Adrienne Mesurat - Julien Green

[yansored]

A 27 ans, avec ce roman devenu un classique, Julien Green installait aux côtés d'Eugénie Grandet et d'Emma Bovary une autre inoubliable figure de femme au destin silencieusement écrasé dans l'étouffante médiocrité de la province. Jeune et belle, Adrienne Mesurat s'étiole entre un père tyrannique et borné et une soeur plus âgée, aigrie et malade. Il suffit d'un homme croisé, d'un regard un instant saisi, pour rendre à jamais insupportable cette existence sans espoir... Du chemin qui l'emmène alors vers la tragédie la plus sombre, seul le romancier de Léviathan et de Si j'étais vous... connaît tous les détours. Il nous y conduit insensiblement, dans un récit envoûtant et comme immobile, où dès la première page, pourtant, nous pressentons et attendons l'inéluctable. Mon avis : un auteur hélas passé de mode, qu'il faudrait (re)découvrir. Dès qu'on commence à lire ce huis-clos étouffant, on ne peut plus le lacher ! La fin est terrible, dans tous les sens du terme. Il existe une edition poche, epuisée, qu'on peut neamoins trouver ici :http://www.livrenpoche.com/auteur-10473.html

[shopgirl]

Coucou Yansor ! Je viens de découvrir ce post en en cherchant un autre ... comme quoi je suis souvent à l'ouest J'ADORE Julien Green (bien que je rame sur "Léviathan" depuis des lustres...) ; découvert il y a 10 ans je n'ai rien pu lire de lui depuis son décés en août 1998 (à part une vague "Etude anglaise"). J'étais à l'époque plongée dans le second tome de son autobiographie ( pas son journal) et sa mort m'a achevée Il avait atteint un tel âge que je le croyais immortel...J'avais prévu de lire "Moïra" sous peu mais tu m'as convaincue de lire d'abord "AM" (même si la réf à Emma Bovary me refroidit nettement ! )
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[yansored]

oui, je pense vraiment que tu aimeras ce livre, il est tres lent au demarrage, mais la construction est magnifique et la fin est tres forte.

[Anonyme]

Adrienne est une jolie jeune fille de dix huit ans, qui vit une existence morne et solitaire entre un père autoritaire, M Mesurat, et une soeur malade de trente cinq ans, célibataire et aigrie. Ce trio s'est établi dans une petite ville de province étriquée et médisante, La Tour-l'Évêque.
Pour faire passer les heures Adrienne a le choix entre contempler la galerie de portraits de ses ancêtres, ce qu'elle appelle Le Cimetière, essuyer les meubles après le passage de Désirée, la domestique, ou changer l'eau des vases. Inutile de dire qu'elle meurt d'ennui.
Son père, M Mesurat, est quant à lui un homme relativement heureux, puisque professeur d'écriture à Paris, il décide de s'installer en province, à la campagne, pour sa retraite. Il a soixante ans.
Germaine, la grande soeur, est aussi éloignée que faire se peut de l'image d'épinal qu'on se fait des amitiés sororales dans une famille unie. Elle aime espionner sa jeune soeur et rapporter à son père ses moindres faits et gestes, ce qui ne manque pas de susciter des querelles.
Et justement, Adrienne s'ennuie tellement, se sent tellement étrangère à sa famille et à cette petite ville de province, qu'elle tombe amoureuse d'un homme à peine entrevu lors d'une promenade, un homme dont elle ne connait pas vraiment le visage. Il n'en faudra pas plus pour enflammer l'âme de cette jeune solitaire et la conduire aux pires extrémités.

Mon avis:
Je connaissais Julien Green, mais je n'avais rien lu de lui, et j'ai commencé ce roman un peu par hasard, un peu sur la foi du résumé de la Dame à cheval. Je crois que ce sont les mots Emma Bovary et Eugénie Grandet qui m'ont décidée. Et ce fut une rencontre inoubliable.
J'ai presque de la peine à faire l'apologie de ce roman car qui pourrait imaginer que Julien Green donne dans la médiocrité !
Ce roman est purement et simplement un chef-d'oeuvre qui n'a rien à envier à celui de Flaubert ou de Balzac. Je dirai même que j'ai largement préféré Adrienne Mesurat à Madame Bovary ! Et je ne comprends pas que le roman de Green soit finalement aussi confidentiel dans les sphères de l'éducation nationale parce que personne ne m'en a parlé quand j'étais au lycée et je n'ai jamais vu ce roman sur aucune liste de romans proposés par des enseignants...Et c'est un tort !
Dés que j'ai commencé la lecture d'Adrienne Mesurat, je n'ai pu l'arrêter tant l'atmosphère, les personnages, les lieux sont prenants. On se laisse enfermer aux côtés d'Adrienne dans cette petite ville de province étouffante, on souffre avec elle de la bêtise de ses proches, on la plaint un peu tout en reconnaissant qu'elle est, comme beaucoup d'héroïnes de grands écrivains, très excessive, complètement prisonnière d'elle-même, de ses passions, de ses obsessions, plutôt.
Adrienne est un personnage fascinant, inquiétant, à la fois victime innocente et bourreau monstrueux.
Et en parlant de monstres, si je devais établir un parallèle avec un autre écrivain, c'est sans hésitation à François Mauriac que je penserais, tant cette Adrienne n'aurait pas déparé la galerie de monstres de Mauriac . C'est dire si j'ai aimé.

Je terminerai en vous conseillant à la fois de le lire, mais aussi de ne pas faire l'impasse sur la préface qui est écrite par l'auteur lui-même et qui donne pas mal de clefs pour comprendre ce chef-d'oeuvre.

[krys]

ah ça semble intéressant... mais je n'ai jamais pu lire Julien Green, je n'accroche pas du tout à son style.
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Fantasy can become reality (Stratovarius).

[Anonyme]

C'est vrai que c'est un style très début 20ème, mais rien que pour connaître le destin d'Adrienne.....

[carabas]

Ah ben je vais essayer.

J'en avais lu un de Green, mais je n'avais pas été éblouie. Me souviens même plus du titre...
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Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!

Baudelaire, Les Fleurs du Mal, "La Voix".

[carole]

J'ai lu ce récit il y a longtemps et très apprécié, je vais peut-être le relire d'ailleurs !

[Lisbeï]

Ah ça fait envie, en effet...
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Même le soleil se couche.

[Soleil*]

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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.