Posté le: Dim Mai 07, 2006 9:07 am Sujet du message: Il est difficile d'être Dieu - Arkadi Strougatski & Boris Strougatski
Par Dracosolis
Il Est Difficile d’être Un Dieu des frères Strougastky (c’était paru chez Pdf mais là je crois que c’est épuisé, bouquinistes donc !)Notre terre a bien changé, désormais nous sommes bons, respectueux les uns des autres et civilisés. Nous avons presque atteint la perfection divine.
Tellement respectueux des autres d’ailleurs que lorsque nous tombons sur la planète Arkanar qui ploie sous le joug d’une société féodale et obscurantiste, nous n’intervenons pas. Enfin pas directement. Certains d’entre nous vont s’installer sur Arkanar et tentent de changer les choses en douceur de l’intérieur... ils font du bon travail.
Mais il si difficile parfois d’être un dieu, de regarder les siens mourir quand on pourrait les sauver...
Mon premier livre de sf/fantasy : un univers medfan et une intervention sf. La claque !
J’ai adoré ça et ne m’en suis pas remise depuis.
En plus y'a une vraie réflexion à l'intérieur, c'est le côté soviet ça, des gens sérieux!
Ayerdhal faisait remarquer, je sais plus où, que les littératures de l'imaginaire devaient bien avoir un fonction subversive, puisque dans les dictatures, c'était elles que la censure cognait en premier, avec les Strougastky on est pas très loin.sinon je me rappelle qu'un film a été tiré de ce roman:"un dieu rebelle". j'en ai de bon souvenirs comac, mais je me souviens qu'il avait été éreinté à la sortie par la critique
ce qui ne veut absolument rien dire
dans un sens ou dans l'autre
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Mer Avr 29, 2015 2:09 pm Sujet du message:
Le roi d'Arkanar, malade, s'en remet pour tout à son redoutable Ministre de la Sûreté, don Reba. Celui-ci a décidé d'éradiquer toute étincelle de savoir et de culture dans cette société de type féodal : les hommes de science, qu'ils soient savants ou guérisseurs, sont pourchassés et exécutés avec la même vigueur que les artistes, ou même ceux qui ont malheureusement appris à lire et à écrire... La purge est terrible et la terreur règne sur le peuple mais également la noblesse, chacun fermant les yeux sur ce qui arrive aux autres de peur d'être la prochaine victime.
En apparence, don Roumata est un jeune noble insouciant comme tant d'autres, plutôt fortuné et épéiste hors pair. Mais dans l'ombre, il est l'un des rares à avoir conscience de ce qui arrive à Arkanar. Effaré par la montée du totalitarisme, il essaie de convaincre ses amis secrets du danger imminent et de la nécessité d'intervenir. Hélas, leur credo est la non ingérence : don Roumata et les deux cent cinquante autres personnes dissimulées sous de fausses identités sont en fait des observateurs venu de la Terre, des hommes auxquels leur technologie plus avancée donne des pouvoirs divins sur cette planète arriérée mais qui se sont donnés pour unique mission d'étudier les événements sans y prendre part...
Ce classique de la science-fiction nous propose une histoire poignante et intemporelle. Les frères Arcadi et Boris Strougaski analysent avec lucidité les mécanismes de l'arrivée au pouvoir d'individus qui semblent au départ insignifiants mais se transforment finalement en tyrans monstrueux tandis que le peuple reste passif, comme ce fût le cas en Europe avec le fascisme et le nazisme par exemple mais également bien sûr en URSS, patrie des deux auteurs. Comme un miroir de cette réflexion, un deuxième thème de questionnement concerne l'interventionnisme : un observateur extérieur doit-il agir s'il le peut pour mettre fin à ces atrocités ? Sinon, qu'en est-il de son humanité ? Mais est-il vraiment possible d'infléchir le cours des événements, intimement lié à la nature humaine, sans retomber dans une situation analogue ?
Que ceux qui ne sont pas adeptes de philosophie se rassurent : ce côté intelligent du récit est entièrement intégré à une intrigue prenante et agréable à suivre, dans laquelle on suit intimement un jeune homme fort attachant qui est au cœur des événements. Les personnages secondaires donnent corps au récit et le tout est très agréable à lire. C'est court et vite lu, mais saura rester dans la mémoire des lecteurs.
Ce roman a été adapté en jeu vidéo mais également deux fois au cinéma : la première en 1991 par Peter Fleischmann sous le titre Un dieu rebelle, la deuxième en 2013 par Alexeï Guerman. Je n'ai vu ni l'un ni l'autre de ces films donc je ne vous en parlerai pas, mais il est clair que cette dernière adaptation a remis au goût du jour ce roman qui n'a pas pris une ride malgré son âge !
(Chronique réalisée pour les Chroniques de l'Imaginaire) _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Inscrit le: 27 Juin 2011 Messages: 3319 Localisation: Great North
Posté le: Jeu Avr 30, 2015 8:57 am Sujet du message:
Oui, un des chefs-d'oeuvre des frères Stroutgasky avec Stalker ou Un gars de l'enfer ; par rapport à la citation de Yal , c'est vrai que la liberté d'expression dont ils ont bénéficié alors que tout était muselé m'a toujours interloqué. Brejnev les a censurés , certes , mais ils ont pu continuer à publier. _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
Posté le: Mer Oct 28, 2015 8:55 am Sujet du message:
J'avais trouvé ça assez mauvais.
- l'intrigue politique avance par à-coups, de façon peu naturelle
- les dialogues sont partiellement redondants, dans une stratégie à peine dissimulée de remplissage. Les auteurs n'avaient pas assez de matière pour un roman, et même ainsi le roman est (heureusement) très court.
- zéro réflexion sur le dilemme moral du héros et sur les mécanismes du pouvoir dans nos sociétés. L'auteur flirte avec ces thèmes sans jamais les traiter, simple poudre aux yeux.
Pour moi, la seule chose digne d'intérêt dans ce roman, c'est son pitch prometteur.
PS : autre faux pas - mais que je pardonne totalement aux auteurs - le sous-texte de propagande soviétique. C'est assez affligeant. La noblesse, le clergé et les petits commerçants (!) sont présentés comme des organisations de tueurs psychopathes qui se consacrent exclusivement à la torture et au génocide des gens du peuple et des scientifiques. Je pardonne cette caricature parque j'estime qu'en pleine dictature soviétique, les frères Strougatski avaient le droit, comme tout un chacun, de ne pas mourir dans une cellule du KGB.
D'ailleurs, la décennie suivante, ils auront le courage admirable d'écrire des textes subversifs censurés par le régime. _________________ Tennis de Table Bordeaux
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