Comme tu as changé - Guillaume Le Touze

[clarabelle]

DérangeantCe roman de Guillaume Le Touze s'ouvre assez agréablement et porte un regard cynique sur cette famille qui part en vacances en Espagne dans une 4L qui surchauffe en cours de route. Mais sur sa famille, le jeune adolescent, Paul, également narrateur du récit, y porte un regard loin d'être tendre : son père boit et demande à être surveillé à chaque instant, sa mère a des égarements et demande à bénéficier de moments pour elle seule. Et lui, mal dans sa peau, mal dans son corps, complètement désemparé, résolument inquiet, sérieux et indifférent à presque tout. Car ces vacances en Espagne vont déclencher un élément irrémédiable : une soirée où ces trois-là vont se perdre à leur façon. Suite à cela, plus rien ne sera comme avant. Et le roman bascule vers une seconde partie invisible : l'action est centrée sur le jeune narrateur et le ton, jusque-là désabusé et cynique, vire désespérement flippant et rend mal à l'aise. Dérangeant.
Un peu dommage, cette partie qui dévisage ce roman qui me faisait penser aux histoires d'Olivier Adam : des héros ordinaires mais tristes, une désillusion palpable, une lassitude grandissante et un semblant d'aller sans retour. Implacable, angoissant et irrémédiable. "Comme tu as changé" fait peur, dérange, met mal à l'aise et retourne l'estomac. Une impression de manque, d'être passée à côté d'un quelque chose innommable. Une profonde mélancolie et poisseuse tristesse qui colle trop. Ecoeurante, presque. Bref, un moment de lecture qui suscite des points de suspension ...L'Olivier, 155 pages.Clarabelle