L Hellreader
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Posté le: Jeu Juil 12, 2007 7:55 pm Sujet du message: Le pèlerinage de Childe-Harold - Byron |
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Aristocrate d'un jeune âge, las des jouissances que les sociétés humaines lui offrirent, ayant poussé le vice à satiété et ne ressentant plus en son pays d'origine que l'ennui, il embarqua sur l'indomptable océan en direction du bassin méditéranéen, pour se confronter à la Nature, et au Passé.
Cet homme, c'est Childe-Harold. Mais ça aurait pû tout aussi bien être Byron lui même. En effet, certains éléments autobiographiques se mêlent aux chants, donnant la forte impression de suivre plus l'auteur que son héros fictif. Et c'est le cas je pense. Image à peine déformé de son créateur, Harold exprime les sentiments qui le tourmente, décrit magnifiquement les paysages qui l'entourent, traite du passé d'une façon très érudit.
Et c'est de ses 3 ingrédients que sont composées les quatres chants et 495 strophes de ce pèlerinage:
_ Les sentiments: Ils sont présents à travers son héros, Childe-Harold qui, à l'intar de Manfred, est une figure romantique anglo-saxonne importante (Datant de 1812, cette oeuvre apporta une vraie reconnaissance à Byron).
Solitaire, il fuit la compagnie des Hommes, qui, sans qu'il les haisse (il le répète plusieurs fois), ne lui apportent plus rien, ne le comblent plus. Mélancolique, ses réflexions font échos à la vacuité de la vie, à l'inconstance de l'amour, à la marche inarrétable du temps. Et c'est dans ces moments là, qui apparaissent le plus souvent comme des digressions à l'action présente, qu'il semblerait que l'auteur prenne clairement le devant de la scène. (Plusieurs fois, il s'excuse des égarements et se demande où est passé son narrateur.) Il devient difficile de départager les deux êtres. Cependant, ces digressions philosophiques suivent toujours, soit la description d'un lieu, soit, plus souvent m'a-t-il semblé, des réflexions sur le passé.
_Le passé: En effet, ce pèlerinage permet à Byron (Harold) d'exposer nombre de réflexions sur des évènements plus ou moins lointains, liés à des conflits, à des Hommes, à des Empires, avec toujours en toile de fond le Pouvoir (et ce qu'il implique: gloire, tyrannie, liberté,etc): Waterloo et les armées napoléonienne, l'Empereur lui même; Lusitanie et les conflits france/anglanterre; Ali-Pacha, l'armée multi-ethnique en Albanie; etc
Les réflexion faites sont d'un tel niveau d'érudition que je me perdais quelque peu dedans. Byron aborde tellement de choses au fil des strophes, que pour un lecteur non avertis, il est est bien difficile de tout suivre et d'accrocher à tout. La verve de l'auteur, dans ces moments là, penche souvent dans le lyrisme, mais bien moins que lorsque s'offre à Harold les magnifiques paysages européens.
_Les paysages: Marque du romantisme encore, la description des paysages traversés est lyrique, onyrique et profondément poétique. Espagne (Andalousie), Grèce (Athènes), Albanie, Belgique (Waterloo),Rhin, Rhone, Alpes, Italie (Venise, Rome), l'océan bien entendu, et j'en oublie.
Le voyage est un enchantement à chaque strophe, pour Harold comme pour le lecteur, qui assiste à la vision monde et d'une Nature qui nous apparait merveilleuse et bien intouchable et inaccessible pour l'Homme. (Les dernières strophes conçernant l'océan (reprise en un sens par Lautréamont dans sa fameuse strophe du "vieil océan") font offices de magnifique conclusion)
Ainsi, ombre de Childe-Harold, c'est émerveillé que nous faisons le pèlerinage en sa compagnie, traversant la Nature et les âges. Traversant les âmes.
L'oeuvre (en PDF). C'est surtout pour avoir des exemples, car tout lire sur un PC : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200659c/f299.table _________________ Brise et ruine d’abord ce monde, nous verrons si l’autre surgit ensuite |
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