Inscrit le: 03 Oct 2005 Messages: 91 Localisation: Paris-Strasbourg
Posté le: Mer Juin 07, 2006 8:29 pm Sujet du message: Ravage - René Barjavel
Ravage est un livre de science fiction écrit dans les années 40.
En 2052, à Paris où tout est assisté et électrisé, nous suivons l'histoire de François, jeune gars de la campagne.
Un soir l'éléctricité disparaît... Ainsi commence la chute du pays (voire de la planète), qui sombre dans le chaos.
François et un groupe de compagnons décident de quitter la ville qui commence à bruler afin de rejoindre le Sud de la France, où subsistent les dernières cultures naturelles.
Il est dans la lignée de 1984, très sombre et négatif.
J'aime beaucoup le style, très descriptif et fluide de Barjavel qui nous plonge immédiatement dans une ambiance apocalyptique.
Ce qui m'a beaucoup plu c'est la façon que Barjavel a de nous surprendre dans le récit en même temps que les héros... C'est pas tout ça mais c'est la fin du monde quand même ! _________________ Graou !
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Jeu Juin 08, 2006 9:13 am Sujet du message:
D'habitude, j'aime bien (ou même beaucoup) Barjavel, mais là j'ai pas accroché du tout. Les personnages me sont peu sympathiques, et je trouve ça très vieillot dans le style (normal pour un livre des années 40, mais pas agréable pour autant !). _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Jeu Juin 08, 2006 11:37 am Sujet du message:
Et déprimant _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
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Posté le: Ven Juin 09, 2006 10:21 am Sujet du message:
Effectivement j'avais omis de préciser que la fin de Ravage ne m'a pas emballé non plus, surtout quand François décide de brûler les livres pour "protéger la communauté"... arghh _________________ Graou !
Posté le: Mer Juin 14, 2006 10:21 pm Sujet du message:
Ce livre m'a assez traumatisé, à l'époque. C'était ma grande période 1984, le meilleur des mondes, demain les chiens... et je bouffais pas mal d'anticipation catastrophesque...
Il est assez... bizarre ce livre. En fait rien ne se passe comme cela devrait. Des pans de l'histoire débutent et sont abandonnés, les différentes scènes restent souvent « frappantes », « dérangeantes » et mystérieuses quant à leur symbolique ; je pourrais faire un parallèle avec 2001 (le film).
C'est ce que l'on retrouve souvent chez Barjavel : un constat d'échec, mais pas vraiment de morale. On va de question en question pour rester à la fin dans un état désagréable de « vanité » : les choses évoluent, mais dans quel sens ? Je pense que Barjavel n'avait pas de réponses aux questions (certes assez basiques sur la vie, la mort, etc.), et que donc il se contente d'explorer le problème. Le livre le plus frappant à ce sujet est les Chemins de Katmandou qui démonte l'idéal hippie, mais sans rien lui opposer : un simple constat d'échec, désabusé.
Ce livre m'a fait lire une poignée de livres de Barjavel (le Grand secret, la nuit des temps, les chemins de Katmandou, etc.) que j'ai trouvés assez géniaux. Depuis, ceux que j'ai lu me semblaient un peu tourner en rond dans la prophétie apocalyptique, donc j'ai un peu arrêté. _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Dernière édition par Turb le Lun Juin 14, 2010 4:33 pm; édité 1 fois
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Posté le: Sam Juin 17, 2006 8:47 pm Sujet du message:
Bon bouquin.
J'avais bien aimé le style et les personnages mais pas les idées de Barjavel qu'il laisse transparaître. _________________ euh ... les jambes permettent aux hommes de marcher et aux femmes de faire leur chemin.
Posté le: Sam Nov 18, 2006 12:16 pm Sujet du message:
j'ai trouvé ce récit interminable, je lui préfère la douce poésie de son "une rose au paradis", qui est une sorte de remake très lumineux et tendre de l'histoire de la création.. _________________ un livre c'est un ami!
Posté le: Dim Nov 19, 2006 10:44 am Sujet du message:
Je n'ai pas tout à fait trouvé le récit interminable... mais plutôt du genre trop court ! J'aime beaucoup cet auteur, Barjavel, malgré quelques réticences au début. De ce que j'ai lu de lui, ça a toujours fait mouche. _________________ Personne n'est parfait, et surtout pas moi.
Posté le: Sam Déc 02, 2006 6:20 pm Sujet du message:
Bon, je suis une fan de Barjavel, donc je n'ai peut-être pas un avis très objectif.
J'ai lu tous les livres de Barjavel, pas uniquement ses romans, et j'ai toujours été très emballée par la simplicité apparente de son écriture, qui est en réalité extraordinairement subtile.
C'est Barjavel qui m'a donné envie d'écrire, et je ne peux pas m'empêcher de le citer dès que je le peux, que ce soit dans mes nouvelles ou mes romans.
Pour en revenir à Ravage, je trouve que ce n'est pas le meilleur roman de cet auteur, cela dit, il soulève de nombreuses questions et de nombreux problèmes.
Non, mais sérieusement, imaginez-vous le monde actuel sans électricité !!! Ce serait un véritable enfer !
Cela fait plusieurs années que je n'ai pas relu Ravage, mais je me souviens l'avoir beaucoup aimé, surtout à la deuxième lecture. _________________ Les Enfants de l'Ô, un roman à télécharger gratuitement :
http://www.lesenfantsdelo.com
Posté le: Mer Jan 07, 2009 10:05 pm Sujet du message:
Je l'ai fini il y a quelques jours. J'en retiens du positif et du négatif. Le positif, c'est l'apocalypse qu'il décrit superbement, c'est horrible à souhait. Le négatif, ce sont les personnages antipathiques mal construits, superficiels et peu approfondis avec un héros présenté comme l'unique sauveur du monde dégénéré dans lequel il vit, pas seulement comme un guide mais comme le seul et unique. Ce héros qui va devenir carrément un dictateur : "obéissez-moi aveuglément ou mourrez". Le personnage féminin de Blanche est con à souhait, une cruche superficielle aveuglée d'abord par l'argent, ensuite, par le sauveur, le seul qui puisse la sauver, incapble d'une seule pensée par elle-même (à se demander même si ce personnage n'emmerdait pas l'auteur). Les personnages secondaires sont du même tonneau, totalement incapables de réfléchir et prêts à obéir à tout sans aucune conscience personnelle. C'est trop quoi. C'est même beaucoup trop et ça gâche un peu une lecture qui autrement est prenante. _________________ http://home.versateladsl.be/vt6258718/
Inscrit le: 20 Nov 2011 Messages: 17 Localisation: Région parisienne
Posté le: Lun Nov 21, 2011 10:45 am Sujet du message:
J'adore l'anticipation depuis que j'ai fais mon TPE en première dessus. J'ai donc lu "Ravage", "Globalia", "Le meilleur des mondes", vu "Soleil vert", "Metropolis"...
Et j'ai tout adoré ! Par contre ça angoisse au bout d'un moment ! Tout est tellement d'actualité que c'est flippant !
J'ai adoré Ravage et depuis je me suis acheté pas mal de Barjavel même si je n'ai pas encore eu le temps de m'y plonger sérieusement. Maintenant que je vis en région parisienne, je ne vois plus Paris du même oeil ^^
Les corps des ancêtres dans les vitrines m'avaient particulièrement marqué ! _________________
Inscrit le: 02 Jan 2012 Messages: 36 Localisation: Nord
Posté le: Mer Fév 01, 2012 9:43 am Sujet du message:
J'ai lu Ravage par curiosité, parce que mon compagnon est un grand fan de Barjavel, et que du coup je voulais voir à quoi cela ressemblait. Le seul Barjavel que j'ai lu auparavant étant dans un tout autre registre : Les Dames à la licorne écrit avec Olenka De Veer, et beaucoup plus tardif.
J'ai beaucoup aimé, même si le début m'a paru un peu long, mais cela peut se comprendre puisqu'il fallait bien planter le décor pour pouvoir mieux le détruire par la suite. Je me suis surprise à le lire assez vite, voulant savoir où l'auteur allait nous mener : vers une fin du monde radicale, vers un renouveau incertain, ou que sais-je encore ?
Les personnages et l'histoire d'amour entre le héros et Blanche me paraissent être plus une occasion, un prétexte pour pouvoir remettre en question le progrès et la dépendance des hommes envers les technologies. Des questions que personnellement je garde souvent à l'esprit. Ce qui explique pour moi le fait que les personnages et leur caractère ne soit pas vraiment très approfondis.
Je partage l'avis de Turb sur ces deux points :
Citation:
Il est assez... bizarre ce livre. En fait rien ne se passe comme cela devrait. Des pans de l'histoire débutent et sont abandonnés, les différentes scènes restent souvent « frappantes », « dérangeantes » et mystérieuses quant à leur symbolique.
Je pense que Barjavel n'avait pas de réponses aux questions (certes assez basiques sur la vie, la mort, etc.), et que donc il se contente d'explorer le problème.
La fin m'a un peu déçu (4ème partie : le patriarche), et certains passages m'ont parfois choqués : les femmes en bonnes procréatrices, toutes soumises à ce destin et heureuse de leur condition ; les livres devant être brûlés car le savoir représente le mal (alors qu'en fait l'homme est le seul responsable de cette fin du monde, en ayant utilisé son savoir aveuglement).
Mais dans l'ensemble, et en gardant à l'esprit la date d'écriture (1943), il s'agit pour moi d'un roman qui m'a fait passé un bon moment, avec un sentiment bizarre (Et si ça nous arrivait ?) et qui je pense m'amènera à lire d'autres livres de SF/anticipation, alors que c'est un genre que je ne pensais pas être fait pour moi. _________________ Lorsqu'un beau fait est répété, il commence à fleurir, et quand les auditeurs se répandent en louanges, alors les fleurs s'épanouissent. Les Lais de Marie de France
Posté le: Mer Fév 01, 2012 2:26 pm Sujet du message:
Citation:
La fin m'a un peu déçu (4ème partie : le patriarche), et certains passages m'ont parfois choqués : les femmes en bonnes procréatrices, toutes soumises à ce destin et heureuse de leur condition ; les livres devant être brûlés car le savoir représente le mal (alors qu'en fait l'homme est le seul responsable de cette fin du monde, en ayant utilisé son savoir aveuglement).
Oui, quoique Barjavel laisse quand même le doute : on n'est pas certain qu'il partage le point de vue de son personnage principal. C'est la chute qui me fait dire ça, qui laisse penser que ce point de vue va à l'encontre de la nature humaine. _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Posté le: Mer Fév 01, 2012 6:16 pm Sujet du message:
Turb a écrit:
Citation:
La fin m'a un peu déçu (4ème partie : le patriarche), et certains passages m'ont parfois choqués : les femmes en bonnes procréatrices, toutes soumises à ce destin et heureuse de leur condition ; les livres devant être brûlés car le savoir représente le mal (alors qu'en fait l'homme est le seul responsable de cette fin du monde, en ayant utilisé son savoir aveuglement).
Oui, quoique Barjavel laisse quand même le doute : on n'est pas certain qu'il partage le point de vue de son personnage principal. C'est la chute qui me fait dire ça, qui laisse penser que ce point de vue va à l'encontre de la nature humaine.
J'ai souvenir de son livre intitulé La Faim du Tigre qui avait tout le même quelques arrières-goûts misogynes...mais il faudrait que je le relise, rien que pour m'en assurer.
Posté le: Mer Fév 01, 2012 9:11 pm Sujet du message:
Je ne suis pas sûre qu'il faille voir de la misogynie chez Barjavel. Le livre a été écrit dans les années 40, il ne faut pas l'oublier. La vision de la femme et de sa place dans la société qu'on retrouve dans ce livre n'est que le reflet de l'époque. Pour tout dire, j'ai été élevée par mes grands-parents, de la même génération que Barjavel, et rien ne m'a choquée dans ses livres. Allez-y, lancez les tomates...
Inscrit le: 02 Jan 2012 Messages: 36 Localisation: Nord
Posté le: Jeu Fév 02, 2012 10:27 am Sujet du message:
Snoop a écrit:
Je ne suis pas sûre qu'il faille voir de la misogynie chez Barjavel. Le livre a été écrit dans les années 40, il ne faut pas l'oublier. La vision de la femme et de sa place dans la société qu'on retrouve dans ce livre n'est que le reflet de l'époque.
C'est aussi ce que je pense, ce passage m'a légèrement choqué avec mon regard actuel, mais en y réfléchissant je me dis qu'à l'époque, de telles idées devaient encore être assez courantes...
Turb a écrit:
Oui, quoique Barjavel laisse quand même le doute : on n'est pas certain qu'il partage le point de vue de son personnage principal. C'est la chute qui me fait dire ça, qui laisse penser que ce point de vue va à l'encontre de la nature humaine.
Je ne sais pas trop. Personnellement la fin m'a laissé perplexe.
Spoiler:
Je pense que j'aurai préféré qu'il n'y ait pas de seconde chance, que l'homme ne puisse pas se racheter aussi "facilement". Bref, j'aurai plus apprécié une fin du monde radicale, à cette nouvelle civilisation où toute idée de progrès est bannie.
A vrai dire, je n'ai pas tout à fait compris l'intérêt de cette chute, à part de démontrer qu'effectivement la nature humaine reprend vite le dessus, que l'homme voudra toujours aller plus loin dans ses découvertes, et pourtant il se débarrasse tout de même de cette nouvelle machine, et au final j'ai plutôt eu l'impression que l'humanité allait se lancer dans un cycle sans fin, tel un serpent qui se mord la queue.
_________________ Lorsqu'un beau fait est répété, il commence à fleurir, et quand les auditeurs se répandent en louanges, alors les fleurs s'épanouissent. Les Lais de Marie de France
Posté le: Sam Juil 07, 2012 5:09 pm Sujet du message:
J'aime beaucoup Barjavel et ai particulièrement apprécié ce roman écrit pendant la seconde guerre mondiale. Pour moi, l'auteur nous envoie cette apocalypse divine, puisque les lois de la nature sont changées, il n'y a plus d'électricité, comme le châtiment à l'orgueil de notre civilisation technologique et à l'ampleur des massacres de nos grandes guerres qui sont conséquence de la modernisation de l'armement. On est renvoyé à l'âge de pierre ! Mais l'homme recommence ses erreurs ! Et un dictateur en remplace un autre. Il y a un peu du Mythe de Sisyphe, j'ai trouvé. L'histoire ce répète se plaisent à dire les historiens !
Posté le: Mar Jan 29, 2013 8:34 am Sujet du message:
Écrit initialement en 1943, le récit a été révisé en 1975, soit 10 ans avant sa mort. Étonné par les premières pages et de sa vision d'un monde futuriste, ce récit laisse sourire lorsque l'on voit comment notre monde a évolué comparer a celui imaginé par l'auteur. L'histoire se déroule donc dans un futur, la date n'étant pas mentionné, mais serait approximativement en 2050, l'avancé technologique est-elle que les campagnes ont été vidées au profil de mégapole. François (cocorico) étant amoureux d'une jeune demoiselle du nom de Blanche vit dans un petit appartement à Paris. Blanche voulant devenir une star et vivre dans le luxe quitte prématurément son ami pour un directeur de radio du nom de Seita. Puis, l'électricité n'est plus, tout est détruit le monde dans lequel ils vivent. S'en suit la destruction de Paris.
Ce récit est écrit en quatre parties bien distincte. Alors que la première est intéressante, on y découvre ce que pourrait-être le future, avec des anachronismes et des délires comme par exemple, le Pays est dirigé par des vieux ministres dont un délégué à la guerre. La deuxième se lit, quant au deux dernières, ça devient du n'importe quoi. Seul François devient un membre important, Blanche disparaît non pas en physique, mais en personnalité, l'auteur se plaît même a écrire des paragraphes misogynes.
Ce livre se voulant une réflexion sur l’humanité, je n'ai pourtant pas apprécié sa finalité.
Posté le: Sam Aoû 24, 2013 11:07 am Sujet du message:
J'aurai une question. Ce livre fut écrit en 1943 durant l'occupation sous le régime Pétain tout comme divers récits. A la fin de la guerre, René Barjavel fut soupçonné de collaboration mais, du fait de son rang d'écrivain, fut blanchit. En ayant lu ce livre qui fait référence à beaucoup de point avec le nazisme, je me demandais si l'auteur n'était finalement pas un adepte du nazisme ou si tel un La Fontaine des temps modernes, ne raillait pas la dictature qui était au pouvoir.
Quelqu'un a-t-il une idée dessus.
Posté le: Dim Jan 12, 2014 5:51 pm Sujet du message:
J' ai lu ce livre il y a très longtemps (plus de 20 ans), c'est le premier de Barjavel que j'ai lu. Il m'a donné envie de lire ses autres romans et de lire d'autres romans fantastiques et de science-fiction. Le seul bémol a été la fin, j'ai trouvé qu'il passait trop vite sur la phase reconstruction/réorganisation. par contre, je n'y ai trouvé aucun point commun avec le nazisme (peut-être que j'étais un peu jeune à l'époque où je l'ai lu), seulement la volonté d'oublier complétement le passé pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Et finalement, on voit que l'Homme recommence toujours ses erreurs. Pour le côté misogyne, je ne suis pas d'accord, c'est juste très représentatif des mentalités de l'époque: les femmes aux fourneaux et à faire des enfants et les hommes au travail physique et à prendre toutes les décisions.
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Posté le: Lun Jan 13, 2014 11:25 am Sujet du message:
J'ai trouvé ce livre dans ma bibliothèque et je me suis dit "allons-y!". L'idée de base, selon laquelle l'électricité disparaît subitement, est assez peu orthodoxe, m'enfin bon, pourquoi pas? Entre l'auteur et le lecteur, il a une sorte de contrat, au lecteur de l'accepter ou non. Une fois cette couleuvre avalée, j'ai donc continué ma lecture. J'aime beaucoup le style post-apocalyptique, avec sa dimension de migration et tout ça, et cet aspect-là, dans l'ensemble, m'a plu.
Ce qui m'a gêné, c'est toute la partie anticipation: imaginer la vie dans l'avenir est chose difficile, et certains auteurs s'en sortent plus ou moins bien. Là, je dois dire que Barjavel ne s'en est pas spécialement sorti très bien. Bien sûr, plus le livre est vieux et plus l'exercice est difficile, car autant on peut extrapoler des technologies, même balbutiantes, que ça devient compliqué d'imaginer des technologies qui n'existent pas encore. À ce titre, je trouve que l'ouvrage a très mal vieilli (des robinets de lait, lol). Je suis indulgent quand il y a de l'imagination et de l'audace, mais par moment, ça a dépassé ce que je pouvais accepter, ce qui a, je dirai, limité ma capacité à bien me plonger dans ce livre.
Pour ce qui est des conventions sociales, c'est un peu pareil: Barjavel n'a visiblement pas essayé d'imaginer que cela puisse évoluer et s'est contenté de transposer la mentalité de l'époque à un futur relativement éloigné, c'est une autre raison pour laquelle le livre fait vraiment daté.
La question à se poser finalement, c'est jusqu'à quand un auteur imaginatif et audacieux dans son anticipation peut-il rester crédible à supposer qu'il se soit totalement trompé et que la vie qu'il a imaginée à une époque donnée ne corresponde en presque rien à la réalité des faits à la même époque. Dans ce cas, une fois la date de l'action du livre passée, si le livre se dit d'anticipation, dans les faits, cela relève plus de l'uchronie, mais c'est là un débat presque philosophique, je l'admets.
Pour en revenir au sujet principal, je n'ai en fin de compte que modérément apprécié cet ouvrage pour les raisons ci-dessus, même si les situations présentées m'ont semblé assez crédibles compte tenu du contexte présenté, hormis peut-être quelques épisodes relevant plus du fantastique (la scène de l'asile d'aliénés) que de l'anticipation ou de la science-fiction.
Pour conclure, je pense que cet ouvrage a, d'un point de vue science-fiction, fait son temps, mais sa portée philosophique (la dépendance à la technologie) reste intacte, et même plus que jamais d'actualité. _________________ Votre fils ne fait pas ses devoirs, il les commet. (Quino)
Posté le: Lun Jan 13, 2014 8:46 pm Sujet du message:
C'est marrant, parce que j'avais bien aimé sa vision du futur. Je trouvais ça marrant. Puis, je me suis plongé comme si c'était au temps de l'auteur. Par contre toute la dernière partie m'a complètement dégoûté, mais bon, chacun ses goûts.
Inscrit le: 06 Jan 2014 Messages: 67 Localisation: Rouen
Posté le: Mar Jan 14, 2014 9:25 am Sujet du message:
Hé bien disons que dans mes lectures futuristes terriennes, j'attends de la crédibilité, pas de l'exotisme, à moins évidemment qu'il ne soit dûment justifié par les événements précédents. Ça se passerait sur une autre planète, pourquoi pas, mais là c'est plus compliqué. De toute façon, c'est le problème permanent avec la SF: ça devient très vite obsolète dans la grande majorité des cas et ces ouvrages deviennent plus des curiosités kitsch qu'autre chose. Après, on peut aimer, mais c'est en connaissance de cause. _________________ Votre fils ne fait pas ses devoirs, il les commet. (Quino)
J'ai trouvé ce livre à la fois intéressant et consternant... et j'aurais bien du mal à dire lequel des deux aspects est le plus prononcé !
Intéressant parce que j'ai bien aimé le portrait de la civilisation future. Il est certain qu'elle nous apparaît aujourd'hui assez datée, mais le fait même de voir comment on pouvait se représenter le futur dans les années 40 ne manque pas d'intérêt. Par ailleurs, l'apocalypse qui balaie cette civilisation est dramatique et marquante.
Consternant parce que l'idéologie réactionnaire qui imprègne le livre donne fréquemment envie de se cogner la tête contre les murs. Le bouquin est dénué de nuances : il nous dit ouvertement que l'humanité se porterait mieux avec un degré de civilisation préhistorique. Quant aux idées sur la forme de la société, le rôle du chef, la place de la femme et tout ça, elles devaient convenir tout à fait aux lecteurs de "Je suis partout".
Posté le: Mar Aoû 18, 2015 12:37 pm Sujet du message:
Outremer a écrit:
J'ai trouvé ce livre à la fois intéressant et consternant... et j'aurais bien du mal à dire lequel des deux aspects est le plus prononcé !
Intéressant parce que j'ai bien aimé le portrait de la civilisation future. Il est certain qu'elle nous apparaît aujourd'hui assez datée, mais le fait même de voir comment on pouvait se représenter le futur dans les années 40 ne manque pas d'intérêt. Par ailleurs, l'apocalypse qui balaie cette civilisation est dramatique et marquante.
Consternant parce que l'idéologie réactionnaire qui imprègne le livre donne fréquemment envie de se cogner la tête contre les murs. Le bouquin est dénué de nuances : il nous dit ouvertement que l'humanité se porterait mieux avec un degré de civilisation préhistorique. Quant aux idées sur la forme de la société, le rôle du chef, la place de la femme et tout ça, elles devaient convenir tout à fait aux lecteurs de "Je suis partout".
Inscrit le: 07 Déc 2010 Messages: 473 Localisation: Loir et Cher
Posté le: Mar Aoû 18, 2015 9:23 pm Sujet du message:
Pour moi, le côté réac et machiste est intéressant aussi : il donne un contrepoint effrayant.
On passe d'un monde hyper technologique qui finit par s'effondrer à un monde "pastoral" qui est tout aussi inhumain.
D'ailleurs, la scène finale fini de prouver que l'auteur se détache clairement de la vision du monde parfait de son personnage : c'est bestial et violent.
Edit : en relisant, je me rend compte que Turb avait déjà développé cette idée. _________________ N'est déçu que celui qui croit trop. N'est heureux que celui qui croit assez.
Posté le: Mer Aoû 19, 2015 10:53 pm Sujet du message:
Je pense que le côté réac est machiste est très premier degré, et c'est vraiment le côté le plus détestable du livre - tout ce qui précède, pessimiste, est bien meilleur. Comme je disais plus haut, l'intérêt de ce roman vient surtout de certaines scènes, certains passages, proprement hallucinants. Décrire l'effondrement, le cataclysme, n'est pas facile. _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Posté le: Jeu Oct 21, 2021 8:06 pm Sujet du message:
Je viens de terminer de lire RAVAGE, de R. Barjavel et.... Je sais pas.... J'ai pas tellement aimer la fin et la construction d'une nouvelle civilisation basée sur la religion et les autodafés....
Svp, quelqu'un peut m'expliquer à quoi sert l'épilogue? en dernière page. Daté du 6 septembre 1943, quand l'histoire est supposé se passer dans le milieu du 21e siècle, _________________ MaxLeLiseux
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