Griotte Book-Addicted
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Posté le: Lun Avr 24, 2006 1:30 pm Sujet du message: Aucune bête aussi féroce - Edward Bunker |
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Citation: | Le discret Mister Blue de Reservoir Dogs eut une vie avant d'étaler son faciès vérolé sur le grand écran. Bunker, le bien nommé, était l'auteur d'un traité postcarcéral sans égal publié en 1973 et alors épuisé outre-Atlantique. L'une de ces vraies fausses autobiographies qui ne s'encombre d'aucune couenne littéraire. La chair, les os et les tripes suffisent à faire de ce roman noir un aller simple pour l'enfer d'une vie toute tracée dès le berceau. Un parcours horriblement classique, balisé et implacable : problèmes familiaux, délinquance juvénile et au bout une succession de séjours "au château"... Rien de vraiment neuf, si ce n'est la violence aride, impitoyable, voire clinique, avec laquelle Edward Bunker décrit le quotidien du taulard en liberté conditionnelle et, surtout, l'impossibilité de modifier, voire seulement de rectifier une destinée ou de réécrire ce scénario. Son héros, Max Dembo (Bunker lui-même, évidemment), s'applique ainsi consciencieusement en sortant de prison à ne pas s'engouffrer dans les culs-de-sac de son passé. Mais le milieu et la prison sont des aimants dont on n'interrompt pas l'attraction à coup de rédemption. La cavale se fait alors allégorique, avec un terminus on ne peut plus kafkaïen.En 1978, Dustin Hoffman achètera les droits d'Aucune bête aussi féroce, confiant à Ulu Grosbard la mise en scène de l'adaptation. Le film, Le Récidiviste (Straight Time), superbe road movie nu comme un haïku, amplifiait ce sentiment tragique d'impossible rachat. Bref, Aucune bête aussi féroce confirme que le roman noir demeure un genre idéal pour sonder l'esprit humain. Dostoïevski ou Chandler s'en doutaient bien ; Bunker n'eut qu'à confirmer. --Marc Zisman | Je pensais que je ne relierai plus de roman de cet auteur tant je m'étais ennuyée en lisant sa bio.Et j'avais tort. Autant sa bio était indigeste, autant ce roman (le second si je ne me trompe pas) est vraiment passionnant. Ce roman est vraiment très travaillé. C'est une réussite.Cependant, il ne fait pas que le recensement d'un parcours, banal finalement, vers le gangsterisme. Il pose la question de la relation entre la pauvreté (intellectuelle et physique) et la quête de l'argent facile et de la drogue, comment ne pas devenir voyou quand on n'a rien, comment s'en sortir quand on n'a connu que la prison (et c'était il y a plusieurs décennies déjà!)...C'est un roman très actuel quand on y pense.
_________________ "Pourquoi devons-nous souffrir ainsi ? D'autres se sont conduits plus mal que moi, et s'en sont sortis sans payer pour autant. J'ai l'impression d'avoir tout le cerveau meurtri, j'ai reçu une terrible rossée de la vérité et je me sens soumis, plein de sagesse et de désespoir, comme si j'avais pris un raccourci menant à la sagesse au travers d'un miroir et que je m'étais vilainement coupé au passage " - Staniland dans "Il est mort les yeux ouvert" Robin COOK |
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