shopgirl
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Posté le: Mar Nov 08, 2005 9:57 pm Sujet du message: Funérailles célestes – Xinran |
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En 1956, Wen et Kejun sont de jeunes étudiants en médecine, remplis de l'espoir des premières années du communisme en Chine. Par idéal, Kejun s'enrôle dans l'armée comme médecin. Peu après, Wen apprend la mort de son mari au combat sur les plateaux tibétains. Refusant de croire à cette nouvelle, elle part à sa recherche.L'histoire de Wen est véridique. A l'époque où Xinran, journaliste à Pékin, recueillait les confidences des femmes dans son émission de radio (publiées dans Chinoises), elle a rencontré cette femme qui lui a raconté son histoire. Bouleversée par ce récit qui réveillait en elle un souvenir d'enfance, elle lui a consacré un livre, qui éclaire d'un jour poignant le rite des funérailles célestes.
Si vous ne devez lire qu’un livre ce mois-ci, lisez celui-là ! J’ai été tellement prise par ce témoignage que j’ai l’impression de revenir d’un séjour au Tibet. J’ai vécu avec Wen, j’ai marché dans ses pas, j’étais à ses côtés et suis passée par tous les sentiments possibles. L’évocation du thé au beurre me donnait envie de me faire du thé (sans beurre de yak, non merci !), j’ai traversé des montagnes, j’ai dormi sous une tente de nomades tibétains, j’ai rencontré Zhuoma, Saierbao et sa famille, j’ai eu envie de craquer, j’étais amoureuse… Cette histoire est terriblement poignante et l’on imagine sans peine à quel point Wen a été déstabilisée par un monde culturellement très éloigné du sien. Une des choses qui m’a le plus marquée est le rapport au temps. Nous vivons dans un monde où le temps est une donnée à gérer au mieux. Le monde des nomades tibétains est tout autre : le temps se mesure en saisons et s’adapte au cycle de la nature. C’est ainsi que Wen apprendra la patience (et le lecteur aussi). Et le temps passe, les années s’écoulent avant que sa quête prenne un tournant décisif. Compter en termes de saisons change tout et on comprend mieux pourquoi Wen a passé tant de temps au Tibet, sans même réellement sans rendre compte. Ce récit m’a tellement pris aux tripes que j’ai du mal à en parler. J’ai l’impression d’avoir vécu une expérience hors du commun, quasi impossible à partager. Il m’est, par ailleurs, très difficile de lire autre chose et j’ai très envie de lire Chinoises du même auteur. Ne passez pas à côté de ce livre magnifique !
Philippe Picquier / 190 pages _________________ http://www.thetoietlis.com |
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