[Cycle] Le dit de Cythèle - Nicolas Cluzeau

[pandore]

Le dit de cythèle est une tétralogie de fantasy - à la croisée des chemins puisqu'on y retrouve science et magie, démons et titants, antiquité et renaissance - qui est un excellent cycle de fantasy - voire l'un des cycles les plus intéressants de ces dernières années.
Et sa construction, toute wagnérienne - avec "la ronde" pouvant être considérée comme un prologue et les trois autres tomes comme un "tout" est proprement géniale
Etant moi-même chez nesti, on pourrait croire que je prêche pour ma propre église mais ce n'est pas le cas - j'aime à penser que je demeure capable malgré tout d'objectivité.... I - la ronde des vies éternelles
A l'appel d'un ancien sortilège, quatre personnages hors du commun se rencontrent près d'un bourg étrange et ensorcelé, Corollis. Cythèle, prêtresse d'un dieu gardien des morts, a rêvé de cet endroit dans ses cauchemars, et s'en vient pour avoir des réponses à ses questions sur sa foi. Eringvard, un nordhommois fougueux possédant du sang féerique, veut découvrir la vérité à propos de sa mère qui l'a abandonné. Brytomarte, bretteuse et officière dans l'armée de la République, a trouvé le courage de venir affronter un passé monstrueux et traumatisant. Syrmaïl, un mage médiocre de l'Académie de Vilanöé, a décidé de vaincre les limites de la mortalité. Joignant leurs forces pour affronter les cauchemars de leurs vies présentes et passées, ils vont devoir traverser des épreuves personnelles avant d'affronter enfin la vérité de Corollis et la nature de sa malédiction. Les racines de cet ancien sortilège s'enfoncent profondément dans la ronde des vies éternelles… Roman déroutant, très lovecraftien tant dans la construction de certaines phrases que par l'atmosphère cauchemardesque qui s'en dégage, ce premier tome, à la frontière du fantastique et de l'horreur, est avant tout un jeu sur la réalité et l'illusion, le rêve et la veille... L'auteur s'est d'ailleurs dit assez influencé par la pensée platonicienne sur ce volume.
J'ai pris énormément de plaisir à la lecture de ce roman, parce qu'il était touffu, ardu, bousculait toutes les frontières et possédait une dimension introspective très affirmée - je sais aussi que c'est en partie pour cela que certains lecteurs, plus habitués à des cycles classiques (un héros, une princesse, un elfe, plusieurs possibilités) n'ont pas du tout accroché.
Pour ma part, je me suis laissée véritablement happer par cette descente aux enfers - Dante était-il une influence inconsciente ? - souvent brutale, parfois cruelle (ou vice versa) et si j'en suis sortie épuisée, vidée... j'étais impatiente de me jeter sur le second tome... II - Leslarmesdu démon
Cythèle, amère et déçue après avoir accompli la vengeance de Plutonis, décide de retrouver les trois âmes perdues de sa famille. Cependant, celles-ci sont éparpillées dans tout le Multivers, et seules les paroles énigmatiques d'une prophétie ancienne sont censées lui indiquer la voie. Tout pointe vers Corollis, à présent libérée de sa malédiction. Néanmoins, ce n'est qu'une étape vers le monde terrifiant et fascinant d'un prince-démon, Desrad. Une dimension où, pour accomplir sa première quête - et simplement survivre -, Cythèle devra bon gré mal gré s'associer avec de bien singulières et exotiques créatures. Ensemble, ils découvriront le secret trimillénaire qui se dissimule derrière les larmes du démon Où l'on fait connaissance avec de bien exotiques créatures en effet - merraz, un homme tigre venu d'un monde où semêlent technologie, magie et bushido , Triliock, complexe, drôle et coincé dans le corps d'un homoncule, une démone mineure qui est bien différente en vérité de ce qu"'elle paraît être... Tout ceci dans une strate démoniaque oùpolitique, empoisonnements, coups d'états et trahison sont choses commune, bien évidemment! Un ton très différent du premier tome, une ambiance plus légère qui n'enlève rien à la complexité de l'intrigue mais rend au contraire la lecture plus aisée - parce que beaucoup plus saine!! - que le premier tome...
Le lecteur comprend peu à peu qu'il se trouve au coeur d'un gigantesque mutlivers, où se nouent maintes intrigues...et c'est avec impatience qu'il se jette frénétiquement sur le troisième tome
III - la citadelle du titan(suite quand j'aurai un peu plus de temps)
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III - la citadelle du titan, donc...
Emportant avec eux l’âme du mari de Cythèle, celle-ci et ses trois compagnons, le puissant archimage Triliock, le valeureux homme-félin Merraz et Ambre Shanael, une combattante Nerhalfen sans foi ni loi, se sont enfuis de DesrelWhurd, le monde démoniaque. Suivant la prophétie du Dieu des Morts, il leur faut à présent, pour retrouver la deuxième âme, passer dans un des trois Mondes Titaniques, Mytheiril, et rejoindre l’Asgard Éternelle. Cependant, tout n’est pas aussi facile que les textes le laissent entrevoir. Une vieille ennemie d’Ambre et un mage d’un ordre vieux de quatre mille années, les Sorciers d’Argile, s’intéressent aussi de près à la guerre civile qui déchire les partisans de Loki et de Thrym dans le Stürmheim. Au milieu d’un déchaînement de batailles opposant anciens dragons, Nibelungens, Géants et Héros asgardiens, Cythèle et ses compagnons auront fort à faire pour comprendre et survivre à l’énigme de la Citadelle du Titan… Construit de manière plus linéaire que les Larmes du démon, ce troisième opus n'en est pas moins haletant et plein de panache - mais comment pourrait-il en être autrement, aussi, sur un continent dirigé par des divinités nordiques, déchirées par de vieilles rivalités et des rancoeurs ancestrales ?
les caractères des différents protagonistes s'affirment de plus en plus - Cythèle, obsédée par la quête des ames de sa famille, est prête à sacrifier des centaines de vies pour y parvenir ; Merraz, l'homme tigre, farouche guerrier lui demeure loyal envers et contre tout ; Triliock, l'énigmatique et drôlatique Triliock, s'avère de plus en plus complexe et Ambre Shanael - nièce du célèbre Nerhalfen Lynor Shanael (dont il est rarement question dans ce cycle, sauf en note or, cela a pourtant son importance) apparaît, à l'opposé de Cythèle, plus "humaine" quoi que guidée par la vengeance.
Quant aux sorciers d'argile, ils profitent de la confusion ambiante pour tenter de réaliser leurs sombres desseins - qui veut la fin ....
Et tout cela bien sûr au milieu de batailles titanesques où techno magie et foudre divine sont confrontées à l'une des plus vieilles puissances du monde - un dragon... IV - Le souffle du dragon
Cythèle et ses compagnons laissent derrière eux l’Asgard Éternelle et le Sturmheim dans un état de guerre ouverte. Mais qu’importe à la prêtresse, car elle a sauvé l’âme de son deuxième enfant des griffes de Loki. La prophétie d’Eréas, fils de Plutonis le dieu des Morts, et un incident sur la Forteresse magique de son compagnon, Triliock l’archimage, va les mettre sur la voie de la troisième âme. Retournant sur Thorion Weir, ils vont à présent diriger leurs pas au cœur des jungles de Vandirac, dans la capitale de la République des Sorciers d’Argile. Harmelinde et sa fille Deirdre, les deux magiciennes de l’ambassade de Vilanöé, viennent d’y arriver pour assister à une cérémonie prévue de longue date, mais les retrouvailles des trois femmes ne seront pas sous les meilleurs auspices : les Sorciers d’Argile semblent plus puissants et arrogants que jamais, et un groupe d’assassins-démons et de nécromants venant d’un autre continent semblent vouloir saboter les réjouissances de la toute nouvelle République. Pris dans la tourmente politique et religieuse, Cythèle et ses compagnons devront, pour retrouver la troisième et dernière âme, marcher sur les flammes du Souffle du DragonOù l'on retrouve Harmelinde, deirdre, des Nerhalfens, une Daemoni terrifiante et complexe, des jeux politiques innombrables, de la magie - pas toujours très blanche - et un final assez apocalyptique, qui ne laisse personne indemne. Le fond de ce dernier tome est très politique - et religieux (mais cela va de pair, non ? ), jamais manichéen et la fin, si elle est frustrante parce que se termine - de manière logique finalement - avec l'achèvement de la quête de cythèle, laisse plein de portes ouvertes, de dpoutes et d'interrogations, tout en évitant les sempiternels retours des héros dans leur foyer....
En résumé : le dit de Cythèle, une saga complexe ouvrant grand les portes du multivers de Nicolas Cluzeau, est un véritable régal à la lecture - bien écrit, fin, subtil avec de temps à autres de belles démonstrations de force (batailles, duels épiques), avec une intrigue cohérente - et suivant finalement à la lettre la règle d'or d'Aristote (ce qui n'est pas le cas de tout le monde) - et des personnages profonds et travaillés... A mon sens, u incontournable de la fantasy francophone (et de la fantasy tout court, d'ailleurs)!!!
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