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Posté le: Lun Oct 13, 2014 12:33 pm Sujet du message: Zendegi - Greg Egan
Parution VO : 2010
2012, en Iran. Le peuple, qui n'a échappé au Shah que pour tomber dans les griffes de mollahs plus impitoyables encore, gronde. La révolution est en marche. Martin, journaliste australien envoyé couvrir les événements, prend vite fait et cause pour les rebelles.
De son côté, Nasim a quitté l'Iran depuis longtemps. Après l'assassinat de son père par le pouvoir en place, elle a fini par trouver refuge aux États-Unis. Son boulot de chercheuse la satisfait pleinement, mais le projet auquel elle rêve de participer (le Projet Connectome Humain, c'est-à-dire la recherche d'une carte générique du cerveau humain) est en manque de financement. Et devoir assister de loin aux événements qui ébranlent son pays la frustrent énormément.
Les lecteurs familiers de Greg Egan risquent d'être déroutés par la première partie du roman, présentant les personnages principaux dans un contexte très actuel (même si évidemment, le cours des choses en Iran n'a pas suivi la version imaginée ici il y a quelques années). C'est quand même près de cent soixante pages qui n'ont rien à voir avec la science-fiction, encore moins avec la hard-science à laquelle l'auteur nous a accoutumés. Pour ma part, j'ai même été vérifier sur le site de l'éditeur que cet ouvrage appartenait bien à sa collection de science-fiction, même si la couverture signée Manchu ne laissait guère de doute.
Cette première partie au rythme plutôt lent nous permet donc de découvrir le côté très humain de Martin et Nasim. Le premier peine à se remettre du départ de sa compagne. La seconde a été marquée à vie par le sort de son père et son propre exil, s'imaginant devoir poursuivre la lutte à la place de son père. Ce sont donc deux personnages aux fêlures profondes, extrêmement humains et attachants et que l'on suit avec intérêt.
La deuxième partie fait un bond en avant et se déroule quinze ans plus tard. Pas de grand changement au programme : les univers de réalité virtuelle ont atteint un réalisme saisissant, les tablettes sont de plus en plus malines, mais le cancer reste une maladie mortelle dont on a peu de chance de réchapper.
Nasim travaille pour Zendegi, un éditeur iranien d'univers de jeux virtuels. Pour faire face à la concurrence, son équipe décide d'améliorer les Mandatés (les Personnages Non Joueurs, dans le jargon actuel) de leurs univers imaginaires en s'appuyant sur ses travaux passés pour le PCH : elle veut créer des entités qui auront plus de souplesse que les modèles actuels dans leur réaction aux événements imprévus, cela étant réalisé en reproduisant le comportement du cerveau humain.
Martin, lui, aimerait qu'une partie de lui survive après sa mort prochaine pour aider à élever son fils selon ses principes moraux. Il sollicite Nasim pour qu'elle crée un Mandaté à son image, qui se comportera comme lui et pourra accompagner son fils lors de ses immersions dans Zendegi...
Ici, on retrouve enfin du pur Greg Egan, avec des problématiques telles qu'il aime les creuser : quelle part d'humanité / de conscience trouve-t-on dans une réplique virtuelle d'un être humain ? Est-ce une forme d'immortalité ? A partir de quel niveau de ressemblance peut-on dire qu'on a un double exact ? De quels droits doivent bénéficier ces entités virtuelles, si elles sont conscientes d'elles-mêmes ?
C'est très intéressant, mais cela m'a semblé en deçà de ses précédents ouvrages, tant les romans que les nouvelles. Si le contexte et les personnages sont plus travaillés, il me semble que le fond du sujet est moins exploité, moins poussé. C'est un mal pour un bien, car cela rend ce roman plus facile à lire que les précédents, abordable par des publics plus variés.
Le côté hard science restant donc assez restreint, la lecture est fluide et agréable et les pages se tournent toutes seules. J'ai particulièrement aimé le fait que l'historie se déroule en Iran, ce qui est plutôt dépaysant pour des Européens : en sus de la vie de tous les jours, nombre de jeux virtuels proposés dans Zendegi s'appuient sur le Shâhnâmeh, un poème épique retraçant l'histoire de l'Iran (à partir de la mythologie, ce qui permet d'en tirer des jeux de type fantasy intéressants) et qui est une œuvre littéraire incontournable dans ce pays.
Si ce roman peut donc décevoir légèrement les attentes d'un fan de l'auteur accro à la hard science, il saura toucher un plus vaste public. Je le conseillerai sans hésiter à tous ceux qui veulent découvrir cet auteur, car pour ma part je l'ai dévoré avec beaucoup de plaisir.
(Chronique réalisée pour les Chroniques de l'Imaginaire) _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
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Posté le: Lun Oct 13, 2014 4:29 pm Sujet du message:
Merci, je note
Par contre, je me demande pourquoi ils n'appellent pas ça des PNJ. C'est expliqué ?
(C'est quand même un terme incontournable...) _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6312 Localisation: Sud
Posté le: Mar Oct 14, 2014 6:23 am Sujet du message:
Ah oui, c'est attirant :-). Du Greg Egan ni tout à fait le même ni tout à fait un autre... Je vais voir si je me le trouve... _________________ Même le soleil se couche.
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Mar Oct 14, 2014 8:20 am Sujet du message:
Crazy a écrit:
Par contre, je me demande pourquoi ils n'appellent pas ça des PNJ. C'est expliqué ?
(C'est quand même un terme incontournable...)
En fait, le terme PNJ est utilisé dans l'explication de ce qu'est un Mandaté
Je pense que l'auteur voulait donner une touche "futur" puisque ça se passe dans une quinzaine d'années. Je vais quand même aller vérifier le passage où tout ça est présenté, il est probable que les Mandatés aient des différences avec les PNJ que je n'ai pas relevées (je regarderai ce soir, quand j'aurai accès au livre). _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
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Posté le: Mar Oct 14, 2014 10:08 am Sujet du message:
Je l'ai beaucoup aimé , je ne suis pas trop Hard-science et certaines nouvelles d'Axiomatique ou Radieux m'ont laissé perplexe , mais là , on est dans de la prospective plausible et convaincante à la portée des prophanes. _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6312 Localisation: Sud
Posté le: Mer Oct 15, 2014 7:29 am Sujet du message:
Décidément, tu confirmes ce que j'avais perçu dans la critique de Soleil. Du fait que c'était les textes d'Egan les plus Hard Science avec lesquels j'avais du mal, je devrais bien aimer celui-ci. _________________ Même le soleil se couche.
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Mer Oct 15, 2014 2:12 pm Sujet du message:
Dans la première partie, il y a quand même une révolution
Mais c'est vrai que je ne dirais pas que c'est un livre d'action. _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Sam Oct 18, 2014 8:40 pm Sujet du message:
Crazy a écrit:
Par contre, je me demande pourquoi ils n'appellent pas ça des PNJ. C'est expliqué ?
(C'est quand même un terme incontournable...)
Je reviens, après avoir enfin pris le temps de relire les passages concernés.
Le terme de PNJ est répété deux fois (une fois en long, une fois en abrégé) dans le livre, en tant que synonyme de Mandaté, et ce deux chapitres après qu'on ait découverts ce mot.
Je pense que c'était plus pratique pour l'auteur. Il peut décliner la gamme en "Mandatiste" par exemple (les concepteurs), mais surtout utiliser le terme pour ce que recherche Martin : utiliser "PNJ" pour le double virtuel dans lequel Martin essaie de mettre tout son coeur et toute son âme, et qui - espère-t-il - sera un vrai joueur aux côtés de son fils, c'est assez moyen... _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
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Inscrit le: 27 Juin 2011 Messages: 3314 Localisation: Great North
Posté le: Dim Oct 19, 2014 2:42 pm Sujet du message:
Ca m'a fait penser à L'âge de diamant de Stephenson où un livre électronique accompagne la croissance de milliers de petites Chinoises et de la fille du personnage principal qui , elle , bénéficie d'un être humain qui interagit avec le livre. _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
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