Posté le: Sam Mar 31, 2012 6:29 pm Sujet du message: Histoires de fantômes présentées par Roald Dahl
à partir de 10 ans.
Sans doute plus connu pour ses livres pour enfants, Roald Dahl nous présente ici un recueil d'histoires de fantômes tout-à-fait captivant. Dans sa préface, l'auteur nous explique la raison d'être de ce livre : à la fin des années 1958, il avait en tête la création d'une série télévisée entièrement consacrée aux histoires de fantômes basée sur les nombreuses nouvelles déjà écrites sur le sujet. Si la série de Roald Dahl, "L'Heure des fantômes", fut refusée par les chaînes américaines, sa quête harassante et assidue "d'étoiles[s] éblouissantes […] dont la fin [donne] la chair de poule" ne fut pas entièrement vaine. En témoigne ce recueil rassemblant dix histoires dont la force est, comme le pointe judicieusement Roald Dahl, que les fantômes ne sont qu'entrevus ou n'apparaissent d'une telle manière que leur essence fantomatique n'est connue du lecteur que par la suite.
Roald Dahl a effectué un superbe travail de sélection. Les intrigues sont variées, toutes les nouvelles connaissent des rebondissements inattendus ou nous entraînent dans une montée de tension inexorable. Le style d'écriture des nouvelles est tout bonnement exquis et délicieusement "vieillot". On est plus proche ici des récits de Poe, de Lovecraft voire de Maupassant que de Stephen King par exemple.
Mais venons en aux nouvelles en elles-mêmes :
Le Balayeur d'A. M. Burrage: Récemment engagée comme dame de compagnie, la jeune Tessa Winyard s'interroge sur le comportement étrange de son employeuse, la riche et âgée Miss Ludgate. Cette dernière, d'ordinaire pègre, accorde sans compter aux vagabonds se présentant à sa porte et manifeste à l'approche de l'automne une agitation et une angoisse grandissantes.
Cette histoire est émouvante : l'amitié entre les deux femmes, la jeune et l'âgée, permet au lecteur de les prendre en sympathie et de s'inquiéter de leur sort. J'ai de plus apprécié les descriptions de la demeure de Miss Ludgate, un vieux manoir délabré.
Harry de Rosemary Timperley: L'histoire la plus horrifique du recueil à mon sens. Je ne peux la résumer sans trop en dévoiler mais je vous en livre le commencement qui, je le pense, donne le ton du drame à venir :
Citation:
J'ai très peur des choses aussi ordinaires que la lumière du soleil, l'ombre sur l'herbe, les roses blanches, les enfants aux cheveux roux ou le prénom Harry. Un prénom vraiment très ordinaire. Dès la première fois que Christine prononça ce nom, j'eus la prémonition de ma peur à venir. Elle avait cinq ans et elle devait commencer à aller à l'école trois mois plus tard.
W.S. de L.P. Hartley: Une histoire aujourd'hui classique des séries horrifiques (non pas celle-ci en particulier mais des variantes en tout cas) : un romancier reçoit d'étranges cartes postales, chaque fois postées plus près de son domicile. Une nouvelle efficace mais dont la conclusion est prévisible.
La Boutique du Coin de Cynthia Asquith: Les exécuteurs testamentaires de Peter Wood découvrent une enveloppe cachetée contenant un étrange récit, un récit beau et émouvant où l'on voit qu'un beau geste peut avoir pour autrui beaucoup plus d'importance qu'on ne le croirait.
Rencontre de Noël : Deux êtres seuls le soir de Noël se rencontrent par chance. Cette nouvelle m'a longtemps fascinée étant enfant car il s'en dégage une aura douce et amère à la fois, presque poétique.
Dans le métro, d'E.F. Benson: deux amis se retrouvent et discutent d'une mésaventure vécue par l'un d'eux dont l'aboutissement aura lieu devant leur yeux. Encore une fois, difficile d'en dire plus. Il s'agit surtout d'une réflexion sur le Temps:
Citation:
En réalité, il n'y a pas de Temps; il n'a aucune existence véritable. Le Temps n'est rien de plus qu'un point infinitésimal dans l'éternité, tout comme l'espace n'est lui-même qu'un point minuscule dans l'infini.
Elias et le Draug de Jonas Lie: Roald Dahl nous met en garde dans sa préface. La qualité d'écriture de Jonas Lie, célèbre en Norvège, s'est fortement perdue à la traduction vers l'anglais. En français néanmoins, quelle qu'est pu être la valeur originelle de l'histoire, le tout reste agréable. Un marin et sa famille sont victimes d'êtres surnaturels dans ce conte pseudo folklorique.
Compagnes de jeu d'A.M. Burrage: Monica, orpheline solitaire, est recueillie par une des relations de son père, l'écrivain Stephen Everton. Le comportement de la fillette commence à changer à son emménagement dans une nouvelle demeure. Nouvelle la plus longue du recueil, il s'agit peut-être de la seule réellement accessible à un jeune public.
Sur la route de Brighton de Richard Middleton: Deux vagabonds partagent un bout de route ensemble. Histoire de fantômes classique, la conclusion est convenue mais le tout est bien écrit.
La couchette du haut de Francis Marion Crawford: Brisbane, un vieux marin, raconte une traversée de l'Atlantique particulièrement déplaisante. L'attrait de cette histoire tient fortement au personnage de Brisbane, charismatique et humoristique à souhait, homme d'ordinaire sans peur pris dans les mailles du surnaturel.
Petite précision : les éditions Hachette ont classé ce livre dans la rubrique Jeunesse Senior de la collection Livre de Poche (du moins dans mon édition). Ce livre peut à mon avis être lu par des adultes aussi bien que par des adolescents mais la mention "senior" prend en tout cas tout son sens : je le déconseille aux plus jeunes, d'une part en raison d'un style d'écriture clairement destiné à un lectorat mature, d'autre part en raison des thèmes évoqués, parfois réellement malsains (cf Harry) ou complexes (cf Dans le métro). Au final, je ne suis même pas sûre que je le classerais en jeunesse…d'où le fait qu'il soit ici. Très sincèrement, Harry m'avait traumatisée à 10-11 ans...Mais vous pouvez bien sûr déplacer l'ouvrage en "jeunesse" si vous le souhaitez. _________________ bȝstt: "Miaw!"
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Posté le: Sam Mar 31, 2012 9:32 pm Sujet du message:
Je me souviens d'avoir lu ce recueil vers l'âge de 11-12 ans. Les histoires m'avaient assez plu, mais je ne me souviens pas de les avoir trouvées franchement effrayantes. "Le balayeur", "Compagnes de jeu" et "Sur la route de Brighton", par exemple, sont des nouvelles bien écrites, mais qui ne m'ont pas inspiré de réaction viscérale. "W.S." est sympathique et intéressante, mais ça n'est pas franchement une histoire de fantôme. "La boutique du coin" essaie de surprendre le lecteur, mais ça ne marche pas (étant donné le thème du recueil). J'avais trouvé "Dans le métro" intéressante et "Rencontre de Noël" (peut-être la nouvelle du recueil que j'ai préféré) très poétique.
Je ne me souviens qu'assez vaguement de "La couchette du haut", plus beaucoup de "Harry" et plus du tout de "Elias et le Draug".
Posté le: Sam Mar 31, 2012 9:44 pm Sujet du message:
Je ne me rappelais plus non plus d'Elias et le Draug avant de la relire. C'est une sorte de conte folklorique assez classique en fait. J'ai lu beaucoup de contes bretons de ce genre. Cela reste distrayant cependant.
Pour le côté terrifiant, peut-être étais-je plus trouillarde que toi. Si un autre avis te rejoint sur ce point, alors il faudra sans doute le mettre en jeunesse. _________________ bȝstt: "Miaw!"
Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 840 Localisation: France
Posté le: Sam Mar 31, 2012 11:14 pm Sujet du message:
Bastet a écrit:
Si un autre avis te rejoint sur ce point, alors il faudra sans doute le mettre en jeunesse.
Pas nécessairement : un adulte peut apprécier une histoire de fantôme sans la trouver effrayante. Je pense que les nouvelles du recueil peuvent être appréciés à des âges divers, même si je ne les ferais probablement pas lire à un enfant de moins de 8 ans (sauf peut-être "Compagnes de jeu" et "La boutique du coin").
Inscrit le: 24 Mar 2008 Messages: 3288 Localisation: Dans la lune
Posté le: Dim Avr 01, 2012 5:37 pm Sujet du message:
Je l'ai lu enfant (une dizaine d'années, je pense), mais dans une autre édition, donc je crois que certaines histoires ont été rajoutées. Elias et le Draug ne me dit rien du tout. La Boutique du coin non plus.
Je me souviens avoir été effrayée et marquée par Harry ainsi que par Le Balayeur. J'ai globalement aimé et ai souvent relu ces histoires. _________________ Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!
Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Jeu Avr 05, 2012 12:05 pm Sujet du message:
carabas a écrit:
Je l'ai lu enfant (une dizaine d'années, je pense), mais dans une autre édition, donc je crois que certaines histoires ont été rajoutées. Elias et le Draug ne me dit rien du tout. La Boutique du coin non plus.
Les titres me rappellent quelque chose, si.
Faudra que je remette la main dessus (sauf que je n'ai aucune idée de là où il a pu atterrir ) _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
Posté le: Jeu Avr 05, 2012 2:20 pm Sujet du message:
Je l'ai lu il y a un an ou deux. Les nouvelles sont de vraies petites pépites du genre.
Outremer a écrit:
Les histoires m'avaient assez plu, mais je ne me souviens pas de les avoir trouvées franchement effrayantes.
J'ai eu les chocottes à certains moments. J'aurais lu ça enfant, je crois que j'aurais dormi avec la lumière après. Si j'avais dormi tout cours. _________________ Mille et un mondes
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Si un autre avis te rejoint sur ce point, alors il faudra sans doute le mettre en jeunesse.
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