Posté le: Lun Aoû 30, 2004 11:01 am Sujet du message: La Reine du silence - Marie Nimier
PrécieuxContre toute attente, je suis tombée sous le charme de cette bouleversante confession de Marie Nimier. Dans "La Reine du silence" c'est tout un déballage d'amour, de pudeur et d'émotions feutrées qu'elle dévoile. Pour qui ? son père, Roger Nimier, l'écrivain connu pour "Le Hussard bleu" ou "Les enfants tristes", prématurément disparu dans un accident de voiture. Il avait 36 ans. Dans son livre, Marie Nimier ne fait pas l'apologie d'un père fabuleux, aimant, présent et fier de ses enfants. Non, c'est plus un constat déconfit, elle rétablit une vérité, redessine un portrait d'un homme qu'on connaissait intelligent, facétieux et charmeur en société. Dans son foyer, cet homme n'était qu'une ombre, qui s'enfermait dans sa chambre pour écrire, ou partait au bureau chez Gallimard. Le livre ne rend pas une image glorieuse du père. Loin de là. Pourtant on a du mal à en vouloir à l'écrivain disparu, à la jeune femme qui en parle désormais. Et pourquoi ce livre? Pas pour rétablir la vérité finalement, seulement pour se libérer elle-même. Elle ne dévoile pas des souvenirs de fond de tiroirs, juste des anecdotes de ci, de là. Elle n'avait que cinq ans à la mort de son père. Les souvenirs qu'elle glane aujourd'hui proviennent de la mémoire de ses proches, des gens qui ont traversé l'annonce du décès et le deuil en première ligne. Plus ou moins. Marie Nimier semble mettre en corrélation les événements de sa vie avec son passé lié à la disparition de son père : pourquoi aujourd'hui elle a tant de mal à obtenir son permis de conduire, qu'est-ce qui l'a amenée à l'écriture, quel est le poids de l'héritage, le degré de l'hérédité dans l'écriture... C'est tout un ensemble pointilleux, une sorte de journal de bord. Marie Nimier écrit les yeux fermés, dit-elle. Et son livre est un chuchotement, une préciosité que j'ai beaucoup apprécié. Ni impudique, ni caracoleur. Juste un souffle, un murmure qui donne envie de (re)plonger dans les oeuvres de Roger et Marie Nimier respectivement.Gallimard, 171 pages.Clarabelle
Posté le: Mar Nov 02, 2004 12:48 pm Sujet du message:
:pouce:Et ça continue ...Avec son neuvième roman, Marie Nimier, dit la Petite reine du silence, exerce un remarquable travail de mémoire. Avec le fantôme de son père qui n'est jamais très loin...Un vendredi soir de l’année 1962, une Aston Martin disparaît. Un mort. Roger Nimier avait trente-sept ans. Le même jour, à la même heure sur le même pont, la petite Marie perd son père dans un accident de voiture. Marie avait cinq ans… Le testament est sans ambiguïté. Les amis sont à l’honneur comme toujours. Les livres de Roger Nimier sont partagés. Et puis pour la petite dernière, une annonce, l’annonce faite à Marie: « Que dit la reine du silence ? »
Lourd héritage que celui du père. Ce père qui disparaît quand Marie a cinq ans. Quel regard porter sur quelqu’un qui existe à travers les autres, sans le souvenir et d’ailleurs, comment ça marche un père?
Bien que la recette face fureur depuis quelques mois, n’est-ce pas Benjamin, il n’est pas question ici de s’attaquer au mythe littéraire du père. Ça n’est pas un règlement de compte. Elle nous confie dans l’intimité sa quête, entre crainte et admiration. Alors la reine du silence en sort. Elle l’écrit même. Si son père ne la voit pas accoucher, il est en revanche la cause de cette maïeutique.
Lorsque quarante-deux ans après, l’esprit de Marie accouche, Marie le couche sur papier. « Difficile de trouver le ton, la juste distance » Elle compose à partir de sa mort, recompose à partir du passé. Le grand déballage n’aura pas lieu…et c’est tant mieux. Quarante-deux ans donc pour affronter le fantôme de son père, pour l’apprivoiser. Et toute l’histoire familiale se démêle. Les absences du père, sont autant de frontière que Marie essaie de passer. A ce détail qu’elle est romancière « Comme si de ma place de jeune romancière je pouvais comprendre des choses que ma mère n’avait pas saisies à propos de l’œuvre de son mari. » Il n'y a rien à raconter, n'est-ce pas, rien à dire de cette relation. Je n'étais pas dans la voiture. Je n'avais pas vu mon père depuis des mois. Il n'habitait plus à la maison.
La petite reine avait cinq ans. Un pont plus loin, s'éloigne le Hussard...au galop.Charles Patin O'Coohoon de la Zone Littéraire
Posté le: Mar Nov 09, 2004 4:16 pm Sujet du message:
Dans « La Reine du Silence », (Gallimard) Marie Nimier raconte son père, feu Roger Nimier, chef de file des Hussards. « Mon père a trouvé la mort un vendredi soir, il avait 36 ans. » Ainsi débute ce roman sobre à la plume fluide, ciselée, aux phrases courtes et musicales. Marie Nimier est loin d’être une inconnue, puisqu’elle a commencé à publier chez Gallimard il y a une dizaine d’années, avec « Sirènes. » Huit romans ont suivi, comme « Anatomie d’un Chœur, » ou « Domino » Mais c’est la première fois qu’elle dévoile son père, Roger Nimier, dans un récit très personnel, qui mêle le souvenir à l’émotion. Marie Nimier avait cinq ans au moment de la mort de son père. Au volant de sa mythique Aston Martin, avec une très belle romancière à ses cotés, Roger Nimier se tue sur la route de Normandie, à quelques kilomètres de Paris. Sa passagère meurt aussi. Le monde littéraire est en deuil : l’auteur du célèbre Hussard Bleu n’est plus. Une quarantaine d’années plus tard, Marie Nimier décide de ressusciter ce père flamboyant. Elle puise dans ses souvenirs les plus lointains, explore ce qui lui reste de ce géniteur qu’elle a peine connu mais à qui elle n’a jamais cessé de penser. « Je savais que j’écrirais un jour ce livre, » avoue-t-elle. Au fil des pages, Marie Nimier part sur les traces de ce père absent, retourne en arrière, fouille, traque le passé, les souvenirs, les lettres, puis avec un va-et-vient talentueux, imprégné d’une lucidité parfois ironique qui fait sourire, nous ramène à son présent de mère de famille romancière. Son choc lorsqu’elle découvre pour la première fois, lors de ses recherches, une photographie en couleur de son père. Elle ne l’avait « vu » qu’en noir et blanc. Son incapacité à passer son permis de conduire, comme si l’accident de son père pesait sur elle à la manière d’une malédiction. Ses propres rapports avec ses enfants, teintés de l’absence du grand-père maternel. Comment et où rassembler ces bribes de père, les enfiler comme des perles sur le fil d’un collier ? Pas facile. Douloureux parfois. Mais Marie Nimier ne renâcle pas. Ce puzzle de non-dits, d’absence, de silence, s’étoffe sous nos yeux pour devenir un roman-témoignage extraordinairement abouti. « Comment ça marche, un père ? » Marie Nimier retourne aux sources, se rend sur la tombe de Roger Nimier, ce qu’elle n’avait jamais fait, petite. Elle entreprend des recherches sur la jeune femme qui accompagnait son père ce funeste soir du 28 septembre 1962, et qui a trouvé la mort avec lui : Sunsiaré de Larcône, jeune romancière qui venait de publier un premier livre. Il y a vingt ans, par l’intermédiaire d’une amie, Marie Nimier avait rapidement rencontré le fils de Sunsiaré qui lui, avait grandi sans mère. C’est maintenant qu’elle souhaite le revoir, lors de cette quête paternelle qui l’obsède. Trop tard, le fils de Sunsiaré n’est plus. Marie Nimier en ressent un grand accablement. A la fin de son livre, la « Reine du Silence » (c’est ainsi que l’appelait Roger Nimier), parvient enfin à reconnaître ce père fantôme : « Reconnaître non seulement sa démarche, mais aussi, et dans un même mouvement de tendresse, reconnaître son visage, ses traits, ses expressions. » La boucle est bouclée.
Posté le: Mar Nov 30, 2004 10:22 am Sujet du message:
Prix Medicis 2004, La reine du silence est en effet un paradoxe. Marie Nimier ne parle que d'elle, et de sa vision de son père, mais pourtant c'est tout sauf un roman nombriliste.
Parce qu'elle sait manier les mots, trouver l'association d'idée qui fait mouche, nous faire assister à une quasi psychanalyse, on ne peut qu'être touchés par cette Marie qui se débat. J'ai retrouvé un peu de l'univers de : "les mots pour le dire", de Marie Cardinale, à jamais associé dans mon esprit au visage de Nicole Garcia. A l'époque, ces mots là m'avaient fortement impressionnée. Ici ce n'est pas ça, l'impression qui domine.
C'est comme si chaque geste, chaque phobie, chaque pensée de Marie Minier prenaient un sens sous nos yeux, elle ne nous donne que son interprétation mais ça sonne vrai.
Voilà, c'est ça, ce livre sonne vrai. Et fait réfléchir. Avec des mots simples, une vie simple, un amour qui ne trouve pas de destinataire...
Posté le: Mer Sep 20, 2006 5:02 pm Sujet du message:
C'est vraiemnt un très bon livre qui permet de connaître un peu mieux les dessous de Roger Nimier... A la fac, j'ai dû lire "Le Hussard bleu" et j'avoue avoir été choqué par le style, la mise en scène d'un viol, les valeurs nihilistes...
Marie Nimier écrit très bien et ce roman est particulièrement réussi. Son prix littéraire est vraiment mérité _________________ Rédactrice de La Lettrine, blog sur l'actualité littéraire.
http://www.lalettrine.com
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