Posté le: Mar Aoû 30, 2005 11:31 am Sujet du message: Mesdames, souriez - Jessica L. Nelson
Eté caniculaire, dans un appartement parisien, deux antogonistes s'affrontent : Louisa Marie, étudiante de vingt ans, superficielle et légère, contre la Vieille, l'Autre, l'Antique, jamais nommée, juste désignée, quatre-vingt dix ans bien sonnés, un menhir dressé sur ses pattes, la babine bavante de haine. Ces deux-là cohabitent dans le même appartement depuis trois ans, l'une par héritage, l'autre par "raison". Mais ni l'une ni l'autre ne peuvent se sentir et leurs dialogues virent aussitôt en pugilat. Et les deux mois à venir, sous des températures assommantes et invivables, vont plonger les deux protagonistes loin d'une torpeur légendaire !
"Mesdames, souriez" est le premier roman d'une franco-américaine de vingt-cinq ans. Et je lui pardonne ses quelques facilités à dessiner une héroïne frivole et obsédée par son apparence et la maigreur de son corps, le catalogue d'une tribu aux moeurs faciles et folâtres. Par contre je suis conquise par le rapport haine-amour entre les deux femmes, les abus, la vie impossible, la guerre des nerfs ! De plus, l'auteur a pris le parti d'être équitable avec les deux - tendresse, respect, agacement et solidarité pour chacune ! Du moins, moi je l'ai ressenti comme ça. Et j'ai dévoré les 200 pages d'une traite ! L'envie de meurtre, même si elle se justifie, est un cap difficile à franchir - on se demande jusqu'à quand Louisa Marie va tenir le coup ! Osera-t-elle aller jusqu'au bout de ses cauchemars ? Suspense entier !
Le titre reprend une réflexion de Madame de Maintenon qui me touche et donc je la répète : "Mesdames, souriez afin que plus tard, vos rides soient bien placées" ! Fayard, 206 pages.
Posté le: Lun Oct 17, 2005 11:52 am Sujet du message:
Dans ta critique Clarabel, tu plantes solidement le décor et l'argumentaire du roman, je n'y reviens donc pas.
C'est un roman comportant pas mal de maladresses, mais pour autant, contrairement à Arti, j'ai cru aux personnages. J'ai détesté Louisa et ses réflexions totalement égocentriques, lui ai accordé que moi non plus je ne supporterais assurément pas la vie ouatée sous cellophane que la Vieille voudrait lui imposer, ai été vraiment attendrie par ces scènes où malgré elle, ces deux femmes cheminent l'une vers l'autre.
Au fond, tout le roman est là, dans la vision effrayante de la vieillesse, dans le jugement péremptoire et acariâtre de l'âge sur les façons de vivre des jeunes.
On est très loin de Tatie Danielle, la canicule ajoutant encore à la sensation d'ettoufement qui nous saisit de page en page.
Alors pas complètement abouti, d'accord, mais auteure à surveiller, talent présent.
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