L'évangile selon Pilate - Eric-Emmanuel Schmitt

[Catheline]

« L’Evangile selon Pilate » d’Eric-Emmanuel Schmitt : Les dernières réflexions de Jésus, attendant qu’on l’emmène pour le mener vers sa crucifixion, et les aveux et doutes de Ponce Pilate sous forme de lettres écrites à son frère : deux parties d’un même livre, œuvre à la fois loufoque et logique : si Schmitt puise dans sa verve et son humour pour mettre en scène ses personnages, on ne peut nier les faits sur lesquels il s’est d’abord appuyé pour les créer et imaginer leurs dialogues. Gérald Messadié a écrit le monumental « L’Homme qui devint Dieu, » et en lisant la première partie de « L’Evangile selon Pilate, » on a l’impression de lire de l’œuvre de Messadié, mais délavée, moins riche, trop légère sans doute. L’humour rachète bien des choses, et Schmitt sait manier sa plume dans ce sens. Ainsi Jésus ne s’est retrouvé « Fils de Dieu » que malgré lui. Longtemps il a nié l’être, longtemps il a répondu à ceux qui lui annonçaient qu’il était l’enfant du Seigneur : « C’est toi qui l’as dit. » Plusieurs paraboles puisées dans la Bible sont reprises et expliquées à la manière de Schmitt ou Messadié ; les deux auteurs se retrouvent souvent dans leurs interprétations du Livre. Les lettres de Ponce Pilate sont déjà plus originales et divertissantes : Ponce Pilate, rongé par le doute, écrit lettre sur lettre à son frère, essayant de comprendre ce qui s’est passé, pourquoi Jésus a été choisi par le peuple pour mourir alors qu’un brigand a eu la vie sauve ; pourquoi Jésus semblait vouloir cette mort. Plus tard, Jésus est ressuscité, autre mystère à élucider. Etait-il tout simplement encore vivant quand on l’a décroché de la croix ? A-t’il un sosie qui prétend être le Christ ? Ponce Pilate ne paraît plus qu’un homme faible, au seuil de la folie, bâtissant puis détruisant théorie sur théorie pour expliquer l’inexplicable. Amusant et très accessible, « L’Evangile Selon Pilate » n’est pas un chef d’œuvre, mais un joli défi plutôt bien relevé dans l’ensemble. (Broché aux éditions Albin Michel, 334 pages)

[Val]

J'ai tout de suite accrochée avec ce livre.Est-ce l'histoire en elle-même ou l'écriture de Schmitt ? Sans doute le mélange des deux. Et peut importe après tout.Le dernier jour du Christ vu par lui même et les doutes et les interrogations de Pilate... Tout ceci forme un bien joli livre.Val

[Hectorette]

Je suis en train de le lire et je n'accroche pas vraiment.
La première partie m'a donné l'impression de lire un condensé de la Bible.
La seconde aprtie, que je suis en train de lire me plaît plus.

[Hectorette]

Je confirme, j'ai aimé sans plus.
La deuxième partie m'a sans conteste beaucoup plus plu que la première mais c'est un livre trop "religieux" à mon goût.

[Ibis]

1ère partie: Jésus
Forcément, avec un thème pareil et en se mettant "à la place de Jésus" dans la 1ère partie, il fallait s'attendre à quelques aspects et point de vue sur la religion, ça me semblait évident, donc je n'ai pas été déçue par celà.

Au contraire, la manière de présenter les choses d'E.E. Schmitt, d'exprimer (à travers son personnage) sa vision de la religion 'des débuts' m'a beaucoup plu. De même, postuler que le Christ "subit" les évènements sans savoir très bien ce qui lui arrive donne un personnage aux dimensions humaines, et pas un "Super-Jesus" comme on aurait peut-être pu s'y attendre.

C'était la partie du livre qui m'a le plus 'interpellée' de part ces arguments là, mais aussi (partie personnelle) car je pensais beaucoup de choses à propos de la religion que E.E. Schmitt a retranscrit via son personnage en pensant (je le suppose) de même.


2ème partie: l'enquête et le scepticisme de Pilate.
Le personnage de Pilate, tailladé par le doute, qui émet des hypothèses multiples qui finissent toutes par tomber, ses lettres, les personnages qu'il rencontre, l'ensemble est bien ficelé. Les quelques notes d'humour font sourire au fil des pages que l'ont tourne avidement pour savoir quelle sera la prochaine hypothèse de Pilate.


En bref: j'ai VRAIMENT bien aimé

[Aurore]

J'ai beaucoup aimé ce livre. Plus la première partie que la seconde, qui traîne un peu selon moi, mais dans l'ensemble je l'ai lu très rapidement car j'ai accroché. Le sujet est assez intriguant pour me plaire, le style de cet auteur est toujours aussi efficace. Ce n'est pas mon roman préféré d'EE Schmitt mais c'est vraiment très sympa à lire !

[Guillaume de Baskerville]

EES a ici une vision du christ finalement assez proche de celle de Carrere dans Simon le mage;, à savoir un christ par moment semblant dépasser par les évenements comme le souligne Aurore.
D'ailleurs, chères soeurs, le christ essaye bien de repousser la terrible épreuve avant de dire "que ta volonté soit faite".
Et c'est là bien toute nla dualité du Christ, fils de Dieu fait homme, et donc potentiellement en proie au doute.
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L'un pour lire tourne le dos à la vie et l'autre, résolu à s'y épanouir, lui accorde un moment d'attention.

[pacged]

Ce que sait bien faire Eric-Emmanuel Schmitt, c'est rendre au christ une humanité réelle que la religion, au sens général, a subtilisé au profit malheureusement du « dieu tout puissant » qui semble mieux convenir à tant de gens sur cette pauvre planète.
Pourtant, le Christ (que j'aime et auquel je crois) a été en proie au doute comme le dit très bien Guillaume de Baskerville. Son projet tient en peu de mots : la royauté du pardon. C'est à dire l'annihilation à fortiori de la toute puissance... Une dualité en effet qui a dû se laisser crucifier pour être crédible.