yansored
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Posté le: Lun Déc 27, 2004 2:48 pm Sujet du message: L'idiot du village - Patrick Rambaud |
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Le prolifique Patrick Rambaud surprend en cette nouvelle année avec une « fantaisie romanesque » qui ne manque pas de sel. On y retrouve le style élégant et le talent de conteur qui lui obtint le Goncourt en 1997 pour « La Bataille ».
Prenez un quinquagénaire qui se retrouve inexplicablement plongé dans le Paris de son enfance, en 1953. D’abord incrédule, persuadé d’être la victime d’hallucinations, notre héros tentera par la suite de tirer profit de sa situation, car il connaît tous les grands événements mondiaux à venir. Mais il se rendra rapidement compte que cette supériorité ne lui servira à rien dans un monde totalement différent, désormais balayé, que Patrick Rambaud ressuscite avec allégresse dans ce dernier roman « L’idiot du village. »Celui qui se voit comme un « metteur en scène du passé » a réussi une fable moderne convaincante à la fois tendre et féroce, sans une once de surnaturel. Comment a-t-il eu l’idée de ce livre ? « J’étais tout bêtement en train d’attendre le bus 29 place de la Bastille, raconte-il, la voix malicieuse, pince sans rire. J’ai vu arriver un vieux bus des années 50, à plateforme, avec son contrôleur, le chauffeur devant bien isolé dans sa cabine un peu haut perchée, le même bus que j’empruntais pour aller à l’école ! Un coup publicitaire, visiblement. J’ai eu un flash ! En prenant le vrai bus qui est arrivé après, j’ai écrit des notes sur un petit carnet. Ce serait marrant de raconter l’histoire d’un type qui se retrouve dans le Paris de son enfance, 50 ans plus tôt. Que ferait-il ? Il aurait l’air complètement godiche, non ? Et c’est parti comme ça. Si ce vieux bus là n’était pas venu, j’aurais sans doute écrit autre chose. »La diversité n’a jamais fait peur à Patrick Rambaud, personnage étonnant et inclassable du monde des lettres. Journaliste, biographe, co-fondateur du magazine Actuel avec Jean-François Bizot en 1970, il est aussi l’auteur de plusieurs parodies savoureuses avec son complice Michel-Antoine Burnier. Il ne s’est également jamais caché d’écrire dans l’ombre en tant que nègre, (il préfère cependant le mot anglais de ‘ghost-writer’) pour mettre en mots les souvenirs d’espions, d’actrices, de ministres, de chirurgiens. Patrick Rambaud a calculé qu’en 35 ans de carrière, il a pondu plus de 100 000 pages en tant qu’auteur, journaliste ou écrivain fantôme. Le Goncourt lui est « tombé dessus » à 50 ans, pour son roman napoléonien « La bataille », (Grasset) doublé du prix de l’Académie Française, fait plutôt rare. Récompenses auxquelles il ne s’attendait pas, mais dont les fruits lui ont permis de faire réparer ses lunettes et d’acheter une maison à Trouville. Ont suivi dans la foulée deux autres romans remarquables sur les défaites de Napoléon Bonaparte : « Il neigeait » et « L’absent », tous deux couronnés de succès. (Grasset).Patrick Rambaud abhorre Internet, « une grande poubelle », trouve les ordinateurs dangereux, « car on est tenté de modifier telle ou telle phrase et on oublie de moduler la suite », et reste fidèle à sa vieille Olivetti Lettera 32 --« Increvable, ces trucs là » !--qui va sur ses 30 ans. Mais ce boulimique des mots apprécie le fait qu’à notre époque moderne : « On trouve tout, tout de suite, comme un bouquin rare par exemple. » Ce grand lecteur qui ne se considère pourtant pas un « intello » a 30 000 livres chez lui. Que fait-il avec le plus de sérieux ? « La cuisine, avoue-t-il, mon sport préféré avec la marche ». En attendant de retrouver le Directoire pour un nouveau roman en chantier. |
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