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Des difficultés de faire éditer ses oeuvres...

 
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Crazy
Cannibale Lectrice


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MessagePosté le: Sam Juil 21, 2007 12:53 am    Sujet du message: Des difficultés de faire éditer ses oeuvres... Répondre en citant

Vu sur Yahoo!

Citation:
AFP - Jeudi 19 juillet, 18h50

LONDRES (AFP) - Jane Austen, célèbre auteur britannique du début du 19e siècle, ne trouverait pas aujourd'hui d'éditeur, comme l'a vérifié un écrivain frustré en envoyant des manuscrits à une vingtaine d'éditeurs.

Selon la presse britannique, David Lassman, qui peine lui-même à se faire publier, a ainsi envoyé le premier chapitre suivi d'un synopsis de trois romans différents de Jane Austen, en se contentant de changer les titres et les noms de personnages.

Sur 18 éditeurs, 17 ont renvoyé des lettres de refus type ou n'ont pas répondu. Seul l'un d'entre eux a reconnu le style d'Austen ("Orgueil et préjugés", "Raison et sentiments"), recommandant à l'auteur du manuscrit d'éviter le pastiche.

Un éditeur, malgré son refus, a jugé la prose "très originale". Et l'agence littéraire qui représente J.K. Rowling (Harry Potter) s'est dite "peu assurée de pouvoir placer ce manuscrit auprès d'un éditeur", selon la presse.

"Arriver à faire publier un roman est très difficile aujourd'hui, sauf si vous avez un agent littéraire", a souligné M. Lassman à la presse, se disant sidéré du nombre de refus essuyés par la grande dame.

David Lassman, 43 ans, est le directeur du festival Jane Austen à Bath (sud-ouest de l'Angleterre).

Il a même eu l'audace d'envoyer le premier chapitre légèrement modifié d'"Orgueil et préjugés", l'oeuvre la plus célèbre d'Austen, en conservant sa première phrase, archi-connue en Angleterre: "C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier...".


J'avoue que c'est loin de me rassurer *Confused* (dans l'hypothétique cas où j'arriverais à écrire un truc finalisé *Embarassed* )

Outre nos griffeuses d'encre *Wink* j'aimerais bien avoir l'avis des autres éditeurs présents ici (Nev ? *Mr. Green* )
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Crazy
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Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
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martlet



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MessagePosté le: Sam Juil 21, 2007 10:38 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne suis pas éditeur, mais je voulais quand même réagir sur cette dépêche qui me laisse quand même perplexe dans sa finalité. Je vois bien ce qu'ils cherchent à prouver mais je ne vois pas du tout comment l'exemple qu'ils donnent peut avoir une quelconque valeur concernant cette question.

Ils disent quand même avoir envoyé le manuscrit a 18 éditeurs, dont 17 n'ont pas répondu ou ont refusés. Cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas reconnu le style de Jane Austen bien au contraire, c'est presque certainement la raison du refus. Le seul éditeur qui a répondu à côté peut très bien être le seul a être tombé dans le panneau, ce qui fait très peu. Au final, ils se contredisent eux-mêmes, non ?

Quand à l'agence littéraire "peu assurée de pouvoir placer ce manuscrit auprès d'un éditeur" ça me parait normal, et heureusement. Il est évident que la littérature évolue au fil du temps, et il serait étonnant qu'un livre publié il y a si longtemps puisse trouver sa place chez un éditeur de nos jours, quels que soit l'intemporalité de ses thèmes et la qualité de la prose. Il y a quand même des décenies de création littéraire qui sont passés entre temps.

Bref, pour moi ce n'est pas très révélateur. Après, il est évident que se faire publier de nos jours est incroyablement difficile, et cela n'ira pas en s'arrangeant, mais c'est plus dû à une quantité irraisonnable de demandes (à ce rythme, il y aura bientôt plus d'auteurs que de lecteurs) qu'à quoi que ce soit d'autre.
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Psyché



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Messages: 327

MessagePosté le: Sam Juil 21, 2007 10:55 am    Sujet du message: Répondre en citant

Comme Martlet, je ne connais pas grand chose au monde de l'édition, mais je doute que ce genre de canulars soit très significatif *Wink* Pour ceux que ça intéresse, voici ce qu'avait dit Pierre Assouline à propos d'une affaire semblable, cette fois avec les Chants de Maldoror de Lautréamont.

Sur ces canulars, voici également un article d'Edouard Launet, paru dans Libération (2 mars 2005) :
Citation:
" Un facétieux journaliste belge a envoyé à dix grands éditeurs parisiens et bruxellois, sous un faux nom, le manuscrit des Chants de Maldoror. Pour voir quel accueil serait fait aujourd'hui à la prose poétique et violente de Lautréamont. Eh bien, tous (sauf deux qui n'ont pas répondu) ont refusé le texte ­ hormis Gallimard, qui a repéré le canular et répondu avec beaucoup d'humour. Cela vaudra à la maison de la rue Sébastien-Bottin de recevoir ce jour, lors de l'ouverture de la Foire du livre de Bruxelles, le prix Alice Cornet, nouvellement créé.
Alice Cornet, 13 ans, est la filleule de Nicolas Crousse, nouveau rédacteur en chef de l'hebdo satirique Pan. Et c'est le nom de cette jeune fille qui a remplacé celui de Lautréamont sur le manuscrit que Crousse a fait parvenir aux éditeurs en octobre. Autres modifications : le titre, changé en Comme un garçon, et le nom Maldoror, devenu Louis tout simplement. Tout ça pour quoi ? «Pour évaluer les critères sur lesquels un jeune auteur est jugé aujourd'hui, pour tester la fiabilité des filtres de l'édition», répond Crousse, 39 ans. C'était aussi pour ce journaliste coutumier du canular (on lui doit entre autres l'organisation de la première Semaine internationale de la mauvaise humeur) une nouvelle tentative pour réveiller Pan, ce Canard enchaîné belge un peu assoupi.

Ce qui était à craindre s'est produit : Albin Michel, Grasset, Le Seuil, Flammarion, Plon, ainsi que les Bruxellois Luc Pire et Luce Wilquin ont répondu avec les lettres d'usage («Il ne nous a pas paru que votre ouvrage fût susceptible, etc.») et invoqué les «impératifs spécifiques de nos collections» pour renvoyer la pauvre Alice Cornet à ses études de collégienne. Et Lautréamont avec elle. En revanche, Antoine Gallimard, qui édite le poète dans la Pléiade, a pris lui-même la plume pour trousser une jolie réponse : «Les Chants de Maldoror sont des textes magnifiques, et vous avez eu raison de ne pas les déformer. Personnellement, je vous remercie de ne pas avoir repris les textes de Germain Nouveau» (poète français, 1851-1920). Nicolas Crousse en conclut que la quasi-totalité des éditeurs sont fin prêts à «passer à côté d'un nouveau Lautréamont», s'il voulait bien s'en présenter.

Poison. L'évidente simplicité de cette démonstration, qui n'est pas la première du genre, est cependant un peu trompeuse. On sait que le sort d'un manuscrit tient souvent à son premier lecteur chez l'éditeur, lequel n'a pas forcément une connaissance exhaustive des classiques. Nul n'est parfait, surtout quand le «classique» en question est le texte halluciné, ravageur de Lautréamont, de son vrai nom Isidore Ducasse.

Le premier des six «chants» démarre sur ces prophétiques paroles : «Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison.» D'ailleurs, Lautréamont lui-même eut beaucoup de mal à se faire éditer. Le premier chant parut à compte d'auteur en 1868. Maldoror ne sortira vraiment de son obscurité posthume que lorsque Aragon et Breton en recopieront un rare exemplaire encore existant, déniché par Soupault, pour le faire paraître dans leur revue Littérature.

Si l'on veut vraiment trouver des excuses aux éditeurs, on relèvera qu'il n'est pas illogique de refuser un ouvrage vieux de près d'un siècle et demi lorsqu'on est à la recherche de plumes nouvelles. Encore faut-il s'en apercevoir ! De tels canulars sont la hantise des maisons d'édition, qui, de fait, se font régulièrement piéger. En 1992, le Figaro littéraire révélait qu'un texte de Marguerite Duras, l'Après-Midi de monsieur Andesmas, avait été refusé par ses propres éditeurs (Minuit, Gallimard et POL). Les jurys littéraires ne font pas mieux : celui d'un prix décerné par la radio publique canadienne CBC s'est fait berner par un concurrent qui avait soumis des textes de Kafka, Pirandello, Faulkner, London et Gorki. Tous jugés «non professionnels» par les jurés ! "

Virginia Woolf. Plus récemment, l'écrivain Dominique Noguez envoyait aux vingt plus grandes maisons françaises et francophones le manuscrit de Mrs Dalloway, l'un des plus beaux livres de Virginia Woolf. Toutes ­ y compris Stock, son éditeur depuis 1929 ­ ont refusé le texte, rebaptisé pour l'occasion Beauchemin et signé Virginie Lalou (!). Une des lettres de refus avançait : «mode narratif insuffisamment élaboré et maîtrisé». Dans Libération (du 1er avril 1995), Dominique Noguez commentait : «Je ne sais si c'était drôle, mais je sais que quelque chose de la réalité actuelle de l'édition est ainsi apparu.» Dix ans plus tard, cela n'a guère changé.

Souhaitons à Alice Cornet une plus longue et belle carrière que celle de Lautréamont, mort (probablement) à 24 ans, inconnu, miséreux et phtisique. Son premier chant se terminait sur cet avertissement : «Ne soyez pas sévère pour celui qui ne fait encore qu'essayer sa lyre : elle rend un son si étrange ! Cependant, si vous voulez être impartial, vous reconnaîtrez déjà une empreinte forte, au milieu des imperfections.»
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menolly
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MessagePosté le: Dim Juil 22, 2007 11:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Effectivement, ce genre de canulars revient régulièrement. Honnêtement, je ne vois pas trop ce qu'il y a à en tirer comme conclusion. C'est drôle, oui, donc rigolons, mais c'est tout *Wink*
De toute façon, ce n'est pas un scoop : les éditeurs ou les lecteurs d'un comité sont des êtres humains. Avec leurs goûts et leurs dégoûts, mais aussi leur culture (certains reconnaîtront un "classique", d'autres non) et pire que tout pour un auteur, leurs humeurs. ^^
Ca vous est arrivé, j'imagine, de lire un bouquin et de ne pas accrocher, et de réessayer plus tard (15 jours, 1 an) pour une raison quelconque, et d'adorer ? C'est pareil pour un manuscrit. On peut en avoir un qui nous tombe des mains un jour, alors que si on l'avait lu un autre jour, il nous aurait plu.

Je vais parler pour Griffe d'Encre et je vais rassurer Crazy (ou non, je ne sais pas *Razz*). Comme nous faisons des refus personnalisés et que même si nous sommes tout le temps débordés, nous ne recevons "que" 2 ou 3 romans par semaine, le manuscrit aura toujours une 2e chance. Pour les nouvelles et novellas, en plus, ils sont lus par plusieurs personnes, donc plus d'une chance aussi. Ca nous est arrivé, à CeN et moi, de reprendre un texte en voyant les avis des autres lecteurs et de nous dire que finalement il était très bien, qu'on devait être de mauvais poil quand on l'avait lu.

Dans une maison d'édition qui reçoit des milliers de romans par an, c'est évidemment autre chose. Le manuscrit a une seule chance et c'est tout. Mais comme il y a plein d'éditeurs, à raison d'une chance chacun, ça fait toujours plusieurs chances au total *Wink*

Bref, pour reparler des canulars, je ne vois vraiment pas ce qu'on peut conclure de ça. Ce n'est pas parce qu'un livre a été publié par un éditeur et même a eu du succès qu'il doit être jugé publiable par tout le monde, en prime. J'ai l'impression que ceux qui sont à l'origine de ce genre de blagues ont un peu tendance à vouloir nier le libre arbitre et la personnalité des éditeurs. Ils veulent prouver quoi au juste ? Que les éditeurs sont incultes ? Tous des pourris ? Qu'ils ne savent pas reconnaître le talent (ce qui rassure l'auteur maudit et lui permet de ne pas avoir à se remettre en question) ? Qu'ils ne lisent pas les manuscrits qu'ils reçoivent ? Qu'ils ne publient que leurs copains ?
Et pourquoi diable faudrait-il trouver des "excuses" (mot employé par l'article que cite Psyché) aux éditeurs, d'abord ? Hein ? *Twisted Evil*
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Belgarion
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MessagePosté le: Dim Juil 22, 2007 11:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bien dit Men *Wink*
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lambertine



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MessagePosté le: Lun Juil 23, 2007 7:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Moui. Bon. D'accord. Ce n'est pas parcequ'un livre a été publié et a eu du succès qu'il est publiable par tout le monde. Il me semble évident que chaque maison a sa ligne éditoriale, et qu'envoyer un précis de jardinage à Bragelonne ou un pamphlet anticlérical à Fleurus signifie perdre ses sous et faire perdre son temps au comité de lecture.

Maintenant, *mode dépeceuse* ca me semble quand même anormal qu'aucune maison d'édition n'ait jugé publiable (je ne dis pas "n'ait reconnu") un bouquin qui, non seulement est un classique (ça, à la limite, je m'en fous), mais draine des milliers et des milliers de lecteurs, donc d'acheteurs, et dont la qualité littéraire n'est pas mise en cause (je parle d'Orgueil et Préjugés, les Chants de Maldoror étant assez spécial, on peut comprendre qu'aucune maison n'ait voulu prendre le risque financier de le publier). On a donc un bon bouquin, qui de plus est susceptible de faire un succès, et se bouquin est refusé. Je suis désolée, mais ce que ça démontre à mes yeux, c'est que les personnes qui ont eu à décider ou non de sa publication étaient de piètres professionnels et n'avaient pas de flair. Qu'ils aient aimé ou non, peu importe, ce n'est pas le problème (et je le dis d'autant plus facilement que je n'aime pas Jane Austen). les membres d'un comité de lecture ne sont pas censés, à mes yeux, publier les livres qui leur plaisent, mais les livres littérairement convenables pouvant toucher leur public (pourquoi dis-je "convenables"et non ""bons" ? Par souci de réalisme. la qualité littéraire d'un bon nombre de bouquins étant plutôt médiocres). les comités de lecteurs des maisons d'édition de sont pas là pour peindre le paysage littéraire selon leurs goûts personnels.
Et dire que le "faux manuscrit"ait été refusé pour "style Jane Austen", qu'on me permette d'en douter : là encore, des tas de bouquins sont publiés alors qu'ils sont plus ou moins des copier-collés scénaristiques ou stylistiques d'oeuvres célèbres. Et franchement, reconnaître le style d'un auteur est plus difficile que reconnaître son scénario, non ?
Bon, j'admets que c'est un coup de gueule, mais lire régulièrement "si un livre n'est pas publié, c'est qu'il est nul", à force, ça gonfle, même si la majorité des textes non publiés sont, effectivement, nuls. *mode dépeceuse off*
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menolly
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MessagePosté le: Lun Juil 23, 2007 10:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Qu'ils aient aimé ou non, peu importe, ce n'est pas le problème (et je le dis d'autant plus facilement que je n'aime pas Jane Austen). les membres d'un comité de lecture ne sont pas censés, à mes yeux, publier les livres qui leur plaisent, mais les livres littérairement convenables pouvant toucher leur public (pourquoi dis-je "convenables"et non ""bons" ? Par souci de réalisme. la qualité littéraire d'un bon nombre de bouquins étant plutôt médiocres). les comités de lecteurs des maisons d'édition de sont pas là pour peindre le paysage littéraire selon leurs goûts personnels.

On remplace "comité de lecture" par "éditeur" (ce qui est peut-être le cas, après tout on ne sait pas jusqu'où était arrivé le manuscrit avant de se faire refuser ou ignorer), et on a pile l'inverse de ce que déplore un paquet de lecteurs : cad que d'après plein de monde, les éditeurs ne seraient que de sales commerciaux qui ne publient que ce qui plaira au plus grand nombre, sans passion.
Bref, toujours perdants, les éditeurs et leurs lecteurs. Dans un cas ce ne sont que des commerciaux et dans l'autre ils osent faire intervenir leurs goûts personnels et du coup sont de piètres professionnels.
Mais bon. C'est un point de vue qui a autant de valeur qu'un autre.
Admettons qu'un éditeur du 21e siècle doive absolument avoir le flair de publier un livre commençant par une réalité actuelle aussi inattaquable que "C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier" ^^
(non, parce que lire un livre en sachant qu'il s'agit d'un classique du 18e siècle et lire la même prose en partant du principe qu'elle date du 21e, écrite par un contemporain, ce n'est pas la même chose. Surtout que le contemporain en question, l'éditeur va devoir faire un bon bout de chemin avec s'il publie son livre. Et si l'éditeur est célibataire, riche, et qu'il ne veut pas se marier, hein ? )

Bon, ensuite admettons que l'éditeur se doit de commercialiser tout "bon" livre susceptible d'attirer les foules (juste pour le plaisir de la discussion, vous aurez compris que je ne suis pas du tout d'accord avec ce point de vue). Admettons. Il faut lire l'article un peu sérieusement. J'ai la curieuse impression que c'est l'auteur frustré en question qui l'a rédigé lui-même en grande partie. En tout cas on lui lance des fleurs. Il a eu "l'audace" (oui oui, l'audace !) d'envoyer le premier chapitre légèrement modifié en conservant sa première phrase archi-connue...
Tiens... légèrement modifié ? La première phrase est conservée ? Peut-être pas la 2e, alors ? Qu'est-ce qui est conservé, au juste ? Un éditeur a recommandé d'éviter le "pastiche". Pastiche n'est pas plagiat. Je serais curieuse de connaître l'étendue des modifications apportées. Pour amener le qualificatif de pastiche, ça ne doit pas seulement être un remplacement de prénoms de personnages.
Et le monsieur a envoyé le premier chapitre (modifié, donc) + 1 synopsis. Peut-être que le synopsis était pourri, tout simplement ? Faire un bon synopsis n'est pas chose facile.

Bref, on n'a que la parole de l'auteur, en gros. Du moins dans cet article. On ne sait pas ce qui a été changé, on ne connaît pas la qualité du synopsis envoyé, on ne sait pas à qui le tout a été envoyé, on ne sait pas si l'auteur a pris la peine de respecter les désidératas des éditeurs pour l'envoi (ce qui peut envoyer le manuscrit directement à la poubelle quand on en reçoit des dizaines par jour), ni à quoi ressemblait la lettre d'accompagnement (il y en a qui mettent "ma grand-mère a adoré", et en général ça énerve), on ne sait pas combien d'éditeurs (ou lecteurs) ont effectivement lu le manuscrit, combien ont répondu par un refus standard (qui ne veut donc pas dire grand-chose) tout en ayant vu le pb, combien ont répondu tout court, bref, j'exagère un peu ici à dessein, mais on ne sait finalement pas grand-chose et pourtant ça suffit à plein de monde pour se faire une opinion.

C'est dommage.
Doit-on dire que "C'est une vérité universellement reconnue qu'un éditeur pro actuel pourvu d'un bon flair doit avoir envie de publier du Jane Austen ?" Pas d'accord du tout.
Et pourtant j'aime Jane Austen, moi. Mais dans son contexte. *Wink*


Désolée pour le roman-fleuve. *Embarassed*
Et tout ceci n'est que mon avis, of course

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lambertine



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MessagePosté le: Lun Juil 23, 2007 11:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ca veut dire quoi, des "sales commerciaux" ? Faut rester honnête, quand même : aucun éditeur ne publiera ce qui lui plait à lui mais ne sera susceptible de plaire à "personne", non ? Et publier ce qui est susceptible de plaire à un nombre conséquent de personnes, est-ce pour autant être un "vendu" ? Il me semble qu'un éditeur est 1. un chef d'entreprise et 2. celui qui fait se rencontrer l'auteur et le public. Si l'auteur d'un bon (ce n'est pas parce que je n'aime pas Jane Austen que son texte n'est pas bon) texte a un public potentiel pourquoi serait-ce "être un vendu" que de le publier en en tenant compte ? Est-ce que ça ne fait pas partie du travail de l'éditeur (pour autant que ce texte doit compatible avec la ligne éditoriale, bien entendu).

Et puis : on ne réduit pas un livre à sa première phrase. Et, oserai-je dire : un livre classique est aimé pour lui-même, pas "parce qu'il est classique". Je n'aime pas Jane Austen, mais il m'arrive de croiser des miens contemporains qui aiment Mr. Darcy et son amoureuse transie. Pas parce qu'ils sont des personnages "classiques" (nous ne sommes pas en Grande-Bretagne) mais parce qu'ils leur parlent. Et ça fait peut-être partie du boulot d'un éditeur de se rendre compte de ces personnages qui ne lui plaisent peut-être pas peuvent "parler" au lecteur. Lecteurs qui pour la plupart aiment Jane Austen pour elle-même et pas "mise en contexte".
Au sujet de la première phrase, d'ailleurs : n'est elle pas plus ironique qu'autre chose ? Parce que même en 1800, tout célibataire fortuné était loin d'avoir envie de se marier...

Autre chose : il me semble que les éditeurs victimes de ce genre de farces sont plutôt les grosses boîtes généralistes que les petites maisons "pointues". Peut-on encore parler de "passion" dans leurs cas ? Bon, j'admets que l'on doit aimer la littérature si on postule chez Hachette, mais je serais étonnée qu'au niveau de l'entreprise, la passion soit la même que chez Skiophoros ou 5àme saison. Parce que je crois sincèrement que chez eux, ou même chez Bragelonne, un copier-collé, ou même un pastiche de (prenons un classique) La fille du Roi des Elfes Aurait d'abord fait rire, avant d'engendrer une réponse du genre "on ne nous la fait pas", sauvegardeée au cas où... (ce genre de blagues étant quand même des pièges destinés à vous faire passer pour des neuneus dans la presse, donc auprès du public)

Maintenant, il est évident que les éditeurs sont maîtres chez eux et publient ce qu'ils veulent...
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menolly
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MessagePosté le: Mar Juil 24, 2007 9:43 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis d'accord en gros.
Pour ce qui est de ton premier paragraphe, il y a des éditeurs qui publient parfois des choses qui leur plaisent à eux, sans savoir vraiment s'il y a un public pour ça. C'est une prise de risques, qui peut être contrebalancée par la sortie d'un bouquin au succès commercial assuré. En fait ça marche même souvent comme ça. Grosse artillerie d'un côté, qui permet d'un point de vue financier de risquer le flop complet de certains titres.
Et des éditeurs audacieux, ça existe. Je ne citerai à titre d'exemple que Nestiveqnen qui a publié la trilogie Féerie pour les Ténèbres de Jérôme Noirez. C'était un sacré pari, d'ailleurs commercialement ça n'a pas marché, il n'empêche qu'un petit nombre de lecteurs leur sera toujours reconnaissant d'avoir osé sortir ça. ^^

Bref. Mais pour en revenir aux éditeurs visés par le canular, l'auteur a en fait envoyé ces manuscrits à 18 des plus gros éditeurs et agents d'Angleterre (j'ai fouiné un peu pour en savoir plus). Ce sont les plus gros éditeurs et agents d'Angleterre. Ca doit vouloir dire qu'ils ne réussissent d'ordinaire pas trop mal à publier ce qui plaît au plus grand nombre. Et qu'ils ont du flair pour ce genre de choses en général, non ? Donc si aucun sur les 18 testés n'a voulu du manuscrit en question (et même des 3 manuscrits, il y a donc eu 18x3 essais), ça veut peut-être juste démontrer autre chose que leur incompétence commerciale.

Mais bon, de toute façon, face à un article si peu consistant, on peut épiloguer à loisir. Ce que je voulais surtout essayer de montrer par mon gros pâté plus haut, c'était qu'on n'avait là qu'un son de cloche, et encore, bien transformé par le résumé, la traduction, et j'en passe. Et qu'il était donc pour le moins hâtif d'en tirer des conclusions tranchées.
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CeNedra
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MessagePosté le: Mar Juil 24, 2007 12:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pas trop le courage de m'étaler sur la question mais, personnellement je trouve que leur canular ne démontre rien dans le sens où ils ont pris un livre qui est très vendu certes, mais qui a été écrit publié et dont la renommée à été faite bien avant notre époque.

Mince j'arrive pas à m'expliquer.
Ce que je veux dire c'est qu'avec un texte classique et peu récent les dés étaient pipés de toutes façons.
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Zelphalya
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MessagePosté le: Mar Juil 24, 2007 1:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il faudrait plutôt prendre des succès actuels et se renseigner sur le nombre d'éditeurs a qui a été envoyé l'ouvrage et combien ont refusé.
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lambertine



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MessagePosté le: Mar Juil 24, 2007 8:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je me permets de me faire à nouveau l'avocat du diable (en précisant que je ne mets pas en cause les éditeurs "artisanaux", même les maisons "moyennes" comme Bragelonne, et que quand je parle de public, je ne veux pas nécessairement dire grand public ou public immédiat). Jane Austen se vend, se vend bien, et cela indépendamment pour beaucoup de lecteurs du contexte historique dans lequel ses livres ont été écrits. Mais par contre je peux admettre que le plagiat a été traîté par le mépris parce qu'il a été reconnu comme tel. Je crois donc, parce qu'un tel canular n'a de sens que s'il est rendu public, que les éditeurs concernés auraient dû prendre leurs précautions et préciser pourquoi ils refusaient le texte, ne serait-ce que pour pouvoir prouver leur compétence une fois attaqués. Parce que ça me semble quand même gros qu'aucun des lecteurs pros n'ait reconnu des histoires aussi célèbres. Ca m'étonnerait fort qu'Alain Névent ou Hubert Nyssen se laissent abuser par pareille arnaque.

(... par contre, quand je vois la soupe régulièrement publiée par Hachette ou Flammarion, ça ne m'étonne pas outre mesure qu'ils puissent passer bêtement à côté d'un texte de qualité qui pourrait rencontrer son public. Ce qui est à mes yeux une faute professionnelle de la part de lecteurs dont c'est la profession de lire.)
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Zelphalya
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MessagePosté le: Mer Juil 25, 2007 2:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Même quand c'est notre boulot, on arrive pas forcément à le faire aussi bien qu'on le voudrait *Wink*.

*message d'une informaticienne qui se trouve bien incompétente malgré son diplôme*
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