Le veilleur du jour - Jacques Abeille

[Lisbeï]

Un homme arrive à Terrèbre, la capitale d'un pays des Contrées, l'univers où l'auteur a déjà situé Les jardins statuaires et Les barbares, en provenance des forêts où il a vécu avec les bûcherons. Il s'installe dans une auberge et cherche du travail, son (vague) projet étant de s'embarquer et de partir pour les îles. Toutefois, quand on lui propose une place de gardien pour un entrepôt vide, dans l'attente de quelqu'un qui doit arriver, peut-être, un jour, il accepte, le travail étant léger et lui permettant de continuer à loger à l'auberge. L'entrepôt en question est en fait un immense bâtiment composé de salles cyclopéennes, vides, donnant sur une ancienne nécropole de stèles effondrées au milieu d'un ancien jardin retourné à l'état sauvage. Peu à peu il remet en état le jardin. Le hasard des rencontres le met en possession d'un livre qui décrit l'histoire et le plan du bâtiment, qui le fascine de plus en plus et où, peu à peu, il se met à vivre. Et comme dans les contes, quand tout est prêt, Coralie arrive...

Difficile de résumer un roman de Jacques Abeille, ce n'est même pas facile d'en exhumer le thème principal. Je dirai que les thèmes centraux en sont le rapport entre l'oubli et la mémoire (le personnage de Barthélemy Lécriveur, mais aussi les souvenirs de Coralie et sa mère), entre la mémoire et l'écrit (le livre, mais aussi les écrits de Molavoine), entre passé et présent, dans une espèce de circularité, vraie ou fausse (vraie ET fausse ?).

On peut penser à Piranese, et à ses constructions hallucinées, dans la description du bâtiment, à Julien Gracq, pour l'atmosphère décadente, la St Maurice faisant penser à un Carnaval en temps de peste ou d'invasion imminente. Il y a aussi, dans les dialogues entre le professeur et le chancelier, notamment, quelque chose qui m'a de loin évoqué Jünger. L'écriture est toujours riche et exigeante, pas forcément facile à suivre : les romans de Jacques Abeille ne peuvent se lire vite, ni distraitement, ni sur une longue durée.

J'ai bien aimé, et je prévois de l'acquérir pour le relire, un jour. D'ailleurs, le lire m'a donné envie de relire Les barbares .
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Même le soleil se couche.

[krys]

ah ça fait trop envie !!!
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Fantasy can become reality (Stratovarius).