[Cycle] L'Infernale Comédie : Paradis, Purgatoire, Enfer - Mike Resnick

[Christopher]

Connaissez-vous le film Z de Costa-Gavras ? C’est un des plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir. Il conte le coup d'état des colonels en Grèce à la fin des années 60. Le film commence par ses mots forts :

Toute ressemblance avec des évènements réels, des personnes mortes ou vivantes n’est pas le fait du hasard : elle est VOLONTAIRE.

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Peponi. Karimon. Faligor.

Trois mondes. Trois colonies de la République galactique. Trois cultures indigènes opprimées.

Kenya. Zimbabwe. Ouganda.

Trois pays. Trois colonies de l’Empire britannique. Trois cultures indigènes opprimés.

Trois mondes. Trois pays. Des millions de vies brisées.

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Paradis retrace l’histoire de Peponi. Peponi c’est le Kenya. La venue de chasseurs et d’aventuriers. De fermiers et de colons. L’asservissement des autochtones, leur révolte sanglante et la répréssion, pour ne pas dire le massacre, qui suivit. Puis l’indépendance, le départ des colons et la lutte de quelques rêveurs pour empêcher Peponi de retourner au tribalisme et aux guerres fraternels.


Purgatoire est l’histoire de Karimon. Karimon c’est le Zimbabwe. La main mise d’un monde par une compagnie d’exploitation. L’ouverture de mines et le partage des terres entre fermiers. Sans que les autochtones aient leur mot à dire. Ils sont brimés, forcés au travail, payés avec des billets dont ils ignorent la valeur. Leur roi est un fantoche. Puis la République – l’Empire britannique donc – se désolidarise du gouvernement et demande que le vote d’un autochtone ait la même valeur que celle d’un colon mais il y a trente autochtones pour un colon et ceux-ci refusent. Karimon est mis en marge de la communauté internationale.


Enfer évoque Faligor. Faligor c’est l’Ouganda. Une colonisation en douceur. En une génération, un peuple passe d’un mode de vie tribal à une société moderne. Les autochtones réclament vite leur indépendance et la République ne peut refuser. Au début tout se passe bien sur Faligor mais leurs habitants ne supportent plus un président influencé par la République. Ils élisent un nouveau président moins attaché aux anciens colons. L’homme se révèle un dictateur et la galaxie applaudit quand il est renversé par un de ses généraux. Ce dernier promet rapidement des élections et avec son caractère débonnaire il gagne la sympathie de tous. Mais il n’a pas l’intention d’organiser des élections. Il sera le pire dictateur de l’Histoire, massacrera des millions de gens, soutiendra des terroristes étrangers et sera même soupçonné de cannibalisme. Ce ne sera que le début de l'horreur.

Trois mondes, trois pays, trois destins, un même gâchis.

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Mike Resnick. Les mêmes erreurs. Rêves d'Afrique. La fin d'un monde. Aux yeux de l'Histoire.

Dans la plupart de ses livres de SF, Mike Resnick - un auteur que j'aime beaucoup, vous l'aurez deviné - imagine une société humaine se répandant dans la galaxie, instaurant une hégémonie militaire et culturelle. L'idée de base est simple : les erreurs du passé seront répétées. Dans L'Infernale Comédie, Mike Resnick s'attache à raconter les différentes méthodes de la République galactique pour coloniser des mondes étrangers. Pour cela, il reproduit les schémas de trois colonies anglaises : le Kenya, le Zimbabwe et l'Ouganda.

Mike Resnick - qui est un passionné de l'Afrique - ne se contente pas d'emprunter quelques détails à l'Histoire. Connaissant quelque peu l'Histoire de ses pays, j'ai pu constater la reproduction fidèle des évènements, de leurs causes et de leurs conséquences. Ainsi, la révolte des Kala-Kala sur Peponi est celle des Mau-Mau au Kenya. La Société du Bras Spiral qui colonise Karimon accomplit le travail de la British South Africa Company au Zimbabwe. Et dans Gama Labu le dictateur cannibale de Faligor, comment ne pas reconnaître le dictateur fou Amin Dada ?

Dans ces trois romans - qui peuvent se lire indépendamment les uns des autres - Mike Resnick nous convie à une profonde réflexion sur la colonisation. Les changements dans la vie des autochtones, la perte de leur identité, de leurs coutumes. Les dégâts sur la faune et la flore, l'extinction d'animaux convoités pour leurs peaux, leurs cornes ou leurs yeux. La "civilisation" apportée par les colons et l'incapacité des autochtones à la maintenir.

J'ai particulièrement apprécié l'absence de manichéisme dans les récits. Mike Resnick évite de qualifier tel ou tel camp de "bons" ou de "mauvais". De même, il ne condamne pas, ni n'approuve, la colonisation. Il se contente de rapporter les faits, d'expliquer ce qui pousse les protagonistes à leurs actions. Bien entendu, tout le monde ne sera pas d'accord avec l'Histoire rapportée par Mike Resnick. Certains diront que Gama Labu/Amin Dada n'était pas un dictateur sanguinaire ou que Thomas Paka/Robert Mugabe n'est pas l'homme dépassé par les évènements qu'on décrit dans Purgatoire. Mais ce ne sont que des hommes, insignifiants au regard de l'Histoire.

Pour conclure.

J'ai beaucoup aimé ces trois romans de Mike Resnick. Une transposition réussie de l'histoire de trois pays à une échelle galactique, avec réalisme et non sans poésie.

Les trois livres sont parus en 1995 chez Denoël dans la collection Présence du Futur.
Couverture de Paradis.
Couverture de Purgatoire.
Couverture d'Enfer.

[Lisbeï]

Merci, Algernon , tu me donnes envie de lire ces romans, d'autant que j'avais beaucoup aimé Kirinyaga, du même auteur.
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Même le soleil se couche.

[suisse24]

Déjà lu les 2 premiers et c'est de mieux en mieux ....
Egalement un auteur que j'adore ....
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Quand on en arrive au mieux que rien , tous les désespoirs sont permis .

[Jeanjean]

Lu le 1er et je n'ai vraiment pas été déçu!