Inscrit le: 08 Déc 2005 Messages: 460 Localisation: France
Posté le: Lun Mar 20, 2006 5:41 pm Sujet du message: Les Hauts de Hurlevent - Emily Brontë
"Les Hauts de Hurle-Vent" d'Emily Brontë. C'est une histoire dense et éprouvante pour celui qui la lit. La lande est un lieu magique et mystérieux. Vengeance, folie, amour, passion animent les personnages de ce roman sombre et gothique. Je le conseille vivement, c'est un pur régal et un récit inoubliable. Bonne lecture.Résumé :Une famille vivait heureuse avant l' arrivée d' un jeune bohémien (Heathcliff) qui va attirer le malheur sur toute cette famille.Le maître Mr Earnshaw qui a ramené l' enfant va idolâtrer ce nouveau venu contrairement aux autres membres de la familles qui le méprise.
Heathcliff va maudire cette famille et prépare une vengeance diabolique.La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu' au jour où.... Là où la terre est sauvage et le vent glacial, là où les pentes sont hostiles, les esprits peuvent devenir rudes, tenaces. Ils peuvent aussi être incroyablement imaginatifs et poétiques.
Enfant du Yorkshire, Emily Brontë se fait à la fois peintre réaliste, romancière gothique et poète du surnaturel dans cet ouvrage qui retrace, sur deux générations, les conséquences désastreuses d'un amour contrarié, celui d'Heathcliff et de Catherine. Elle y décrit à merveille la lande monochrome que seule la bruyère égaie ici et là, les marais dont l'humidité ronge les os et alourdit le coeur, les vents monotones et agressifs dont le sifflement effraie l'imagination. Elle dépeint avec véracité les tourments violents de la passion, de la vengeance et de la peur. Mais surtout, Emily Brontë démontre ses talents de composition, orchestrant sans dissonances les retours dans le temps, les intrusions de l'étrange et les changements de point de vue. Elle dévoile enfin la disposition romantique d'une jeune femme qui semble croire que le repos de l'âme ne se gagne qu'au terme d'une douloureuse errance.Ce célèbre roman (1847), qui est devenu un classique de la littérature anglaise, demeure, grâce à son climat inégalé d'angoisse et de hantise exacerbées par le caractère des personnages, un lien de transition entre les effrois souvent trop mis en scène du roman gothique et la crainte sourde et aveugle, comme l'amour et la mort, qui émane du vrai fantastique. Voir ce qu'en dit Lovecraft dans Epouvante et surnaturel en littérature (p. 61-62). -- Services Documentaires Multimédia Source : amazon.fr _________________ Au fil de mes lectures
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Posté le: Lun Mar 20, 2006 5:45 pm Sujet du message:
Je me rappelle avoir mis une éternité à le lire et ne pas en avoir gardé un bon souvenir
Autant j'ai adoré "Jane Eyre", autant celui-là...
PS : je préfère la formulation classique des sondages, là j'ai dû voter "mauvais" alors que je ne pense pas que le livre le soit vraiment, mais simplement parce qu'il ne m'a pas plu _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
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Posté le: Mar Mar 21, 2006 11:36 am Sujet du message:
J'ai relu récemment les romans des soeurs Brontë, et j'ai été frappée de constater combien Les Hauts de Hurlevent est violent et sombre, si on le compare avec les autres, même Jane Eyre, par ex. C'est sûr qu'à mon avis c'est l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale (j'aurais voté "A la folie", ce qui est exceptionnel pour moi !). Cela dit, je comprends aussi qu'on n'aime pas, car c'est un roman qui est en fait très original, très personnel, et qui ne ressemble à nul autre, même si le thème est relativement classique. _________________ Même le soleil se couche.
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Posté le: Mar Mar 21, 2006 5:04 pm Sujet du message:
Dame Yseult a écrit:
Ah bon, il y a une formulation classique ? je savais pas! c'est laquelle ?
Ben celle des autres posts du Coin, comme sur ce post, par exemple _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
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Posté le: Mar Mar 21, 2006 8:54 pm Sujet du message:
Ok, merci Crazy, je prends note pour la prochaine fois CeNedra, tu as bien fais. j'en ai profité pour voté à la folie car c'est bien le terme. _________________ Au fil de mes lectures
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Posté le: Mar Mar 21, 2006 9:37 pm Sujet du message:
Je suis tout à fait de ton avis Dame Yseult "un pur régal et un récit inoubliable". Je l'ai lu plusieurs fois et à chaque fois je trouve ce livre génial, prenant, excellent. _________________ Fantasy can become reality (Stratovarius).
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Posté le: Jeu Mar 23, 2006 12:59 am Sujet du message:
Pour moi ce roman avec "autant en emporte le vent" et belle du seigneur" sont mes romans cultes .J’ai du les lire je ne sais combien de fois et régulièrement.
Pour Hurle-Vent l’histoire est étourdissante, beaucoup parle d’une merveilleuse histoire d’amour, mais ce n’est pas du tout ce que j’en retire.
J’ai plus été touché par le coté noir, étouffant genre huit clos sur cette lande balayée par les vents où on se perd la nuit venue en croisant des fantômes.
Le plus beau personnage reste Heathcliff dans son coté pervers, diabolique mais tout de même touchant dans son amour pour Cathy. Cet acharnement à ruiner la famille Lindon et Earnshaw les uns après les autres dans des plans les plus cyniques, son mariage avec Isabelle et les tortures qu’il lui inflige, cette cruauté envers son propre fils, enfin c’est un personnage que j’adore.
Cathy, très forte, capricieuse et cruelle aussi.
Par contre j’ai eu beaucoup de mal a ressentir la passion entre ces deux qui portant reste l’âme du livre, tant leur relation est basée sur la souffrance. Peut être j’aurai aimé qu’elle mette plus l’accent sur les errances d’Heathcliff tourmenté par le fantôme de Cathy, qu’il appelle nuit après nuit, idem pour Cathy mais l’effleurement marche quand même.
La scène du cimetière ou Heathcliff demande aux fossoyeurs d’enlever le coté du cercueil de Cathy afin qu’ils puissent se retrouver quand il sera enterré à ses coté est glauque mais géniale !
Posté le: Jeu Avr 13, 2006 1:44 pm Sujet du message:
Rhaa, ça me donne envie de le relire ce livre !! Je m'y suis plongée il y a des années et je m'en souviens à peine, mais il m'avait beaucoup plu. Même si j'avoue avoir eu du mal à y entrer : j'ai du lire les premiers chapitre 3 ou 4 fois avant de réussi à les dépasser. Par contre, c'est vrai qu'il est bien plus dur et sombre que Jane Eyre.
Inscrit le: 19 Mar 2007 Messages: 173 Localisation: Suresnes
Posté le: Lun Mar 19, 2007 9:12 pm Sujet du message:
Citation:
Stelmari : J'ai relu récemment les romans des soeurs Brontë, et j'ai été frappée de constater combien Les Hauts de Hurlevent est violent et sombre, si on le compare avec les autres, même Jane Eyre, par ex.
C'est clair qu'il est très très sombre. Et c'est ça que j'ai aimé dedans. Comment une jeune femme comme Emily Brontë, apparemment si douce et si détachée du monde, a bien pu écrire et inventer si personnages si durs et sombres. C'est un peu expliqué dans la préface du livre (qui m'a énormément apprit sur les soeurs Brontë...) mais je trouve toujours ça très fascinant. J'adore le personnage de Heathcliff, qui est mon préféré... ses deux facettes victime/bourreau sont fascinantes...et la violence de son caractère, de ses propos... rien que pour lui, le livre vaut la peine d'être lu. La seconde partie avec la fille de Cathie etc... je l'ai trouvé moins interessante, mais le talent de cette auteur est indéniable et la puissance de ce livre... ouah^^
Par contre, comparer Emily à Charlotte Brontë... excepté le thème de l'amour qu'elles traitent toutes les deux, leurs livres n'ont aucun rapport je trouve. Elles sont deux romancières bien à part. Pour ma part Je préfère Jane Eyre, mais les Hauts de Hurlevent est aussi génial.
Inscrit le: 13 Jan 2010 Messages: 22 Localisation: Nord, Valenciennes
Posté le: Mer Jan 20, 2010 9:29 pm Sujet du message:
Voilà je l'ai fini, que dire de plus après vos avis sinon que j'ai beaucoup aimé ce livre!
Au départ, j'avais un préjugé, je ne sais pas pourquoi, je pensais ne pas aimer surtout que je n'arrivais pas du tout à entrer dans les premiers chapitres mais une fois ceux-ci dépassés, j'ai beaucoup apprécié ce livre.
J'ai complétement été happé par l'histoire, par le côté passionné de Heathcliff qui est bien déterminé à se venger, il est complétement fou et détestable mais en même temps comment ne pas être émue par la passion qu'il voue à Catherine?
J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur et sa façon de décrire les personnages même si j'ai été un peu frustrée de la narration à la première personne qui nous prive de connaître les pensées des personnages.
En résumé, une trés bonne expérience de lecture qui me motive à lire d'autres classiques.
Posté le: Dim Jan 31, 2010 9:35 pm Sujet du message:
C'est un livre que j'ai lu plus par curiosité que par réelle envie, n'étant pas très fan de classiques. Et comme pour "Jane Eyre" avant lui, ça a été une agréable surprise. C'est une histoire sombre, violente. Les personnages et leurs histoires m'ont envoûtée, j'ai plongé dedans à pieds joints et j'ai eu du mal à en sortir une fois le livre refermé. _________________ Mille et un mondes
Inscrit le: 24 Mar 2008 Messages: 3286 Localisation: Dans la lune
Posté le: Sam Sep 14, 2013 11:35 am Sujet du message: Les Hauts de Hurlevent - Emily Brontë
Les Hauts de Hurlevent sont une propriété perdue dans les landes, régulièrement battue par le vent, la pluie, les tempêtes. Un père, Earnshaw, y vit avec ses deux enfants, Hindley et Catherine, ainsi que 2 domestiques. La vie s'écoule paisiblement jusqu'au jour où Earnshaw ramène un jeune bohémien dont on ne sait rien, Heathcliff. Hindley le rejette, Catherine est fascinée. Tous grandissent tourmentés par la violence de leurs passions...
Un superbe classique anglais, violent, infiniment plus sombre que Jane Eyre, le roman de Charlotte. Ici, l'amour n'est pas porteur d'espoir. D'ailleurs, les Hauts de Hurlevent ont été accueillis froidement par le public, qui avait raffolé de Jane Eyre. Aucun personnage n'est "bon". C'est un roman dur, cruel, âpre comme le paysage et le climat décrits. Un roman superbe qui mérite d'être lu et relu. Je suis étonnée de ne pas avoir trouvé de sujet (Lisbei, j'aurais cru que tu aurais ouvert un sujet?). _________________ Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!
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Posté le: Sam Sep 14, 2013 7:39 pm Sujet du message:
Je ne l'ai pas fait parce que 1/ je suis flemmarde et 2/ quand je me suis avisée de vouloir en parler... j'ai trouvé ce sujet qui existait déjà, et où j'ai d'ailleurs posté un commentaire qui rejoint assez le tien ;-). _________________ Même le soleil se couche.
Inscrit le: 24 Mar 2008 Messages: 3286 Localisation: Dans la lune
Posté le: Sam Sep 14, 2013 7:59 pm Sujet du message:
Ah, un gentil modo a réparé ma bourde. Je ne sais pas comment j'ai fait, je n'avais pas trouvé de sujet. _________________ Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!
Je l'avais commencé en vo il y a quelques années, mais je crois que je me suis arrêtée au milieu. J'avais été un peu déçue par cet univers très sombre. Je m'attendais à autre chose venant d'une des sœurs Brontë. Et j'ai souvenir d'un anglais assez difficile à suivre...
Mais je devrais peut-être retenter l'expérience. Le livre doit encore être quelque part dans ma bibliothèque... je pense... _________________ Mon blog sur le livre jeunesse : http://lepetitmondedulivrejeunesse.over-blog.fr/
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6317 Localisation: Sud
Posté le: Mar Sep 24, 2013 7:20 pm Sujet du message:
J'ai eu la chance de le lire en premier. Du coup, j'ai fait une expérience presque opposée à la tienne : les romans des autres soeurs m'ont paru quasiment bisounours, après celui-ci ! _________________ Même le soleil se couche.
Inscrit le: 07 Juin 2012 Messages: 208 Localisation: 92
Posté le: Mar Sep 24, 2013 9:02 pm Sujet du message:
Lisbeï a écrit:
les romans des autres soeurs m'ont paru quasiment bisounours, après celui-ci !
j'aime beaucoup cette idée des soeurs Brontë écrivant des histoires toutes roses et toutes mignonnes ! _________________ Mon blog sur le livre jeunesse : http://lepetitmondedulivrejeunesse.over-blog.fr/
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Posté le: Dim Avr 09, 2017 6:47 pm Sujet du message:
J'ai entamé Wuthering Heights (je l'ai lu en anglais) sans bien connaître le sujet du livre. Influencé sans doute par les clichés et les images de films adaptés d'autres romans des soeurs Brontë, je m'attendais à un roman romantique, centré sur une histoire d'amours contrariées, en un peu plus pêchu pour cause de vents hurlants et de Heathcliff qui, apparemment, était un personnage au caractère difficile. J'étais loin de m'imaginer la dureté de ce roman et le caractère implacable de Heathcliff.
Tout commence lorsque le narrateur, Mr Lockwood, arrive, au hasard d'une location de ferme, dans la maison du propriétaire de la ferme, Heathcliff. Il y est accueilli à rebours de tous les usages de courtoisie de l'époque victorienne, et même contre la politesse et l'hospitalité les plus basiques. Indigné et apeuré, mais aussi fasciné par le foyer lugubre qu'il a découvert, il rassemble par degrés l'histoire de cette famille hors du monde. La première partie du roman s'intéresse au couple, ou plutôt à la paire, formée par Catherine et Heathcliff, tandis que la seconde moitié s'intéresse au devenir de la fille de Catherine et des autres enfants de la famille de Catherine, contre lesquels Heathcliff exerce une vengeance longue et cruelle.
Si on cherche une histoire d'amour dans ce roman, on en trouvera une, mais certainement pas comme on s'y attend. Wuthering Heights est avant tout une étude psychologique et sociale qui parle de discrimination sociale, de violence domestique, d'orgueil et de vengeance, bien avant de parler d'amour. On pourrait le présenter ainsi : "Un malheureux enfant de bohémien est recueilli et bien traité par un riche propriétaire terrien de la campagne anglaise, mais tout le reste de la maisonnée le hait, y compris les enfants de son âge, sauf la petite Catherine qui s'entiche de lui mais sans vouloir le lui avouer à cause de son caractère aussi orgueilleux que celui du garçon. Maltraité par tout le monde après la mort de son protecteur, le petit garçon met en oeuvre une lente vengeance qu'il conduira jusqu'au bout des dizaines d'années plus tard."
Par endroits, le roman lorgne aussi vers le fantastique, avec ses personnages angoissés et ses apparitions ou hallucinations ambiguës. Il se rattache ainsi par plusieurs aspects au roman gothique anglais du XIXe siècle, mais en les mélangeant à d'autres plus inattendus de façon à s'écarter substantiellement des codes habituels du genre. Bref, il est assez difficile à classer.
Une autre originalité du roman est que l'un de ses narrateurs et personnages principaux est une domestique, Nelly Dean. Ses récits faits à Mr Lockwood sont importants, car ils permettent d'adopter un certain recul (et un jugement moral) sur ce qui se passe chez les maîtres, de la part d'une personnage qui se trouve tout de même contrainte et forcée de composer avec leur orgueil et leurs caprices, qui se trouve parfois prise au piège de leurs ruses ou même complice plus ou moins volontaire de leurs secrets. Un autre domestique, pendant redoutable de Heathcliff, est le serviteur Joseph, avec sa piété hautaine qui confond la foi et les chapelets de malédictions, et son langage dialectal incompréhensible.
Pour finir, ajoutez à cela une énergie, une puissance étonnante qui court tout au long du roman et qui anime les personnages, en particulier Catherine et Heathcliff. On assiste à leurs excès et à leurs affrontements comme en apnée, dans un huis clos étouffant qui donne une image réellement infernale des campagnes anglaises reculées. Les cottages vous feront beaucoup moins rêver quand vous redouterez d'y tomber sur un Heathcliff, une Catherine ou un Joseph !
On peut même vraiment parler de violence domestique, psychologique et physique, tant Brontë pourrait par endroits rivaliser avec un Zola dans la description de la psychologie d'une famille riche en personnalités insupportables, tourmentées et perverses. Je suis content d'avoir lu ce livre, mais, vers la fin, j'avais hâte de le finir, pour passer à quelque chose de moins éprouvant.
Wuthering Heights, dans l'édition Oxford Classics où je l'ai lu, est précédé par une excellente introduction qui montre toute la complexité du roman en le replaçant dans son contexte et en retraçant les principales interprétations proposées, parfois réductrices, avant d'en proposer une autre plus nuancée.
C'est un grand roman, qui n'a pas volé son statut de classique.
Posté le: Dim Aoû 26, 2018 11:07 pm Sujet du message:
coucou
Je copie ici mon commentaire des lectures du mois
.....
J’ai lu Les Hauts de Hurlevent, j’ai bien aimé
(Pour être précis je ne l'ai pas lu mais écouté parallèlement en anglais et en français)
C’est très “visuel” comme récit, notamment les interactions entre les personnages.
J’adore les scènes de tension entre les personnages, elles m’ont fait penser à la tension que l’on rencontre souvent chez Dostoïevski : une violence verbale et/ou physique faisant partie intégrante de la relation interpersonnelle, ce n’est pas une cruauté gratuite mais la façon même dont certains sentiments trouvent le moyen de s’exprimer. Cette violence ne rompt que rarement le dialogue ou la relation à long terme entre les personnages, c’est ça qui m’interpelle car c’est très différent de mon quotidien.
Ce doit être très intéressant de tenter de transposer ces scènes là au théâtre ou au cinéma.
......
En fait les intrications à long-terme entre les différents personnages, avec tensions et retournements de situations m'a fait penser aux feuilletons télé (Dynasty, Dallas...), qui serait certainement le moyen de rendre le plus fidèlement possible l'ambiance du livre (la durée d'un film étant fatalement trop courte, à moins de sabrer pas mal de choses je suppose).
Récemment j'ai vu le film Géant à la télévision (je viens de voir que c'est une adaptation d'un roman de Edna Feder), il y a un peu de ça.
.......
Du coup j'en profite pour revenir sur certains commentaires ci-dessus
Aurore a écrit:
Même si j'avoue avoir eu du mal à y entrer : j'ai du lire les premiers chapitre 3 ou 4 fois avant de réussi à les dépasser.
Moi au contraire j'ai adoré les premiers chapitres.
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre et j'ai franchement ri en écoutant le récit des premières visites de Monsieur Lockwood aux Hauts de Hurlevent
ambiance :
"Il dirigea sur elle, en parlant, un singulier regard : un regard chargé de haine… à moins que, par l’effet d’une disposition anormale, ses muscles faciaux n’interprètent pas, comme ceux des autres humains, le langage de son âme.
— Ah ! certainement… je comprends maintenant : vous êtes l’heureux possesseur de cette fée bienfaisante, remarquai-je en me tournant vers mon voisin.
Ce fut encore pis. Le jeune homme devint écarlate et ferma le poing, en donnant tous les signes de préméditation d’un assaut. Mais il parut se ressaisir presque aussitôt et étouffa l’orage sous un brutal juron, grommelé à mon adresse et que, bien entendu, j’eus soin d’ignorer.
— Pas de chances dans vos conjectures, monsieur, observa mon hôte.
Aucun de nous n’a le privilège de posséder votre bonne fée ; son époux est mort. J’ai dit qu’elle était ma belle-fille ; il faut donc qu’elle ait épousé mon fils.
— Et ce jeune homme n’est…
— Pas mon fils assurément.
Heathcliff sourit encore, comme si c’eût été une plaisanterie un peu trop forte de lui attribuer la paternité de cet ours.
— Mon nom est Hareton Earnshaw, bougonna l’autre ; et je vous conseille de le respecter !
— Je n’ai fait preuve d’aucune irrévérence, répondis-je, en riant intérieurement de la dignité avec laquelle il se présentait lui-même.
Avant qu’il eût cessé de tenir les yeux fixés sur moi, j’avais détourné de lui mon regard, de crainte d’être tenté de le gifler, ou de donner cours à mon hilarité. Je commençais à me sentir indubitablement peu à ma place dans cet agréable cercle de famille. Le sentiment de bien-être physique que j’éprouvais était plus que neutralisé par la lugubre atmosphère spirituelle qui régnait là. Je résolus de réfléchir avant de m’aventurer sous ce toit une troisième fois."
carabas a écrit:
Aucun personnage n'est "bon".
Si si il y a des personnages "bons", en ne citant que les adultes c'est-à-dire les non-formatés par Heathcliff malgré eux : le narrateur (Mr. Lockwood), les domestiques féminines Zillah et Nelly Dean (principale narratrice), Edgar et Isabella Linton.
Cela en fait pas mal mine de rien.
Alors c'est vrai que pour Edgar et Isabella Linton il y a il me semble un piège pour le lecteur car ils sont introduits dans le roman en tant que couple d'enfants contrastant avec le couple d'enfants Heathcliff-Catherine à l'époque où Heathcliff et Catherine étaient heureux, complices et aventuriers. Du coup les Linton apparaissent comme des enfants gâtés et peu intéressants, et ce d'autant plus qu'ils nous sont décrits par Heathcliff enfant racontant une scène à la narratrice Nelly Dean.
Pas facile pour eux ensuite de surmonter ce préjugé et c'est là que certaines caricatures (peut-être dans certains films je ne sais pas) pourraient être tentées de faire apparaître Catherine et Heathcliff comme des êtres intéressants car passionnés et donc passionnants et les Linton comme des personnages sans saveur car "normaux".
Moi j'aime beaucoup le personnage d'Isabella, notamment cette tirade pleine de raillerie à un moment critique :
"Quel pauvre amour est le vôtre, qui ne peut supporter une averse de neige ! Vous nous avez laissés en paix dans nos lits aussi longtemps qu’a brillé une lune d’été, mais au premier retour offensif de l’hiver il faut que vous couriez vous mettre à l’abri ! Heathcliff, à votre place, j’irais m’étendre sur sa tombe et y mourir comme un chien fidèle. Le monde assurément ne vaut plus pour vous la peine d’y vivre, je pense. Vous m’aviez pénétrée de la conviction bien nette que Catherine était toute la joie de votre existence : je ne peux pas croire que vous songiez à survivre à sa perte."
Twiggy a écrit:
Pour Hurle-Vent l’histoire est étourdissante, beaucoup parle d’une merveilleuse histoire d’amour, mais ce n’est pas du tout ce que j’en retire.
J'ai eu le même sentiment, il s'agit davantage d'un amour contrarié que d'un amour établi.
Tybalt a écrit:
Un autre domestique, pendant redoutable de Heathcliff, est le serviteur Joseph, avec sa piété hautaine qui confond la foi et les chapelets de malédictions, et son langage dialectal incompréhensible.
Ce personnage de Joseph est très intéressant, c'est aussi un pendant d'Ellen Dean (mais du côté obsur ). Comme elle il est pour la morale et le respect de Dieu mais contrairement à Ellen Dean qui verrait dans le Seigneur un espoir, lui en attend un châtiment pour les âmes impures.
Par exemple en cette nuit d'orage pendant laquelle Heathcliff s'est enfui :
"Vers minuit, alors que nous n’étions pas encore couchés, l’orage vint s’abattre en pleine furie sur les Hauts. L’ouragan et le tonnerre faisaient rage et, sous l’effet du vent ou de la foudre, un arbre se fendit en deux à l’angle de la maison : une énorme branche fut précipitée en travers du toit et démolit une partie du corps de cheminées de l’est, en envoyant une pluie de pierres et de suie dans le foyer de la cuisine. Nous crûmes que la foudre était tombée au milieu de nous. Joseph s’affaissa sur les genoux, priant le Seigneur de se souvenir des patriarches Noé et Loth et, comme autrefois, d’épargner les bons tout en frappant les impies."
J'ai lu hier un très bon commentaire sur le personnage de Joseph mais je ne le retrouve plus (c'était peut-être ici mais je ne vois plus où), ce commentaire disait ceci : Joseph hait Heathcliff pour s'être approprié de façon crapuleuse les biens de Hindley et d'en avoir de fait privé Hareton (le fils de ce dernier), en tant que domestique il craint son nouveau maître et n'ose l'affronter frontalement (d'autant que le Heathcliff a le poing leste) mais il ne manque pas de rappeler régulièrement par des sous-entendus que Hareton a été spolié et que ce devrait être lui le maître des Hauts de Hurlevents.
Ce n'est en fait pas un simple homme de main de Heathcliff, il joue sa propre partition.
Hop quelques tournures :
Un homme sensé doit trouver une compagnie suffisante en soi-même.
Un bon cœur vous aidera à avoir une bonne figure, […]
[…] la traîtrise et la violence sont des lances à deux pointes, elles blessent ceux qui y ont recours plus grièvement que leurs ennemis.
Ses traits étaient empreints d’une telle tristesse qu’ils ne semblaient plus être les siens.
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