yansored]

tu insistes, on dirait...

[clarabelle]