yansored
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Posté le: Lun Sep 27, 2004 9:50 am Sujet du message: Journal Intime d'un mort - Jean Dutourd |
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On le dit conservateur, impertinent, grincheux. Mais cet éternel jeune homme de 84 ans, ancien résistant, académicien, auteur d’une soixantaine de romans, pamphlets, essais et souvenirs, n’a pas fini de nous séduire. Son dernier roman, truffé de la poésie et de l’humour qui le caractérise, nous le prouve.
« Je suis comme une vieille valise ! J’ai eu beaucoup d’étiquettes, mais mon unique luxe a toujours été de dire ce que je pensais, déclare haut et fort l’incorrigible Jean Dutourd. Le crâne chroniqueur de France Soir, du Figaro, l’écrivain irrévérencieux qui a fait les beaux jours des Grosses Têtes grâce à une repartie audacieuse, nous revient en cette saison littéraire avec un roman aussi étrange qu’original. Le titre à lui seul annonce la couleur : « Journal Intime d’un mort ». Du pur Dutourd. L’académicien s’était récemment penché sur son passé, en ressuscitant avec habileté le garçonnet qu’il fût dans les années 20. Jeannot, Mémoires d’un enfant, (Plon, 2000) n’était pas à proprement dire une biographie, mais un savoureux retour en arrière vers une époque révolue amèrement regrettée par l’auteur. Jean Dutourd avoue volontiers son « horreur du progrès » et aime à clamer avec une certaine provocation : « En arrière toute ! », cri de guerre du fameux Club des Ronchons dont il fait partie. Il avoue de surcroît une passion pour le temps de Louis XV et son désir « pour un retour inconditionnel à cette merveilleuse époque. »C’est donc d’autant plus surprenant que dans ce nouveau livre, Jean Dutourd ne soit plus ensorcelé par les vertiges du passé, mais plutôt par ceux du futur. Son héros, Olivier, sexagénaire, trépassé, se trouve dans un drôle d’état. Ni fantôme, ni spectre, mais plutôt « esprit désincarné », le voilà qui erre dans les limbes de son ancienne vie, dans un lieu indéterminé qu’il imagine être le Purgatoire : « une salle d’attente où il n’y a pas de magazines pour faire patienter le client ». Il va pouvoir constater ce que devient sa veuve, ses amis, et il va surtout croiser un étonnant personnage, Hadamas, sorte de Vendredi méphistophélique avec qui il va âprement deviser dans l’au-delà. Olivier confessera vers la fin du livre : « Rien de tel, en vérité, que d’être mort pour faire sur soi des découvertes capitales ! » Quant on demande à l’auteur l’origine du nom « Hadamas », il avoue avec un gloussement de galopin qu’il avait d’abord pensé au nom Fantômas. « Mais il s’agit d’un personnage de roman qui existe déjà. Alors j’ai enlevé « Fantô » et j’ai mis «Hada » et je me suis dit, c’est tout à fait un nom de diable. Va de retro Hadamas ! »Comment Jean Dutourd eu l’idée de ce livre ? « C’était le matin du 9 janvier dernier. Ce livre m’est tombé du ciel, raconte-t-il avec sa malice coutumière. J’étais en train de siroter mon café, en pensant à rien, l’œil vague et glauque, et tout à coup, j’ai vu une banderole dans ma tête : « Journal d’un mort » ! Je me suis dit, épatant comme titre. Puis la première phrase du livre m’est venue : « Il en est de la mort comme de tout : tant qu’on y a pas tâté, on s’en fait tout un monde. » J’avais donc le titre, le début et le ton. Je suis allé à mon bureau et je m’en suis relevé deux mois après. »Le résultat : un roman à la fois grave et drôle, sombre et léger, qu’on lit en riant, mais jaune parfois. Un philosophique pied de nez à la mort de la part du franc-tireur le plus espiègle des lettres françaises. Qu’aimerait-il qu’on dise de Jean Dutourd après sa disparition ?Quelque chose comme « écrivain de génie » ? « Parfait, ça me va très bien,» s’amuse-t-il. |
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