Soleil* Super Nov-A
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Posté le: Ven Fév 16, 2018 3:42 pm Sujet du message: Ce qu'il faut de terre à l'homme - Martin Veyron |
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C'est l'histoire d'un fermier russe qui vit avec sa femme et son fils. Il n'est pas riche, mais pas pauvre non plus, sa vie est plutôt heureuse. A l'instar de sa femme, il pourrait se satisfaire de son sort, mais son beau-frère, un citadin fortuné, réveille son ambition.
La barynia, qui possède de nombreux terrains inexploités autour du village, a toujours laissé les moujiks faire paître leur bêtes dans ses prés, cueillir des fruits dans ses vergers, ramasser du bois dans ses forêts. La situation dégénère quand son fils décide de ne plus tolérer les libertés prises par les villageois avec ses biens. Notre homme n'a pas assez de terrain pour nourrir toutes ses bêtes ; sa femme souhaiterait qu'ils se débarrassent des bêtes dont ils n'ont pas besoin, mais lui préfère racheter de nouvelles terres. A partir de là, il entre dans un engrenage de cupidité, désirant toujours plus de terres et de richesses.
Martin Veyron adapte ici un conte de Léon Tolstoï paru en 1866, mais dont le thème n'a pas pris une ride : la cupidité des hommes, qui ne sont jamais satisfaits et recherchent toujours plus de richesses, alors même qu'ils ont largement assez pour être heureux. Le fermier, de prime abord plutôt sympathique, devient au fil des pages de moins en moins gentil, s'éloignant finalement de sa femme et ses amis, sans que cela ne le peine vraiment : Rien ne compte plus pour lui, à part posséder toujours plus. Sa cupidité le mènera à la mort.
On rentre facilement dans l'histoire, partageant la vie et les difficultés des paysans du village. Bien souvent, Martin Veyron réussit à nous faire comprendre des situations sans besoin de parole, nous régalant de pages complètes sans le moindre phylactère mais où l'action est néanmoins présente. Le rythme est bon, nous menant à la conclusion sans que l'on voie défiler les pages. Les dessins sont nets et précis, aux couleurs aussi froides que l'histoire est triste. Une adaptation réussie.
Prix spécial du jury au Festival d'Angoulême 2017 _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu. |
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