[Cycle] Incarceron - Catherine Fisher

[Soleil*]

Chronique réalisée pour les Chroniques de l'Imaginaire



à partir de 12 ans

Incarceron est une prison expérimentale immensément vaste. Les prisonniers sont supposés y vivre de manière paradisiaque, guidés par les Sapients qui se sont laissés enfermer avec les condamnés, dirigés par la Prison elle-même qui a tout pouvoir sur ce qui se passe en ses murs. Mais depuis 150 ans que la Prison a été scellée, l’expérience a mal tournée : Incarceron est ingérable et sa cruauté en fait un enfer pour ses habitants. Dans ses diverses Unités, la vie est un combat de tous les instants.

Finn fait partie de la Racaille, une bande de pilleurs sans scrupule. Mais il est obsédé par une idée fixe : ne se rappelant pas son passé, obsédé par des bribes de rêves intangibles, il pense venir de l’Extérieur et veut s’évader. Mais l’Extérieur existe t’il vraiment ?

Oui, l’Extérieur existe, mais lui aussi ressemble étrangement à une prison : par décret royal, le peuple y est enfermé… dans le Temps. Tout doit être conforme à l’Epoque (le Moyen-âge), malgré les impressionnantes avancées technologiques effectuées depuis. Et si les servantes cachent parfois un lave-linge, dans l’ensemble le Protocole est bien respecté. Aucun progrès n’est toléré, la société est figée inexorablement. C’est là que vit Claudia : fiancée à un prince détestable et sans envergure, la jeune fille est prête à tout pour échapper à son destin. Y compris à percer les secrets d’Incarceron, quitte à déclencher les foudres de son père, qui en est le Directeur.

Ayant mis la main sur les deux seules Clés d’Incarceron, Finn et Claudia sont désormais en mesure de communiquer. Aidés de leurs compagnons respectifs, pourront-ils se sauver l’un l’autre ?

La narration alternativement centrée sur Finn et Claudia permet de découvrir tant l’Intérieur que l’Extérieur d’Incarceron. Du côté du jeune homme, on découvre un monde complexe et varié, soumis aux caprices d’une entité qui y est toute-puissante : les Yeux rouges d’Incarceron voient tout, et gare aux représailles quand on attire son attention ! Mais même sans cela, c’est un endroit dur, aux ressources rares, où la lutte pour la survie est acharnée. Au fil des aventures de Finn, Catherine Fisher nous réserve des découvertes intéressantes : forêt de métal, Bête nourrie de sacrifices humains, bateau volant… Pas le temps de s’embêter !

Du côté de la jeune fille, le contexte est plus frustrant : on aimerait en savoir plus sur cette société où se côtoient futurisme (les différents gadgets des Sapients, le décalage spatio-temporel du bureau du Directeur) et passéisme (les carrosses tirés par des chevaux, les tenues surannées). On devine dans le passé une guerre dévastatrice, une rébellion, mais guère plus.

Les idées sont très intéressantes mais donnent souvent l’impression de ne pas avoir été suffisamment explorées. De nombreux rebondissements s’avèrent sans surprise. Dommage également que les personnages tant principaux que secondaires dégagent aussi peu d’émotion, on les apprécierait plus fouillés.

La lecture est plaisante et fluide. Même s’il manque la petite étincelle qui en ferait une oeuvre vraiment passionnante, il n’y a pas vraiment de quoi rechigner. La situation à la fin du volume n’étant pas entièrement résolue, je lirai avec plaisir le tome suivant Le Cygne noir qui devrait paraître cet automne.
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.

[Shaz_]

Je l'ai vu à la librairie l'autre jour, il a attiré mon attention. Ton avis aidant, je l'ajoute à ma liste de futures lectures

[Soleil*]

J'ai le tome 2 dans ma PAL, je posterai mon avis dès que je l'aurai lu (mais ce ne seraz pas tout de suite, vu la hauteur de la PAL !).
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.

[Soleil*]

Chronique réalisée pour les Chroniques de l'Imaginaire :

T2 - Le cygne noir

Finn a pu s'évader d'Incarceron, il a découvert l'Extérieur. Ce qui l'enchante : les étoiles dans le ciel nocturne. Ce qui le désespère : Tout le reste ! La cour, le Protocole... Finn est l'héritier de la reine Sia, mais n'a aucune envie de régner sur ce monde qu'il ressent également comme une prison. Il regrette presque d'avoir quitté Incarceron ! Amnésique, sujet à des crises violentes, Finn manque d'assurance et doute d'autant plus de lui-même qui Sia multiplie les chausse-trappes : Elle a même sorti du chapeau un deuxième prince Gilles, bien plus crédible que l'ex-Racaille ! La seule chose qui empêche Finn de déguerpir à toute vitesse, c'est la pensée de son frère de sang, Keiro, toujours retenu dans la Prison.

Claudia n'apprécie guère l'attitude de son ami. Elle imaginait un preux chevalier combattant pour la justice et le bonheur du peuple, elle a trouvé un garçon ordinaire. Qu'à cela ne tienne : Elle continue quand même la lutte ! Elle est bien décidée à découvrir les secrets d'Incarceron et à rouvrir la Portail qui y mène, détruit par le Directeur lors de sa fuite. Elle est aidée comme toujours par son ami et mentor le Sapient Jared, mais ignore que celui-ci lui cèle des secrets toujours plus nombreux, tels que la localisation exacte d'Incarceron !

Côté prison, Keiro et Attia, les deux anciens compagnons de Finn, ont fait une croix sur leur espoir de le voir revenir à la rescousse. Ils sont amers de cette trahison supposée, mais bien résolus à s'enfuir par leurs propres moyens. Pour cela, ils ont mis la main sur un puissant artefact mentionné dans les légendes, le Gant de Sapphique. Mais leurs faits et gestes sont surveillés de très près par Incarceron : Comme eux, la Prison voudrait découvrir l'Extérieur ! Impossible ? Si, en s'incarnant dans un corps physique, au prix d'une phénoménale dépense d'énergie et de l'abandon à la mort des Prisonniers...

La situation a évolué, nos héros aussi. Cela permet de les découvrir sous un nouveau jour. Finn, tellement motivé dans le premier tome, est désormais las et désillusionné et se laisse quasiment porter par les événements. Claudia aussi semble se relâcher, ne sachant plus trop quelle direction prendre. Ce sont les personnages précédemment secondaires qui vont profiter de cet état de fait pour passer au premier plan, apportant un souffle nouveau à l'histoire. Ainsi, un chapitre sur deux, nous allons suivre les folles pérégrinations d'Attia et Keiro, toujours enfermés dans l'univers fascinant et complexe de la Prison : Attia, courageuse et débrouillarde, qui s'accroche à Keiro dans l'espoir du retour de Finn ; Keiro, égoïste, cynique, imprévisible, qui s'accroche à Attia parce que... parce que sous sa carapace impénétrable son coeur a commencé à se dégeler ?

Et puis, autre intervenant qui devient un personnage à part entière : Incarceron. Une Prison peut-elle rêver de liberté ? Peu à peu, on découvre comment on en est arrivés là, comment Incarceron en est venue à aspirer à voir les étoiles, et on se surprend à la comprendre...

Le contraste apparent entre l'Intérieur rude et implacable d'Incarceron et l'Extérieur plus paisible et verdoyant n'est finalement qu'une façade : A l'Intérieur, les Prisonniers affrontent la peste, la glace, les monstres... mais à l'Extérieur, le bas peuple vit lui aussi dans la pauvreté et le Protocole impose de nombreuses limitations. Finalement, qu'en est-il de la liberté ? Les habitants de l'Extérieur ne sont pas plus libres que ceux qui sont enfermés derrière les murs d'Incarceron... Et si Incarceron avait correctement joué son rôle de dieu bienveillant pour ses habitants, son Intérieur aurait même du être un paradis ! De quoi alimenter la réflexion...

Les questions en suspens dans le premier tome, tant sur Incarceron que sur l'Extérieur, trouvent toutes leur résolution. La fin, ouverte, s'apparente à un nouveau départ pour nos héros et permettrait certainement à Catherine Fisher d'envisager une suite, mais les deux tomes parus forment un tout cohérent et complet. Ce deuxième tome m'a semblé plus captivant que le premier, à la fois plus riche et plus surprenant, et je l'ai lu en un clin d'oeil.
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.