krys
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Posté le: Mer Sep 29, 2010 7:35 pm Sujet du message: Missa sine nomine – Ernst Wiechert |
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Ah là là, que dla ire de ce roman si riche en émotions ? Lu presque d’une traite tellement on est happé par le récit de ces trois frères qui vivaient paisiblement dans leur château et se retrouvent confrontés à un bouleversement profond ? Le régime nazi les a emportés et séparés. Le roman commence lors du retour d’Amédée, qui a passé quatre ans dans un camp après avoir été dénoncé par le garde forestier de son domaine.
Ce personnage brisé est donc de retour chez lui. Il a subi tant de souffrance qu’il est devenu presque haineux à l’encontre de l’humanité, et souhaite vivre seul. Malgré tout, il reste sensible à la nature tranquille qui l’entoure, source d’apaisement, puis il va changer ; pas rapidement ni d’un seul coup, mais face à la détresse d’une jeune femme qui a tenté de le tuer, son cœur se modifie. Ca me rappelle tout ce qu’a écrit Cyrulnik sur la résilience, sauf que là, l’aide ne vient pas vraiment de ceux qui l’aiment : ses frères, et les habitants du village qui le vénèrent. Non, il est confronté à la souffrance, et c’est ce qui va déclencher la guérison en lui. C’est lui le plus atteint des trois, mais ses frères n’ont pas été épargnés ; Erasme souffre d’une terrible culpabilité, et Aegide semble moins touché, mais c’est un homme de la terre ; est ce à dire que le travail manuel est idéal pour oublier la souffrance ? Montaigne disait bien qu’un travail mécanique aidait à ordonner ses pensées. Mais là, il s’agit davantage d’assister au renouveau de la terre, à la fois immuable et source de promesses. Et puis, ce travail de la terre est aussi la certitude d’avoir de quoi nourrir les gens qui l’entourent…
Ce qui m’a fascinée, c’est la relation qui unit les trois frères. Les histoires de famille me passionnent, que les relations soient douloureuses ou harmonieuses. Et s’il s’agit d’amour fraternel, je fonds complètement… Ils forment à eux trois « comme une entité » et restent unis malgré le mariage de deux d’entre eux. Dès l’enfance, ils sont comme différents, et gardent cette particularité.
Il y a pas mal de nostalgie dans ce roman. Je ne suis pas du tout nostalgique, je ne crois pas au mythe de l’âge d’or, et je suis passionnée par les nouvelles technologies. Mais quand même, est ce qu’on devient tous comme le scaphandrier, qui n’est intéressé que par l’or ? Et cette beauté « qu’on ne peut pas toucher » ? Il faut que je réfléchisse à ça…
Et surtout, le style est magnifique, les mots sont ciselés, étincelants. Ce livre est plein de lumière. _________________ Fantasy can become reality (Stratovarius). |
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