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Jaws - Peter Benchley

 
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Auteur Message
Outremer



Inscrit le: 26 Avr 2007
Messages: 840
Localisation: France

MessagePosté le: Mar Juin 26, 2007 12:17 am    Sujet du message: Jaws - Peter Benchley Répondre en citant

Le roman Jaws peut être comparé aux "James Bond" de Ian Fleming : ce sont des oeuvres littéraires qui ont eu un succès non-négligeable lors de leur sortie mais dont la célébrité a été totalement éclipsé par celle de leurs adaptations cinématographique. Les Dents de la Mer fait partie des films les plus connus qui soient. Il a beau avoir plus de trente ans, il reste une référence et un classique. Mais, si la plupart des gens savent qu'il est tiré d'un roman, il y en a bien peu qui l'ont effectivement lu.

Mon opinion est que ce roman n'est pas dénué d'intérêt. Il perd malheureusement beaucoup de son... mordant du fait que l'histoire est très proche de celle du film. On sait déjà à peu près qui va se faire dévorer par le squale et dans quel ordre. Le manque de surprise a bien sûr un effet très négatif sur la tension (essentielle à l'efficacité d'une oeuvre de ce genre).

La comparaison entre le film et le livre est extrêmement intéressante. Elle illustre parfaitement le fait que les deux médias ont une logique et un rythme différent.
Un exemple : dans le film de Spielberg, le requin n'est dévoilé que très progressivement et sa présence est souvent montrée de façon indirecte. Lorsqu'il fait sa première victime, on voit seulement la jeune femme se débattre et hurler. Pour la deuxième, on voit tout juste une nageoire. On retrouve des indices : un cadavre en lambeau, du sang, un matelat déchiqueté, une dent... Ce n'est qu'avec la quatrième victime qu'on voit enfin la tête et la gueule du requin. Lors de la poursuite en mer, sa présence sera souvent indiquée par les barils jaunes. Et bien sûr, il y a la musique.
Mais ces artifices sont de nature visuelle (et auditives). On ne les retrouve guère dans le roman (même si le héros, Martin Brody, ne voit véritablement le requin qu'assez tardivement). Benchley entame d'ailleurs le roman en utilisant le point de vue du requin. La part de mystère est beaucoup plus réduite que dans l'oeuvre de Spielberg.

Autre différence : un livre peut davantage prendre son temps qu'un film. Le roman de Benchley comprend deux histoires secondaires qui ont été complètement sucrées du film : l'insatisfaction conjugale d'Ellen, la femme de Martin, et les magouilles du maire d'Amity. Elles occupent essentiellement le milieu du livre et permettent d'étirer et d'épaissir une histoire qui serait autrement assez abrupte. Ces éléments donnent un sens accru de réalité à l'histoire : le monde où elle se déroule peut être bouleversé par l'arrivée d'un requin tueur, mais il ne s'arrête pas de tourner. En revanche, ils auraient inutilement alourdi et ralenti le film.

Autre différence de rythme : dans le livre, Brody, Quint et Hooper s'aventurent bien en mer pour chasser le requin, mais ils rentrent au port tous les soirs. Cela n'a rien d'illogique et ça ne diminue pas la tension ou l'atmosphère, mais cela aurait été désastreux dans un film.

La mort du requin est très différente dans le roman. Elle est efficace (le bateau a coulé et Brody voit le requin, grièvement blessé, se diriger vers lui... et s'arrêter à seulement un ou deux mètres de lui, enfin mort) mais elle n'aurait pas du tout marché dans le film, qui avait besoin de quelque chose de plus visuel et spectaculaire.

La ville d'Amity dégage une impression très différente dans l'oeuvre de Benchley. Dans le film, c'est une petite commune balnéaire, paisible et heureuse, où il ne se passe rien de pire que des actes de vandalisme bénins dus à des enfants. Les estivants s'amusent sur les plages ensoleillées et dans la mer. Ce tableau agréable permet de faire ressortir par contraste la terreur qu'inspire le requin. Le livre dresse un tableau beaucoup plus sombre et réaliste : Amity est dans une situation financière précaire et ses habitants ont désespérément besoin de l'argent apporté par les estivants pour continuer à joindre les deux bouts. La venue du requin est une catastrophe pour eux et on comprend davantage leur désir de garder les plages ouvertes que dans le film, où ils apparaissent obtus et égoïstes.

Le couple Brody ne ressemble pas du tout à sa version cinématographique. Dans le film, Ellen et Martin sont l'image même du couple harmonieux. Dans le livre, leur relation est plus difficile. Ellen est issue d'un milieu aisé et elle supporte difficilement de vivre toute l'année à Amity (dont Martin est originaire). A 36 ans et trois enfants, elle est hantée par la nostalgie de l'époque où elle était encore une jeune célibataire et le sentiment que la meilleure partie de sa vie est irrévocablement derrière elle. Elle aime Martin mais est rongée par le désir d'apporter un peu d'excitation à sa vie quotidienne (ce qu'elle va faire en s'offrant une aventure avec Matt Hooper).

En-dehors du fait qu'il est expert en zoologie marine, riche et passionné par les requins, le Matt Hooper de Benchley ne ressemble en rien à celui du film. Je l'ai personnellement trouvé beaucoup moins intéressant et sympathique. Brody et lui ne s'entendent vraiment pas du tout (alors que j'aime beaucoup leur relation amicale dans le film). Hooper nous bassine à maintes reprises avec son amour des requins et on finit par espérer que le squale va ignorer le script et lui offrir de visiter l'intérieur de son estomac (et c'est d'ailleurs bien ce qui se passe ! c'est l'une des différences majeures entre le livre et le film).

Quint ressemble assez à son alter ego cinématographique, même s'il n'est pas aussi obsessivo-dérangé et qu'il n'a apparemment pas connu la même expérience traumatique au cours de la Deuxième Guerre Mondiale.

Le requin lui-même apparaît (comme dans le film) doté d'une ruse et d'une malignité dépassant largement les possibilités d'un poisson. Mais cela ne colle pas avec les quelques passages qui utilisent son point de vue vers le début du livre et ne le décrivent que comme un animal ordinaire, en dépit de ses caractéristiques physiques. Ces impressions contradictoires diminuent l'impact qu'aurait pu avoir le squale.


Le roman reste objectivement très inférieur au film. La tension n'y atteint pas les mêmes sommets et les personnages de Brody, Hooper et Quint, ainsi que les relations entre eux, ne sont pas aussi intéressants. De plus, à moins de n'avoir jamais vu le film, on a déjà une idée assez précise de l'histoire. L'oeuvre de Benchley n'est pas inintéressante pour autant et j'ai notamment apprécié la façon dont il dépeint la société où se déroule l'histoire.
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krys



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MessagePosté le: Mar Juin 26, 2007 5:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai lu le livre, il y a longtemps, mais je n'ai jamais vu le film. Je me souviens en effet, principalement des démêlés conjugaux d'Ellen et Martin, le requin étant resté pour moi un personnage secondaire.
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petit rat



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MessagePosté le: Mar Sep 11, 2007 5:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

j'ai lu ce livre, il y a très longtemps et je me souviens que je l'ai beaucoup apprécié!
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