Posté le: Lun Oct 24, 2005 6:40 pm Sujet du message: La trilogie New Yorkaise - Paul Auster
Cité de verre Daniel Quinn est écrivain. Un beau jour il est contacté par une personne souhaitant parler au détective Paul Auster. Les appels se renouvelant, Quinn finit par accepter la mission en se faisant passer pour cet Auster. Il est difficile de présenter ce livre tant l’intrigue n’est au fond qu’un prétexte pour parler d’autre chose. New York en est le personnage principal en tant que symbole de la ville poussée à son extrême et dont la chute est imminente. New York, cité de verre, Babel des temps modernes, lieu de déchéance, symbole de la folie humaine. C’est une des références essentielles de l’œuvre de Paul Auster, de même que la question de l’identité : les identités de Quinn, qui, avant de jouer à être Paul Auster, écrit sous un pseudonyme, les deux Peter Stillman, Henry Dark, etc. L’identité des mots est aussi, en quelque sorte remise en question dans une réflexion sur le langage.Il y a aussi dans ce roman, toute l’ingéniosité d’Auster qui fait que ses livres ne sont pas intéressants que pour l’histoire mais également pour les détails, les clins d’œil. Ici, non seulement la méprise initiale conduit Quinn à se faire passer pour un détective appelé Paul Auster, mais en plus le véritable Auster fait une apparition, ainsi que son épouse, Siri, et que son fils, Daniel.Quant à Quinn, le personnage humain, il se laisse entraîner dans un engrenage qu’il pourrait à tout instant stopper mais, bizarrement, il semble curieux de savoir où tout cela va l’amener et vit ces événements peu communs comme une expérience à vivre. Sous certains aspects, son comportement m’a fait penser à celui de MS. Fogg dans Moon palace.
Cité de verre est un livre déroutant mais incontournable dans l’œuvre de cet écrivain dont je pourrais parler des heures, mais je suis sympa alors je vous épargnerai ! :-)
Livre de poche / 150 pages RevenantsDans ce livre étrange, les personnages portent des noms de couleur. Auster nous propose ici de suivre un détective privé embauché pour surveiller un homme. Il n’en sait pas plus, ni quelles sont les raisons de cette observation. Il finit par disparaître de la circulation. Son travail est mortellement ennuyeux et Bleu en finit par se demander si tout cela a un sens ou s’il n’est pas le dindon de la farce.C’est un livre qui demande au lecteur de s’accrocher car l’intrigue assez plate peut rebuter. Pourtant, quand Bleu commence à émettre des hypothèses sur son rôle, puis quand la situation s’éclaire, on ne peut s’empêcher de penser qu’Auster a fait très fort et que l’intrigue est menée de main de maître. Il s’agit, au fond, d’une interrogation sur ce que nous sommes : de simples revenants ? Des individus qui ont perdu le sens de leur vie dans cette ville sans âme qu’est New York ? Des reflets ? Tout comme Cité de verre, ce second volume de la Trilogie New Yorkaise est passablement désespéré ; il inclut même une dimension tragique. Cependant, il nous oblige à réfléchir, à regarder la vie sous un autre angle. Ainsi, ce livre fournit matière à penser mais il n’en reste pas moins très déconcertant !Livre de poche / 122 pages La chambre dérobéeEn disparaissant de New York, Fanshawe laisse derrière lui une femme, Sophie, un fils, Ben, et une série de manuscrits dont il a confié le destin à un ami, le narrateur du livre. Je viens de finir ce dernier volet de la trilogie new-yorkaise et, le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne sais qu'en penser ! J’ai beaucoup moins accroché qu’aux deux précédents romans. Je me souviens d’ailleurs que lors de ma première lecture, je n’étais pas allée jusqu’au bout. Pourtant, bien que déconcertant, le dernier tiers vaut le peine d’être lu. L’histoire est à la fois fascinante et très embrouillée au point que j’ai dû lutter pour ne pas laisser tomber. On se demande jusqu’où ira le narrateur et s’il finira par devenir fou, se laissant posséder par Fanshawe, qui a pris place dans son esprit. Sa quête prend des allures de dépossession au lieu de l’amener à mieux connaître et comprendre le mystérieux Fanshawe. Ce qui m’a un peu démotivée, c’est le sentiment que l’histoire tourne en rond, inlassablement. Ce qui est sûr, c’est qu’Auster se révèle, encore une fois, très fort pour " embobiner " le lecteur. Et puis, c’est un livre perturbant qui prend possession de vous. On finit par ce sentir mal à l’aise. On retrouve un certain nombre de clins d’œil aux deux précédents volets, plus particulièrement à Cité de verre. Et, tenter de faire des liens, d’essayer d’estimer l’ensemble m’a un peu découragé. En dépit de mes lectures attentives, j’ai l’impression que certains points m’échappent encore, notamment l’identité et la véritable personnalité du narrateur. Il faudrait que je relise La chambre dérobée mais je ne m’en sens pas le courage dans l’immédiat. Je vous livre une phrase qui ne cesse de me harceler :
" Ces trois récits, au bout du compte, sont la même histoire, mais chacun représente un stade différent de ma conscience de ce à quoi elle se rapporte. Je ne prétends pas avoir trouvé la solution de quelque problème que ce soit. Je suggère seulement qu’est arrivé un moment où je n’ai plus eu peur de regarder ce qui s’était passé.[…] Il y a maintenant longtemps que je me démène pour dire adieu à quelque chose et, en réalité, seule cette lutte compte. L’histoire n’est pas dans les mots, elle est dans la lutte. "Livre de poche / 155 pages
Inscrit le: 06 Mar 2006 Messages: 271 Localisation: Tournai, Belgique
Posté le: Ven Mar 24, 2006 3:04 pm Sujet du message:
Voilà des livres vraiment déroutants. Ils sont superbement écrits et très inspirés. Ils sont noirs de noirs, glauques et laissent un goût amer, non de déception mais d'étrangeté. A la fin de la lecture, reste un léger malaise (voulu par l'auteur, évidemment!). Waow, impressionnant!! J'ai adoré. _________________ "Que vos journées soient longues et vos nuits plaisantes". S. King
Inscrit le: 14 Aoû 2003 Messages: 4654 Localisation: à l'ouest
Posté le: Dim Juin 17, 2007 2:24 pm Sujet du message:
Moi c'est le dernier que j'ai préféré. J'y ai retrouvé cette espèce de folie, d'étrangeté que j'aime tant chez Auster, ce goût de la déchéance, cette envie d'aller au bout de soi. _________________ Fantasy can become reality (Stratovarius).
Posté le: Mar Juil 10, 2007 10:08 am Sujet du message:
çà fait longtemps que je veux lire Auster,en particulier cette trilogie,mais franchement les avis sont tellement divergents d'un forum à l'autre j'hesite toujours autant...
Posté le: Mer Juil 11, 2007 12:11 pm Sujet du message:
Clémentine, la trilogie est très spéciale et je ne suis guère étonnée que les avis à son sujet soient divergents. Il faut tester pour se faire sa propre opinion Par ailleurs on peut lire le premier volume sans lire les suivants. _________________ http://www.thetoietlis.com
Inscrit le: 12 Jan 2009 Messages: 28 Localisation: Entre deux chapitres
Posté le: Dim Fév 01, 2009 11:46 am Sujet du message:
Suite à l'émission La Grande Librairie sur France 5 le 15 janvier dernier où Paul Auster était invité pour parler de son dernier livre Seul dans la nuit, j'ai découvert cet auteur dont on parle tant et que je n'avais jamais lu.
J'ai donc lu le premier tome de sa trilogie New-Yorkaise. Sans doute aurais-je dû faire un autre choix car j'avoue que je m'arrèterai à ce premier tome. Ce n'est pas le côté noir, voire glauque de l'atmosphère qu'il créé qui m'a le plus géné, mais plutôt un sentiment de lourdeur permanente dans l'écriture...
Et pour "imager mes dires, je vous mets un petit extrait:
-Un nouveau langage?
-Oui. Un langage qui dira enfin ce que nous avons à dire. Car les mots que nous employons ne correspondent plus au monde. Lorsque les choses avaient encore leur intégrité, nous ne doutions pas que nos mots puissent les exprimer. Mais, petit à petit, ces choses se sont cassées, fragmentées, elles ont sombrées dans le chaos. Et malgré cela nos mots sont restés les mêmes. Ils ne se sont pas adaptés à la nouvelle réalité. Par conséquent, chaque fois que nous essayons de parler de ce que nous voyons, nous parlons à faux, nous déformons cela même que nous voulons représenter. Ce qui fait un gachis terrible. Mais les mots -vous comprenez bien cela vous même- admettent le changement. Le problème c'est comment le prouver. C'est pourquoi je travaille maintenant avec les moyens les plus simples possibles, si simples que même un enfant peut comprendre ce que je dis. Prenez un mot qui désigne une chose: "parapluie", par exemple. Lorsque je dis le mot "parapluie", vous voyez l'objet dans votre esprit. Vous voyez une sorte de manche, munis de rayons de métal rabattables formant une armature pour un tissu imperméable, et qui, lorsqu'il est ouvert, vous protège de la pluie. Ce dernier détail est important. Non seuement un parapluie est une chose, c'est aussi une chose qui remplit une fonction; en d'autres termes, qui exprime la volonté humaine. Si vous voulez bien y songer, tout objet est semblable au parapluie en cela qu'il remplit une fonction. Un crayon sert à écrire, un soulier est fait pour être porté, une voiture pour être conduite. Voici maintenant ma question. Que se passe-t-il lorsqu'une chose ne remplit plus sa fonction? Est-elle toujours la même chose ou est-elle devenue autre? Si vous arrachez le tissu du parapluie, reste-t-il parapluie? Vous déployez les baleines,, les mettez au-dessus de votre tête, vous allez sous la pluie et vous voilà trempé. Est-il possible de continuer à appeler cet objet un parapluie? En général, on le fait. A l'extrème on dira que le parapluie est cassé. Selon moi, c'est une grave erreur, c'est la source de tous nos ennuis. Du fait qu'il ne peut plus remplir sa fonction, le parapluie n'en est plus un. Il peut bien y ressembler, il se peut que dans le passé il en ait été un, mais maintenant il s'est transformé en autre chose. Il est imprécis; il est faux; il cache ce qu'il est censé révéler. Et si nous sommes incapables de nommer une chose ordinaire, un objet de tous les jours que nous tenons dans nos mains, comment pouvons nous espérer parler des choses qui nous concernent vraiment? A moins que nous commencions à inclure la notion de changement dans les mots que nous employons, nous continuerons à être perdus.
Comme me disait une amie avec qui je partage beaucoup de goûts de lecture, c'est un peu...capillo-tracté!
Pourtant je reconnais qu'il écrit très bien et je ne vais pas m'arréter là. Par lequel pensez-vous que j'accrocherai plus?
Posté le: Dim Fév 01, 2009 2:51 pm Sujet du message:
J'ai lu la trilogie et j'ai aimé ; l'ambiance est curieuse à souhait et l'ensemble me donne doublement envie d'aller à New York. _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Posté le: Dim Fév 01, 2009 5:58 pm Sujet du message:
Comme Tess, je te conseille Brooklyn Follies qui est très accessible et bien écrit.
De mon coté, j'ai la trilogie New-Yorkaise dans ma PAL, il faudra que je m'y mette un jour.
Sur Wikipédia ya un plugin ISBN pour être parfaitement neutre (exemple "ISBN 274273791X" devient automatiquement : ISBN 274273791X ) ça existe pas pour PHPBB ? _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Inscrit le: 16 Mai 2009 Messages: 3029 Localisation: Loire
Posté le: Ven Avr 16, 2010 6:58 pm Sujet du message:
Cette trilogie est certes moins "accessible" que Brooklyn Follies", mais c'est une lecture très agréable. Très étrange aussi, mais j'ai beaucoup aimé la noirceur des situations, les personnages qui se perdent, et qui perdent tout, pour une broutille.
Mon préféré des trois est, d'une courte tête, le second : "Revenants". Pour des tas de raisons : pour les noms des personnages (des couleurs uniquement), pour la situation complètement abracadabrantesque, pour sa noirceur, pour ses réflexions sur tout.
Déconcertant, surprenant, mais réussi. _________________ On ne sait jamais ce que notre malchance nous a évité de pire. Cormac McCarthy
Posté le: Ven Juil 05, 2013 4:05 am Sujet du message:
Le pire Auster jamais lu. Tous les thèmes seront traités par la suite par l'auteur dans ses futurs livres. Le début de quelque chose, mais pas une fin en soi.
Posté le: Dim Mai 15, 2016 10:37 pm Sujet du message:
Je commence Auster par cette Trilogie New-Yorkaise, et c’est très prometteur. La parenté avec Don DeLillo est évidente, notamment dans l’interrogation constante du langage, un point qui m’attire beaucoup chez ces deux auteurs. Auster développe aussi sa propre version de l’intertextualité, un thème récurrent dans le postmodernisme, en mêlant non seulement ses propres écrits, mais encore sa propre vie à ses romans — c’est particulièrement explicite dans Cité de verre (City of Glass).
Concernant La chambre dérobée (The Locked Room), sans vouloir trop en dévoiler, je dirai simplement que la connaissance de quelques détails biographiques sur Auster est utile, notamment : son utilisation du pseudonyme Paul Benjamin (Benjamin est son deuxième prénom), son séjour en France, sa période passée à travailler sur un pétrolier, son travail de traduction et d’écriture de poèmes et de pièces de théâtre en un acte.
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