La Horde du Contrevent - Alain Damasio

[Dahud]

Je comprends les critiques sur la "difficulté" de la lecture. J'ai moi-même pensé la même chose au début et j'ai failli le refermer. N'empêche que je l'ai pas fait et heureusement car je considère que c'est un chef d'oeuvre. Un OVNI certes mais il y a certaines choses qui ne s'expliquent pas. C'est un livre qui m'a envahie, engloutie et qui quelque part me possède encore car j'y pense souvent. Des images sont restées après ma lecture et je dois dire qu'ils sont assez rares les livres qui laissent une telle trace sur moi.
_________________
Je crayonne sur les couvertures des mondes et des souffrances...

[Alf]

Je suis tout à fait d'accord avec toi. Je suis tombée par hasard sur un post sur un autre forum parlant de ce livre, et d'un seul coup plein de choses me sont revenues à l'esprit.
Je me suis rendu compte que ce livre ne m'a pas quitté même après que je l'ai refermé.

pour le plaisir de refaire un petit tour dans cet univers
_________________
http://sophiebaze.free.fr/

[Dahud]

Oui, je connaissais ce site et j'aime beaucoup les illustrations d'ailleurs.
D'ailleurs, c'est marrant mais suite à la lecture de ce livre, j'ai eu une envie de dessiner certaines scènes et pourtant, je ne suis pas illustratrice mais j'ai ressenti le besoin de retranscrire des images que j'avais en tête. Dommage de pas savoir dessiner.
_________________
Je crayonne sur les couvertures des mondes et des souffrances...

[Alf]

[Dahud]

J'avais essayé mais c'était un désastre, j'ai pas dessiné depuis 10 ans! Donc j'avoue que le manque de temps et la difficulté m'ont arrêtée.
_________________
Je crayonne sur les couvertures des mondes et des souffrances...

[Turb]

Commencé hier, fini aujourd'hui.

Je me retrouve dans l'ensemble des remarques faites précédemment, en les synthétisant. Ca me fait beaucoup penser au Werber du début (en mieux). J'y reviens.

Le style... va du pire au meilleur. L'auteur se complait dans son écriture, c'est certain, et c'est parfois désagréable et agaçant, surtout au début. Après on prend le pli et au saut... on ne fait pas attention aux passages qui ont ce travers. On passera sur la foultitude de gadgets (les symboles, pagination à l'envers - quoique pratique pour éviter le calcul du nombre de pages restant à lire - et autres machins) très werber-wouah-j'innove-trop-bien-recherche-conceptuelle. Mais les passages techniques (la marche, le vent, la glace, etc. le tout riche de vocabulaire), qui semblent couler tout seuls, font sentir que (souvent ?) Damasio réussit à donner l'impression du naturel et de la facilité dans son texte travaillé, signe de réussite.

Même chose, tout ce qui est philosophique a deux cotés. Le côté implicite (comprenez-le-sens-du-livre-vous-mêmes) lié à l'histoire est très réussi et est porté par cette aventure qui ressemble à une grande parabole. Quand il s'agit d'exprimer explicitement une pensée... hum... prenons une phase vers la fin qui m'a fait rigoler : "la solitude n'existe pas. Nul n'a jamais été seul pour naitre. La solitude est cette ombre que projette la fatigue du lien qui ne parvient plus à avancer peuplé de ceux qu'il a aimé, qu'importe ce qui lui a été rendu".

L'histoire consiste en une belle trouvaille qui a été très bien développée. L'auteur manipule bien le suspense. J'avais quand même deviné la fin assez vite car 1) c'est la seule hypothèse jamais émise dans le livre 2) l'auteur cite Nietzsche dans sa bio (où il se montre très imbu de lui-même à la limite du gag mais passons), mais elle est très bien. Mise en abyme dans la grande lignée de l'anticipation/SF tout ça.

Bref, comme j'ai dit, ce livre me laisse la même impression qu'après mes premières lectures de Werber. Et d'autant plus avec le regard que j'ai maintenant sur les livres de Werber. Damasio peut soit se complaire dans ce qu'il vient de faire, et se gonfler d'orgueil (et du coup se caricaturer lui-même - je ne sais pas qui a parlé de Proust : faut pas dire ça aux gens, surtout à l'auteur, ça leur fait croire des choses), soit écrire d'autres livres et laisser celui-ci vivre sa vie. En résumé, c'est comme Matrix : s'il fait vraiment la suite, il se werberisera, et ça sera vraiment dommage.
_________________
En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus

[Spike]

Je remonte ce post pour donner mon avis.

A dire vrai, j'ai vraiment adoré cette histoire, même si aux premières lectures des pages j'ai reposé le livre, me disant que je capte rien, ni à l'histoire ni aux symboles et que je vais lire autre chose sans me prendre la tête. Bref, deux mois plus tard, je retombe dessus et je m'y mets ! Alors oui, comme certains j'ai trouvé le début assez difficile, les tournures de phrases sont pas évidentes et on est directement immergé dans un charabia de vocabulaire sur le vent, ce vieux père siffleur comme dirait l'autre.

Mais passez les 10 premières pages (et encore, moins) on accroche vite à l'histoire et aux personnages. Donc rien à dire pour moi.

Quant à une suite...oui non, oui non...en fait j'aimerai bien voir une suite, juste parce que ça m'a laissé sur ma fin, c'est le cas de le dire.

Je conseil donc ce livre, même aux septiques au fond qui soufflent, si vous avez envie de prendre du plaisir et de découvrir des personnages et un monde prenant !

[Laria]

Ca c'est un livre que je suis sûre de relire. D'une part parce que je l'ai adoré, ensuite parce qu'il y a - beaucoup - de passages que je ne suis pas sûres d'avoir parfaitement compris et enfin, parce que je suis sûre que j'ai manqué des trucs en cours de route. Il y a trop à appréhender en une seule lecture je trouve.
_________________
Mille et un mondes

[Kurkaru]

Personnellement j'ai apprécié ce livre. Comme un certain nombre d'entre vous je l'ai trouvé relativement dur à lire... Et je dois dire qu'a mon avis c'est c'est ce qui donne une bonne partie de l'intéret du livre : on lutte contre le livre comme les héros luttent contre le vent. Par contre je dois bien reconnaitre que certain passage sur les chrones, j'ai complètement décroché ><

[Laria]

[krys]

accrochez-vous, ça va souffler ! nous voici embarqués dans un monde dirigé par le vent ; omniprésent, c'est Lui que la horde doit affronter chaque jour, le contrer sous toutes ses formes, jusqu'à l'affrontement final, la neuvième forme, la plus dangereuse...
Des personnages bien distincts, reconnaissables à la lettre grecque qui les caractérise, s'expriment tour à tout sur le voyage qu'ils accomplissent, tendus vers un seul but : trouver l'origine du vent, aller là où personne encore n'a pu se rendre. L'univers est étonnant, le vocabulaire complexe, les descriptions sont magnifiques, imagées et poétiques, d'une sensibilité extrêmement touchante, qui fait qu'on reste saisi, même si le sens nous échappe parfois.
Un voyage dont on ne revient pas vraiment...
_________________
Fantasy can become reality (Stratovarius).

[theyoubot]

La Horde du Contrevent n'est pas un roman de fantasy
_________________
Tennis de Table Bordeaux

[theyoubot]

[Hoël]

C'est-à-dire qu'il s'agit pour ma Pomme beaucoup plus d'une oeuvre poétique que romanesque . Il n'est donc pas étonnant que ceux qui ne sont guère friands de poésie n'accrochent pas .

En tout cas , c'est sans doute le bouquin qui a suscité le plus grand nombre de polémiques ces dernières années au sein de "notre club" (pour reprendre l'expression de Serge Lehman .
_________________
"Tout est dans tout et réciproquement ."

[Lisbeï]

J'aime la poésie. Pas celle-là. Et surtout j'ai été très déçue par la fin.
_________________
Même le soleil se couche.

[CeNedra]

Je l'ai mais depuis des années, mais je n'arrive pas à l'ouvrir.
_________________

[Hoël]

[CeNedra]

_________________

[theyoubot]

[Lisbeï]

[Turb]

Je m'étonne des avis très tranchés sur ce livre, depuis le début.

Pour moi, il ne mérite pas les louanges dithyrambiques qui ont été faites, a de grosses faiblesses (en partie dues aux chevilles de l'auteur), mais contient quand même de bonnes idées et est intéressant, à condition d'utiliser son droit de sauter des pages. Comme je le disais plus haut, il est très inégal suivant les passages.

Sinon, ce n'est clairement pas de la Fantasy, effectivement (bon, la section est nommée "...et Imaginaires"). Du Planet Opera ?
_________________
En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus

[Lisbeï]

Oui, pour moi c'est clairement du Planet Opera.
_________________
Même le soleil se couche.

[theyoubot]

[Hoël]

Faut quand même noter que sur les sondés , 24 l'ont aimé et seulement 4 l'ont détesté...
En revanche , il s'agit bien de détestation , j'ai rarement vu un livre qui déchaîne autant de controverses .
_________________
"Tout est dans tout et réciproquement ."

[theyoubot]

[Hoël]

Quel procédé ?
_________________
"Tout est dans tout et réciproquement ."

[theyoubot]

Troubler son eau pour la faire paraître profonde, comme disait Nietzsche.
_________________
Tennis de Table Bordeaux

[Lisbeï]

[Crazy]

[theyoubot]

Ta remarque me laisse un peu perplexe. Est ce que tu pensais que la SF impliquait forcément des armes futuristes, des vaisseaux spatiaux et des extra-terrestres ? Beaucoup de romans SF décrivent des civilisations technologiquement moins avancées que la notre. Ils bâtissent des cultures cohérentes mais radicalement différentes de la notre à partir de données géographiques, démographiques ou historiques différentes. C'est le cas ici.

Par ailleurs, fantasy implique magie et / ou bestiaire approprié (dragons, trolls etc.). C'est le consensus sur ce forum (jette un oeil aux autres titres de la section). C'est aussi le consensus plus ou moins partout ailleurs.
Pour plus d'infos : Ne pas confondre Fantasy et SF où on rappelle grosso modo les grandes catégories, le rôle de la magie dans le distinguo etc. D'ailleurs, pourquoi ne pas le mettre en post-it ? C'est un topic qui aiderait ceux qui hésitent à y voir un peu plus clair.

Ceci dit, il n'y a pas mort d'homme. Si tu veux le laisser en fantasy, ce n'est pas un souci. Il y a trois ou quatre autres romans qui sont mal classés. Ca n'empêche personne de dormir. Peu importe la pertinence de l'étiquette pourvu qu'on sache de quel roman on parle.
_________________
Tennis de Table Bordeaux

[Hoël]

Soit , mais la S.F. implique une dose certaine de rationnalité , penses-tu vraiment que Damasio s'en soit tant soucié ?
Connais-tu des équipes de rugby ?
Crois-tu que la plupart d'ente elles aient une approche froide du combat ?
Parce qu'entre autres choses , ce dont la Horde parle , c'est d'une équipe de rugby , de son talonneur , de ses piliers , de ses 2èmes et 3èmes lignes , de son demi de mêlée , de son demi d'ouverture , etc... il y en a quinze .
Je suis depuis sa sortie stupéfait de constater que ce bouquin n'est pa confronté à la culture dont il se revendique .
La fin vous mystifie ?
Quand on a marqué l'essai on retourne au centre pour tout recommencer .
L'histoire , il n'y en a pas , c'est un match !
_________________
"Tout est dans tout et réciproquement ."

[Lisbeï]

Et il y a tant de morts que ça, dans les matchs de rugby ???? Cela dit, merci pour cette remarque très intéressante : je n'y aurais jamais pensé toute seule, mais c'est tout à fait pertinent. Pour le classement, toutefois, je ne vois pas ce que ça change : le rugby n'est pas + fantasy que SF, si ? Qqch d'autre a dû m'échapper... Pourtant personne n'a jamais hésité à classer La guerre olympique, de Pelot, en SF, il me semble...
_________________
Même le soleil se couche.

[theyoubot]

[Hoël]

En fait , ma première phrase n'avait pas vraiment de rapport avec la définition de la S.F. ou autre , je m'adressais plutôt aux multiples remarques sur la fin qui en a déçu beaucoup ce qui est compréhensible si on ne voit pas le déroulement du bouquin comme celui d'un match .

Crazy , pour amener un essai , il est fréquent que des joueurs se sacrifient et aillent à terre afin que le dernier aille poser le ballon derrière la ligne , métaphore et tout ça .
_________________
"Tout est dans tout et réciproquement ."

[theyoubot]

Ok.
Je croyais que tu répondais sur le classement du livre en SF. En fait, si cet esprit d'équipe et de sacrifice dans une bataille sans fin évoque effectivement le rugby, il évoque surtout toute une littérature de romans sur la guerre.

A chaque page de ma lecture de La Horde du Contrevent, j'avais le sentiment que Damasio plagiait un roman de guerre. En changeant seulement quelques détails. Une petite compagnie de soldats aguerris, soudés par l'adversité, affrontant courageusement les épreuves et la mort. Avec leurs armes (leurs outils), leurs spécialités, leur hiérarchie, leurs relations avec les "civils". Prêts à donner leur vie pour la réussite de la mission.
Sur tous ces codes narratifs du roman de guerre, Damasio a appliqué une teinture SF (climat, habitat, coutumes, technologie etc.) et la "poudre aux yeux" stylistique déjà évoquée plus haut.
_________________
Tennis de Table Bordeaux

[Lisbeï]

[Hoël]

Ben si , justement , pour n'importe qui dans n'importe quelle situation , voir que ses sacrifices amènent des résultats , ça relativise grandement la douleur du sacrifice .
Et puis , le sacrifice de soi pour les autres , c'est un peu un des fondements de la solidarité et de la république , non ?

Bon , après , personne n'est obligé d'aimer la solidarité et la république...
_________________
"Tout est dans tout et réciproquement ."

[Crazy]

[theyoubot]

C'est ce que j'avais supposé. Ce fil t'aura appris ce qu'est un planet opera SF et j'aurai appris que tu l'ignorais. Tout le monde ressort de ce fil mieux informé qu'en y entrant.
_________________
Tennis de Table Bordeaux

[Lisbeï]

Hoël, ma réaction portait sur le fait que tu m'appelles Crazy ;-).
_________________
Même le soleil se couche.