Soleil* Super Nov-A
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Posté le: Jeu Déc 31, 2020 7:18 pm Sujet du message: C'est l'Inuit qui gardera le souvenir du Blanc - Lilian Bathelot |
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Kisimiipunga est une jeune chercheuse en biophysique prometteuse, mais elle n'en respecte pas moins les coutumes ancestrales des Inuits. C'est pourquoi elle est partie avec son traîneau et son attelage de chiens pour sa Première Chasse en solitaire, abattant un grand caribou de ses flèches précises. La voilà presque à la limite de l'inlandsis, bien loin de tout. Alors d'où sort ce traineau fou, avec un Européen quasi mort dedans ?
Nous sommes en 2089 et le monde est quadrillé par un réseau de surveillance qui ne laisse pas de place à la liberté individuelle. Dans les zones sécurisées, les Implantés sont constamment sous contrôle, leur puce les épiant à tout moment. Dans les zones franches, c'est un peu plus le bazar, mais guère.
Les peuples natifs - Inuits, Indiens... - ont pu obtenir l'indépendance de leurs Républiques, mais cela reste symbolique. A moins qu'ils n'aient un atout caché dans leur manche, qu'ils s'apprêtent à jouer lors du prochain Sommet mondial du G30 ?
Ce roman court oscille entre anticipation et thriller, nous propulsant dans un futur proche ultra-technologique où la Sécurité est prête à tout pour conserver un contrôle total. En fait, le récit suit la règles des trois unités du théâtre classique : unité de temps (deux jours à peine), unité de lieu (Qeqertaq au Groenland, ainsi que la zone de Montpellier), unité d'action (les deux fils rouges du début de l'histoire se rejoignent rapidement). Tout va vite, très vite, on n'a pas le temps de s'ennuyer tant l'action s'enchaîne à toute vitesse.
J'ai apprécié la peinture que nous fait l'auteur du monde dans soixante-dix ans. Il n'a besoin que de quelques coups de pinceaux pour esquisser la fracture entre zones sécurisées/franches/indépendantes, les implants traceurs, les autorisations multiples pour la moindre action et même le glaçant transfert de souvenirs. Cela va droit au but, sans descriptions à rallonge.
Il prend par contre plus de temps pour évoquer le mode de vie inuit de Kisimii. Pas de longueurs, mais des détails précis et bienvenus qui nous immergent dans cette façon de vivre proche de la nature et qui montrent que l'auteur sait de quoi il parle.
Les personnages sont forts et intéressants. Phrases courtes et nerveuses, nombreux dialogues : le style est efficace. On arrive au bout sans s'en rendre compte, c'est prenant.
Au final, c'est une lecture rapide mais percutante et plaisante sur les dérives possibles de la société actuelle.
Chronique réalisée pour Les Chroniques de l'Imaginaire _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu. |
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