Posté le: Jeu Aoû 19, 2004 6:38 pm Sujet du message: J'ai nom sans bruit - Isabelle Jarry
On connaissait déjà Isabelle Jarry pour ses biographies, (notamment celles consacrées à Théodore Monod et George Orwell), pour ses récits de voyage et quelques romans.
Dans ce douzième livre qui raconte la renaissance d’une femme, Isabelle Jarry s’impose véritablement comme romancière, avec un des romans phares de cette rentrée littéraire.
La narratrice de ce roman, Marie, est une jeune femme passionnée par la poésie française de la Renaissance. Elle en a fait son métier, a publié quelques recueils, quelques articles. Dès les premières pages du livre, on comprend que Marie vient de vivre une terrible perte : la mort soudaine de son mari Philippe, photographe. Mais cette perte en a entraîné d’autres : celle de son appartement, et, surtout, celle de sa fille de cinq ans, Nisa, placée par la DDAS. Marie n’a plus rien, sans ressources, devenue muette, elle se retrouve à la rue. On pourrait craindre que ce roman sombre dans une déchéance à la Zola, et que la fin sera terrible. Mais c’est là où l’écriture toute en finesse d’Isabelle Jarry nous porte et nous ravit. Marie va se réfugier dans une maison de campagne oubliée où son mari a vécu jeune. Et, pour notre plus grande joie, nous assistons au spectacle aussi émouvant qu’étonnant d’une femme qui parvient envers et contre tout à se reconstruire. Par les mots, d’abord, car les seuls que Marie arrive à prononcer sont ceux de ses poètes adorés de la Pléiade. Par les actes ensuite, car Marie trouvera la force en elle-même pour retourner à Paris délivrer sa fillette. Isabelle Jarry a su insuffler à cette jeune femme une sensibilité lumineuse qui nous touche. Mais sa vision reste empreinte d’une sobre lucidité.
Un roman magnifique sur les épreuves de la vie, qui décrypte une lente remontée à la lumière. Un riche moment de lecture.
Posté le: Mar Sep 28, 2004 1:59 pm Sujet du message:
Je remonte ce post car le roman d'Isabelle Jarry vient d'obtenir le Prix du Roman Automne 2004 par l'association des libraires (Initiales) Une femme poète qui a dégringolé et qui essaie de se reconstruire. C’est une jeune veuve, mère d’une petite fille qu’on lui a enlevée. Elle a été chassée de son appartement et a passé deux mois dans la rue à Paris. Quand on la rencontre, elle arrive à la campagne pour s’installer dans une vieille ferme qui était la maison d’enfance de son mari. Elle coupe du bois, elle lessive, elle trie, elle range, dans l’espoir d’y faire venir son enfant, mais aussi et surtout pour s’épuiser et ne plus penser aux morts, aux disparus et à ces mois d’errance où la dégradation physique, la peur et la violence étaient son quotidien, et où la poésie, sans qui elle pensait ne pas pouvoir vivre, ne lui était d’aucun secours. Mais si la poésie ne l’a pas empêchée de toucher le fond, c’est elle qui va l’aider à remonter à la surface, à retouver les mots qui lui manquent et mettre fin à son infinie solitude.
C’est un livre magnifique, bouleversant, qui ne tombe jamais dans le misérabilisme et qui est superbement écrit. Un livre qui hante.
Posté le: Jeu Nov 25, 2004 10:14 am Sujet du message:
Viens de le finir ...
La narratrice quitte Paris en auto-stop et part se réfugier à la campagne, dans une petite maison où elle a coulé des jours idylliques avec son compagnon, Philippe. Mais cet homme est mort, la laissant complètement démunie avec leur fille, Nisa. D'ailleurs Nisa a été confiée aux soins d'une assistance sociale, tandis que la narratrice se retrouvait à la rue. Devenue SDF pendant des mois, elle va tenter de surmonter son chagrin, son deuil et de reconquérir sa dignité perdue. A la campagne, elle va faire communion avec la nature, rencontrer un viticulteur et s'enfermer dans un silence de plus en plus désarmant. Car au-delà du matériel et de l'affectif, la narratrice va perdre un élément beaucoup plus intime et personnel. Ebranlée, elle confie son désarroi dans un roman très douloureux, très âpre et délicat à la fois. Elle était poète, elle a aujourd'hui perdu l'usage des mots. Ce qui trotte dans sa tête reste des poèmes du XVe siècle. Après avoir surmonté l'humiliation, la saleté, la pauvreté et la solitude, elle tente aujourd'hui de se surpasser : récupérer sa fille, certes, mais récupérer le langage, le poids et le sens des mots. "J'ai nom sans bruit" est le roman d'un combat, d'une défaillance et d'une spirale angoissante. Une femme sombre dans le chagrin et c'est la débandade. Isabelle Jarry raconte avec beaucoup de sobriété cette histoire, jonglant entre les doutes, les angoisses, la déroûte. Toutefois, j'ai trouvé la fin assez légère, alors que le roman possédait une certaine tonicité, une puissance narratrice presque farouche. Cette fin m'apparaît quasiment en demi-teinte. Pour le reste, très percutant ! Les libraires du groupe Initiales lui ont attribué le prix du Roman de l'automne !
La narratrice, une femme à la dérive depuis la mort de son mari, nous fait découvrir son univers personnel, fait de poésie, de sensibilité, de son regard particulier sur le monde, encore plus décalé du fait qu’elle se retrouve à la rue. Les habitants se détournent d’elle, sa fille a été placée en famille d’accueil, elle doit se défendre contre les agressions, apprendre à vivre malgré le froid, le bruit, la pluie, le désespoir. Dans un sursaut d’énergie, elle s’enfuit à la campagne, dans la maison où elle a vécu heureuse avec son mari, et découvre la campagne d’automne ainsi qu’une autre forme de solitude. A force de vivre seule, elle en perd l’usage de la parole et oublie les mots, un comble pour la poétesse qu’elle est…
J’ai vraiment aimé ce roman, court mais intense, où l’on suit la dérive de cette femme malheureuse, qui a « touché le fond » et réapprend à vivre. _________________ Fantasy can become reality (Stratovarius).
Posté le: Ven Juil 08, 2005 7:08 pm Sujet du message:
A bout de ressources après plusieurs mois passés dans la rue, Marie part vivre à la campagne. Elle laisse à Paris sa fille de cinq ans, Nisa, placée dans une institution. Depuis la mort de son mari, elle vit dans le chagrin et la solitude. Poète, elle a cessé d'écrire, la poésie ne lui étant plus d'aucun secours. Isolée dans une petite maison, elle ne pense plus qu'à une chose, récupérer sa fille. Elle va vivre une ultime épreuve, la perte des mots.
J'ai beaucoup aimé mais je me rends compte que j'ai du mal à faire une critique de ce livre. Malgré l'émouvance du livre il manque un petit quelque chose qui fait que j'aie été vraiment touchée, ni ce n'est à la fin. Pourtant l'écriture est belle, simple. Ce livre est plein de poésie.
felindra
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