Posté le: Mer Fév 02, 2005 4:06 pm Sujet du message: La cloche de détresse - Sylvia Plath
Esther Greenwood a dix-neuf ans, elle est très intelligente, réussit tout ce qu'elle entreprend et débarque un mois à New York avec onze autres jeunes filles en tant que rédactrice invitée par un magazine. Cette expérience devient vite un tourbillon de dîners, défilés et autres invitations des plus fantasques et futiles dans lequel Esther va très vite perdre pied. D'elle-même elle va se mettre en retrait de cette effervescence, porter un regard critique et cynique sur la vie alentour et sur elle-même. Lorsqu'elle rentrera finir l'été chez elle, Esther va s'enfoncer dans ce sentiment d'inutilité et d'oppression, indéfinissable et incompréhensible pour sa mère ou les médecins. Enfermée dans des hôpitaux ou des asiles, Esther va tenter de guérir de ce mal inqualifiable qu'est la dépression nerveuse.
Le récit est planté dans les années 50 où l'Amérique, assez puritaine et protectionniste, blâme sévèrement les jeunes filles en perdition. La voie dictée par la société est de parfaire une éducation basique pour finalement se combler dans la vie maritale, les enfants, le ménage, etc... Mais Esther est profondément convaincue de ne jamais se marier, elle se sent poète dans l'âme, et son histoire platonique avec Buddy Willard, le fils de la meilleure amie de sa mère, étudiant en médecin, beau et charmeur, va conduire la jeune fille à la déconfiture. L'esprit de pureté à cultiver, bafoué par les hommes qui conçoivent qu'un minimum d'expérience tend à être acquis avant le mariage, va être mûrement réfléchi par Esther, encore vierge et fière de le défendre.
Et si tout n'était qu'un poids pour elle ?.. Qu'une cloche de verre qui l'étouffe et l'empêche de respirer, d'être elle-même et de vivre pleinement, sereinement ? ! Esther va plonger dans la mélancolie, va tenter de se suicider, va subir des séances d'électro-chocs, va couler dans un marasme duquel elle pensera ne jamais guérir. Mais tout espoir semble permis, même si la fin se termine en demi-teinte...C'est étrange que l'auteur n'ait pu tirer parti des leçons enseignées à son héroïne pour se sortir de son mal de vivre. Un mois après la parution de son roman, Sylvia Plath se suicidait, prisonnière de ses propres démons. "La cloche de détresse" est LE roman d'une époque, d'une condition féminine qui peine à éclore, d'un processus de démence avant d'être diagnostiqué dépression nerveuse. L'histoire révèle les hauts et les bas, la lente descente aux enfers, le pourquoi, le comment. C'est loin d'être glauque malgré le sujet, car Sylvia Plath possédait un talent extraordinaire ! Un sens poétique pour tourner ses phrases, une logique et un soin scrupuleux dans la construction de son récit, lequel combine à merveille les propres événements personnels à de la fiction. Sylvia Plath portait en elle cette jeune Esther Greenwood depuis de nombreuses années lorsqu'elle s'est enfin décidée à écrire son premier roman. Mais elle a préféré donner des ailes à son personnage plutôt qu'à elle-même, quel dommage !
Posté le: Lun Nov 14, 2005 6:03 pm Sujet du message:
Lors d’un séjour à New York, gagné dans un concours, Esther, jeune femme de 19 ans se retrouve prise dans un tourbillon de « fausses » activités : dîners, défilés de mode, … Cette expérience va mettre à jour les fêlures de son âme et lui faire perdre pied. Peu à peu, elle s’enfonce dans une spirale dépressive.Ce roman autobiographique relate de façon clinique une dépression nerveuse distraite par une existence agitée et futile qui se clôt sur une fausse guérison. Une note biographique complète ce livre.Comme chaque fois que je finis un excellent livre, un de ceux qui vont rester, un de ceux impossibles à résumer, les mots me manquent pour en parler. Que dire si ce n’est que j’ai absolument adoré ce bouquin ! J’ai particulièrement apprécié la plume de Sylvia Plath, à la fois élégante et diablement affûtée. Le regard qu’Esther pose sur le monde qui l’entoure, notamment lors de son séjour à New York m’a fortement marqué. J’ai beaucoup aimé ce mélange de fragilité de lucidité, à la limite du cynisme. La mentalité de l’époque, puritaine et conservatrice quant à la place de la femme, plombe clairement Esther qui se débat avec les diktats de la société. On la sent tiraillée entre la volonté de faire ce que l’on attend d’elle et une autre voie, jamais tout à fait définie.
Cette histoire est à la fois fascinante et épouvantable, notamment quand on pense au destin de Sylvia Plath, qui se suicida un an après la parution du roman (clairement autobiographique) sous pseudonyme. Pourtant, l’écriture limpide et superbe de Plath transcende le sujet et emporte le lecteur, tiraillé entre désolation et admiration. Je n’ai désormais qu’une envie : découvrir son œuvre poétique. On devine sous sa plume qu’elle fut une personne extrêmement brillante et, en dépit de sa disparition précoce, elle a su s’imposer dans les esprits. Une chose est sûre, je ne suis pas prête d’oublier cette lecture…
Et merci Clarabel !! _________________ http://www.thetoietlis.com
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