Soleil* Super Nov-A
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Posté le: Sam Mai 11, 2019 6:40 pm Sujet du message: Comment mon père est mort deux fois - Yves Grevet |
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A la mort de son père, Soën découvre que celui-ci, qui avait toujours affirmé avoir coupé les ponts avec sa famille, avait régulièrement des contacts avec eux. Plus curieux, il avait changé de nom en quittant la métropole pour la Réunion, trente ans plus tôt, Yvon Kieffer devenant ainsi Gilles Le Gac. En fait, il s'agissait d'une "légende", une nouvelle identité fournie par les services secrets.
Bien vite, l'affaire est étouffée, les policiers venus de métropole concluant à un crime "de hasard" : mauvais endroit au mauvais moment.
Soën est bien décidé à découvrir la vérité sur la mort de son père. Le lycéen est persuadé que celle-ci est en lien avec les événements troubles survenus en Turquie dans sa jeunesse et qui l'avaient conduit à vivre caché.
C'est un récit à deux voix.
La première, celle de Soën, nous parle de sa vie d'adolescent ordinaire à la Réunion, de ses sorties avec ses amis, du choc de la mort de son père et du soutien apporté par son amie d'enfance, puis bascule peu à peu vers son enquête pour éclairer le passé de son père.
En alternance, on suit le journal intime d'Yvon une trentaine d'années auparavant : pour échapper à un service militaire ennuyeux, le futur instituteur s'était porté volontaire pour un service civique de deux ans comme professeur de français en Turquie. Une aventure qui ravissait cet amateur de voyages, mais qui inquiétait sa famille, car en 1984 la Turquie sortait juste d'une crise militaire. Un séjour avec des hauts et des bas, mais où le danger ne s'invita de manière tangible que pendant les derniers jours.
Les deux personnages principaux sont des personnes ordinaires, auxquelles le lecteur peut facilement s'identifier. Les deux trames commencent par raconter le quotidien du père et du fils, avec un rythme lent mais d'une manière qui est intéressante par le dépaysement apporté : un lecteur de métropole n'est probablement familier ni de la Turquie ni de la Réunion. Puis on sent la tension monter peu à peu, mais là encore sans jamais aller jusqu'à un suspense insoutenable. Juste de quoi donner envie d'avancer dans sa lecture. Le lecteur attentif est supposé anticiper les ennuis d'Yvon en amont, grâce aux éléments apportés par Soën, mais pour ma part je ne les ai pas vraiment vus venir, donc j'ai trouvé que ça arrive comme un coup de tonnerre sur la fin. Au passage, l'auteur nous brosse le contexte geo-politico-historique pour comprendre les tenants et aboutissants de l'intrigue, d'une manière simplifiée tout à fait facile à comprendre.
C'est un roman bien écrit et agréable à lire. Il peut être lu par des adultes, mais reste ciblé sur les adolescents de par les préoccupations et occupations de Soën, avec une touche d'espionnage qui saura leur apporter un intérêt supplémentaire.
Chronique réalisée pour Les Chroniques de l'Imaginaire. _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu. |
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