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Posté le: Sam Avr 18, 2009 6:45 pm Sujet du message: Loterie solaire - Philip K. Dick
Sur cette Terre de l'avenir, le Jeu décide du sort des hommes. Tel qui oeuvrait servilement dans uns colonie industrielle peut devenir du jour au lendemain maître du monde, Meneur de Jeu, si les hasards des combinaisons atomiques du minimax en décident ainsi.
Ted Benteley est un biochimiste de 33 ans qui vient d'être licencié. Idéaliste, las de la corruption de cette société régie par la théorie des jeux, il se rend aussitôt au Directoire pour prêter serment au Meneur de Jeu Reese Verrick.
Mais ce même matin, la bouteille de la loterie magnétique désigne un autre Meneur de Jeu, Léon Cartwright, un réparateur électronicien, non classifié, Prestonite, pour remplacer Verrick comme leader. Cartwright va devoir affronter les assassins légaux avec pour seule protection la garde prétorienne de télépathes. Son but est de survivre assez longtemps pour favoriser l'expédition de localisation de la dixième planète mythique découverte par John Preston, le fondateur du culte Prestonite.
Quant au naïf Benteley, désormais serf de Verrick, il se retrouve au milieu de cette lutte acharnée pour le pouvoir, découvrant que la corruption règne également au plus haut niveau. Son idéalisme changera la face du monde.
Un roman que j'ai beaucoup aimé. Une bonne idée, des personnages intéressants, c'est bien sympa. Un de mes Dick préférés.
Citation:
- J'aimerais pouvoir démolir tout ça d'un seul grand coup. Mais c'est inutile. Ca s'écroule tout seul. Tout est creux, vide, métallique. Les jeux, les loteries - des jouets colorés pour enfants ! Seul le serment fait que cela tient encore. Situations à vendre, cynisme, luxe et pauvreté, indifférence... et les hurlements de la TV qui couvrent tout. Un homme va en assassiner un autre et tout le monde applaudit et regarde. En quoi croyons-nous ? En de brillants criminels travaillant pour de puissants criminels. Et nous vouons notre fidélité à des bustes en plastique.
- Le buste est un symbole, et il n'est pas à vendre. (Les yeux d'Eleanor lancèrent un éclair de triomphe.) Tu le sais, Ted. La fidélité est notre bien le plus précieux. La fidélité qui nous relie, celle qui lie le serf à son protecteur, l'homme à sa maîtresse.
- Peut-être, dit lentement Benteley, devrions-nous être fidèles à un idéal.
- Quel idéal ?
L'esprit de Benteley se refusa à formuler une réponse. Ses rouages étaient bloqués. Des pensées inhabituelles et incompréhensibles se frayaient un chemin jusqu'à une conscience qui ne désirait pas les accueillir. D'où provenait ce torrent ? Il l'ignorait.
- C'est tout ce qu'il nous reste, finit-il par dire. Nos serments. Notre fidélité. C'est là le ciment sans lequel tout l'édifice s'effondrerait. Et que vaut-il ? Pas grand-chose. Il commence déjà à s'effriter.
- Ce n'est pas vrai, s'écria Eleanor.
- Moore est-il loyal envers Verrick ?
- Non, et c'est pourquoi je l'ai quitté. Lui et ses théories ! C'est tout ce qu'il connaît ! (Ses amulettes porte-bonheur se balançaient furieusement.) Je hais tout cela !
- Verrick lui-même n'est pas loyal, dit Benteley doucement, observant les réactions de la jeune femme, dont le pâle visage exprimait une totale stupéfaction. Ne blâme pas Moore. Il essaie de monter le plus haut possible, comme tout le monde, comme Reese Verrick lui-même. N'importe qui jetterait son serment aux orties pour disposer d'une plus grosse part du butin, d'un petit peu plus d'influence, de puissance. C'est une énorme bousculade vers le sommet, et rien, aucun obstacle, ne les arrêtera. Quand toutes les cartes seront sur la table, tu verras ce que vaut la loyauté.
- Verrick ne romprait jamais son serment ! Jamais il ne laisserait tomber ceux qui dépendent de lui !
- Il l'a déjà fait. Il a violé un code moral en me laissant prêter serment. Tu dois le savoir mieux que personne, n'est-ce pas ? J'ai prêté serment de bonne foi.
- Dieu ! s'exclama Eleanor avec lassitude. Tu ne lui pardonneras jamais cela, n'est-ce pas ? Parce que tu crois qu'on s'est moqué de toi.
- C'est plus grave que cela, ne t'y trompe pas. Toute cette misérable structure commence à révéler son véritable caractère. Tu le verras, un jour. Moi je l'ai vu et je suis prêt. Que peut-on attendre, d'ailleurs, d'une société fondée sur les jeux et l'assassinat ?
Posté le: Dim Avr 19, 2009 10:38 am Sujet du message:
Ce n'est pas mon préféré parmi les K. Dick peut-être car il reste très sage dans ses élucubrations. Cependant, ce livre part d'une idée intéressante, qui est très bien développée et donne un livre passionnant. _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Inscrit le: 23 Aoû 2008 Messages: 298 Localisation: Au coeur des choses
Posté le: Dim Avr 19, 2009 7:02 pm Sujet du message:
Ca c'est mon exemplaire !
Que peut-on attendre d'une société basée sur le jeu et l'assassinat ainsi que sur un système féodal de vassal et de suzerain ?
Dick est jeune en 1955 lorsqu'il écrit ce livre qui, s'il n'est pas forcément dans ses meilleurs, annonce déjà l'écrivain brillant et engagé qu'il sera.
Avec un scénario parfaitement bien huilé et, à quelques égards hitchcokien, il nous entraîne dans une troublante réflexion sur l'évolution de la société et nos systèmes d'organisation politique. La fin est géniale.
Un extrait très représentatif du désarroi de notre héros :
— J'aimerais pouvoir démolir tout ça d'un seul grand coup. Mais c'est inutile. Ca s'écroule tout seul. Tout est creux, vide, métallique. Les jeux, les loteries — des jouets colorés pour enfants ! Seul le serment fait que cela tient encore. Situations à vendre, cynisme, luxe et pauvreté, indifférence... et les hurlements de la TV qui couvrent tout. Un homme va en assassiner un autre et tout le monde applaudit et regarde. En quoi croyons-nous ? En de brillants criminels travaillant pour de puissants criminels. Et nous vouons notre fidélité à des bustes en plastique.
— Le buste est un symbole, et il n'est pas à vendre. (Les yeux d'Eleanor lancèrent un éclair de triomphe.) Tu le sais, Ted. La fidélité est notre bien le plus précieux. La fidélité qui nous relie, celle qui lie le serf à son protecteur, l'homme à sa maîtresse.
— Peut-être, dit lentement Benteley, devrions-nous être fidèles à un idéal. _________________ L'un pour lire tourne le dos à la vie et l'autre, résolu à s'y épanouir, lui accorde un moment d'attention.
Inscrit le: 23 Aoû 2008 Messages: 298 Localisation: Au coeur des choses
Posté le: Dim Avr 19, 2009 8:55 pm Sujet du message:
Mince, je l'avais pas lue !!! mdr _________________ L'un pour lire tourne le dos à la vie et l'autre, résolu à s'y épanouir, lui accorde un moment d'attention.
Inscrit le: 27 Juin 2011 Messages: 3310 Localisation: Great North
Posté le: Mar Aoû 13, 2013 10:10 pm Sujet du message:
Bon , van Vogtien comme je le fus et le demeure , forcément ça m'emballe !
Mais une scène demeure , celle où la miss se fait désaspiçafier (ou n'importe quel néoverbe équivalent) , un de mes traumatismes S.F. les plus anciens et les plus vivaces . _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
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