Vassia
Inscrit le: 11 Mai 2018 Messages: 450
|
Posté le: Ven Aoû 05, 2022 10:27 pm Sujet du message: Atala - François-René de Chateaubriand |
|
|
Lorsque j'ai écouté ses fameuses Mémoires, Chateaubriand a réussi à me vendre l'écoute de son premier roman à succès Atala.
L'histoire se passe sur les bords du Mississippi alors que les peuplades indiennes autochtones sont encore bien loin d'être sous contrôle des quelques aventuriers allant les voir de près.
Chateaubriand semble très fier de ce roman et il peut l'être car il s'était bien vendu.
Pour ma part je l'ai trouvé plutôt niais , notamment son point d'orgue qui d'ailleurs n'est pas sans rappeler celui que Zola mettra plus tard dans son La faute de l'abbé Mouret (qui ne m'avait pas plu non plus pour les mêmes raisons).
Le tout teinté de promotion du catholicisme par ci par là mais ça va c'est supportable.
extraits :
Si un homme revenait à la lumière, quelques années après sa mort, je doute qu’il fût revu avec joie, par ceux-là même qui ont donné le plus de larmes à sa mémoire : tant on forme vite d’autres liaisons, tant on prend facilement d’autres habitudes, tant l’inconstance est naturelle à l’homme, tant notre vie est peu de chose même dans le cœur de nos amis !
[...]
Homme, tu n’es qu’un songe rapide, un rêve douloureux ; tu n’existes que par le malheur ; tu n’es quelque chose que par la tristesse de ton âme et l’éternelle mélancolie de ta pensée !
Je m'en suis noté certaines tournures qui m'ont bien plu :
Atala (François-René de Chateaubriand) 1801
Comme tous les hommes, il avait acheté la vertu par l’infortune.
On m’enchaîna, mais légèrement, à cause de ma jeunesse.
[...] ; nous gardions un profond silence ; les Génies de l’amour avaient dérobé nos paroles.
Hélas ! mon cher fils, la douleur touche de près au plaisir.
Heureux ceux qui meurent au berceau, ils n’ont connu que les baisers et les souris d’une mère !
Il est dans les extrêmes plaisirs un aiguillon qui nous éveille, comme pour nous avertir de profiter de ce moment rapide ; dans les grandes douleurs, au contraire, je ne sais quoi de pesant nous endort ; [...]
Je cédai, malgré moi, à ce lourd sommeil que goûtent quelquefois les misérables.
Atala et moi joignions notre silence au silence de cette scène.
Quel affreux, quel magnifique spectacle !
Cela fait tant de bien, quand un ami regarde dans notre âme !
[...], et elle descendit dans la petite cave garnie de peaux, d’où l’on ne sort jamais.
Les restes de l’orage étaient jetés en désordre vers l’orient ; [...]
[...] dans cette simplicité qui fait le bonheur.
Je ne leur ai donné aucune loi ; je leur ai seulement enseigné à s’aimer, à prier Dieu, et à espérer une meilleure vie : toutes les lois du monde sont là-dedans.
[...] la vieillesse est, comme la maternité, une espèce de sacerdoce.
[...] je sentis la supériorité de cette vie stable et occupée, sur la vie errante et oisive [...]
[...] ; ce bonheur, j’y touchais, et je ne pouvais en jouir.
Il faut des torrents de sang pour effacer nos fautes aux yeux des hommes, une seule larme suffit à Dieu.
Faut-il mourir, au moment où j’apprends que j’aurais pu être heureuse !
[...], tous vos malheurs viennent de votre ignorance ; [...]
Vous offrez tous trois un terrible exemple des dangers de l’enthousiasme, et du défaut de lumières en matière de religion.
La femme renouvelle ses douleurs chaque fois qu’elle est mère, et elle se marie en pleurant.
[...] vous cherchiez moins les douceurs du mariage, que les charmes de cette folie que la jeunesse appelle amour [...]
Cette tête n’a pas toujours été chauve, ni ce sein aussi tranquille qu’il vous le paraît aujourd’hui.
Mais l’âme de l’homme se fatigue, et jamais elle n’aime longtemps le même objet avec plénitude.
Si un homme revenait à la lumière, quelques années après sa mort, je doute qu’il fût revu avec joie, par ceux-là même qui ont donné le plus de larmes à sa mémoire [...]
Elle cherchait à me distraire de la douleur présente, en réveillant en moi une douleur passée.
Le cœur, [...], est comme ces sortes d’arbres qui ne donnent leur baume pour les blessures des hommes, que lorsque le fer les a blessés eux-mêmes.
Nous ne sommes pas même capables d’être longtemps malheureux.
Je l’aurai toujours ignoré, si la Providence qui conduit tout, ne m’avait découvert ce que je cherchais.
Homme, tu n’es qu’un songe rapide, un rêve douloureux ; tu n’existes que par le malheur ; tu n’es quelque chose que par la tristesse de ton âme et l’éternelle mélancolie de ta pensée !
Atala (François-René de Chateaubriand) 1801 |
|