Posté le: Jeu Oct 19, 2006 11:06 pm Sujet du message: Brett Easton ELLIS
Brett Easton Ellis n'est pas violent. Le monde est violent et Brett est un hyper-réaliste. Combien de temps les yeux resteront-ils bandé devant la guerre qui se joue juste là? WWIII soit dit en passant...
La violence, chez Easton Ellis, n'est ni plus ni moins que l'un des moyens de communication de ses nombreux personnages... mais ils ne le sont pas tous, et pas forcément dans les actes.
Exemples:
Lauren Hynde dans Les Lois de l'Attraction ainsi que Paul Denton ne sont pas violents... Elle est naïve, lui cynique. Il n'y a guère que les parties réservées à Sean Bateman qui sont à proprement parler violentes... (pour ceux qui reconnaissent vaguement le nom de famille de ce dernier: oui il est effectivement le frère de Pat Bateman, héro charismatique et jubilatoire du très imposant American Psycho)
Victor Ward, quant à lui, n'est résolument absolument pas violent dans la première partie de Glamorama et ne le devient dans la seconde, que contraint et forcé.
etc, etc, etc....
Pq quand c'est Tarantino qui fait gicler du sang partout tout le monde trouve ça génial, mais dès que Brett entame une étude approfondie et intelligente de ses contemporains tout le monde crie au scandale?
Lisez avant de juger.
Clément Soucolline.
Ps: Griotte, je trouve la dénomination "un écrivain tel que lui" assez insultante et il y a dans cet ensemble de mots quelque chose comme "un pornographe" tout cela sent comme un relent de censure... _________________ "Tous les miroirs réfléchissent sans parler. Beaucoup de Grandes Gens parlent sans réfléchir." Proverbe hobbit.
Posté le: Ven Oct 20, 2006 10:45 am Sujet du message:
De là à dire que Bret Easton Ellis n'est pas violent... Remarque, tu as raison, lui n'est pas violent, c'est son écriture qui l'est. Son récit, plutôt. C'est effectivement un moyen de communication, mais cela reste de la violence, même si communication (la violence communicative, elle se retrouve plutôt chez Stephen King ).
Msieur Ellis est le seul type qui m'a fait sauter des pages. "American Psycho". Va savoir pourquoi, mais ça m'a fait mal à moi. Alors zoup, plutôt que de continuer à me faire électrocuter, je me suis cassée quatre pages plus loin. Enfin, je dis quatre, mais je ne me souviens plus combien exactement ! C'était long, toujours.
Posté le: Ven Oct 20, 2006 2:56 pm Sujet du message:
J'aime Brett Easton Ellis car il fait ressortir la violence des pulsions humaines mieux que personne. Il ne fait que refléter une société qui est bien réelle. Comme Oliver Stone dans Tueurs nés, par exemple, qui a été attaqué un peu pour les mêmes raisons.
Après, oui, c'est violent voire même gore, pornographique, trash....Je comprends que beaucoup de gens est du mal à soutenir une telle violence. Et certains, qui y arrivent, éprouvent un sentiment de culpabilité. Oui, j'ai croisé certaines personnes qui osaient pas avouer le fait qu'ils avaient aimé ses livres, comme si c'était une "lecture interdite" et qu'on allait les prendre pour des pervers! Un peu étrange, l'effet qu'ont ses livres, quand on y pense! Et je crois que l'auteur en a bien conscience, il suffit de lire le début de Lunar Park pour voir la manière dont il joue avec son image et celle de ses livres. Pour ma part, j'ai trouvé xa plutôt drôle la manière dont il rentre dans le jeu de la critique.
Bah, après, je comprends qu'on aime pas! _________________ Je crayonne sur les couvertures des mondes et des souffrances...
Posté le: Ven Oct 20, 2006 5:46 pm Sujet du message:
j'ai lu quelque part un texte qu'il a écrit à propos de Télétubbies... je crois que ça s'appellait "why teletubbies are evil" c'est tordant... mais c'est aussi assez flippant... ça doit pouvoir se trouver sur le net... mais où? _________________ "Tous les miroirs réfléchissent sans parler. Beaucoup de Grandes Gens parlent sans réfléchir." Proverbe hobbit.
Posté le: Ven Oct 20, 2006 10:07 pm Sujet du message:
monsieur.soucolline a écrit:
j'ai lu quelque part un texte qu'il a écrit à propos de Télétubbies... je crois que ça s'appellait "why teletubbies are evil" c'est tordant... mais c'est aussi assez flippant... ça doit pouvoir se trouver sur le net... mais où?
J'en ai entendu parler mais je ne l'ai pas lu donc aucune idée! _________________ Je crayonne sur les couvertures des mondes et des souffrances...
Posté le: Lun Nov 13, 2006 10:44 am Sujet du message:
Bizarrement, j'étais assez de son avis. J'avais entendu dire que tous les gosses y étaient accroché, à ce truc, mais mes petits cousins n'aiment pas trop... va savoir pourquoi. Ils ne jurent que par Oui Oui et Dora (un grand classique, ça encore...). _________________ Personne n'est parfait, et surtout pas moi.
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Posté le: Mer Juin 20, 2007 12:02 am Sujet du message: Bret Easton Ellis
J'aime les romans qui donne une lecture d'une société à une époque particulière. Pas surprenant que Bret Easton Ellis soit l'un de mes quelques auteurs préférés. Il faut être prêt au pire (car ses livres sont, non pas violents, mais méchants) pour y trouver le meilleur: un style minimaliste et puissant, la chronique d'une Amérique qui implose, un humour caustique (au sens de soude caustique)...
Et quel plaisir de voir la progression d'un auteur, de "Moins que zéro", son premier livre, un peu anecdotique, à la bombe nucléaire qu'est "Glamourama".
D'autres fanatiques parmi vous ? _________________ Gilles
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Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Mer Juin 20, 2007 10:06 am Sujet du message:
Fusion des sujets _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
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Posté le: Mer Juin 20, 2007 1:43 pm Sujet du message:
Perso, je trouve qu'American Psycho est le meilleur livre du monde et de tous les temps. Mais dire que ce n'est pas violent nécessite une sacrée redéfinition de la violence, quand même. Quand Bateman explique que pour faire rentrer un rat vivant dans un vagin, le plus efficace est de cramer les muqueuses à l'acide, le premier qualificatif qui me vient à l'esprit, ce n'est pas "méchant".
("Caustique" convient mieux, en effet. A une inversion de ph près.)
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Posté le: Mer Juin 20, 2007 9:19 pm Sujet du message:
J'avais trouvé qu'American Psycho était presque un exercice de style: jusqu'où est-il possible avec des mots (réponse: au delà du soutenable). Une épouvantable puissance d'arrêt pour paraphraser (de mémoire) JP Manchette à propos d'Elroy. Glamourama m'avait semblé plus tourné vers l'extérieur et serait donc plus "mon meilleur livre de tous les temps". Ceci dit, j'ai découvert Don DeLillo après avoir lu Easton Elis, et la filiation me semble assez évidente, et du coup Easton Ellis (un tout petit peu) moins novateur. _________________ Gilles
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Posté le: Jeu Juin 21, 2007 11:41 am Sujet du message:
Dans AP, au fond, je me fous des scènes de torture. BEE les a écrites parce qu'il faut bien que la folie de son personnage aboutisse à quelque chose de concret mais elles sont dispensables. Et, de plus, probablement fantasmées (personne n'entend les hurlements alors que les fenêtres sont ouvertes, par exemple).
Ce que j'ai trouvé fabuleux, c'est l'installation de la folie dans le cerveau de Bateman. Quand il bouffe des méduses cuites au micro-onde, j'intuite davantage le naufrage d'une conscience que quand il fait des trucs grandiloquents avec des rats.
L'évolution des plats qu'il commande au resto est significative. Au début, ce sont juste des plats snobs (vol au vent de crabe au caviar d'aubergine). A la fin, c'est du grand n'importe quoi (confit d'huitre aux épluchures de patates). Tout part peu à peu en sucette, dans ce bouquin. Les patronymes volent en éclat, aussi.
Bref, je pourrais écrire une thèse là dessus, voire plusieurs. Comme c'est un peu sciant, j'arrête là. _________________ Cat
Posté le: Jeu Sep 17, 2009 2:30 pm Sujet du message:
Bon, je déterre le sujet. Juste pour dire que j'ai lu American Psycho, et que j'ai trouvé ce bouquin éminemment trash, terrifiant et édifiant sur certaines dérives de la société (du fric, de la superficialité, de l'impossible écoute, du "hype" extrême jusqu'à être interchangeable avec ses collègues...).
Ce que je trouve absolument génial dans ce livre, c'est la fin : la plongée dans la folie de Bateman paraît inévitable, et puis va-t-il finalement se faire choper, ou bien est-ce une série de gros fantasmes, va-t-il même peut être se faire lui-même trucider par un type qui se vengera ? Et puis... je n'en dit pas plus, mais cette fin est terrifiante, mais pas du tout comme le reste du bouquin : de par sa lucidité. _________________ ",..)-;'...?..;..)" (Caracole, dans La Horde de contrevent)
"J'ai passé cinq heures dans ce putain de placard. Et quand je ferme le yeux, j'ai encore l'impression d'être surveillé par un cintre." (Ombre de l'ombre, PI Taïbo II)
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