[Cycle] Les Chroniques de Durdane - Jack Vance

[Soleil*]

Il y a des siècles, les Humains ont atteint la planète Durdane. Les Terriens, plus avancés technologiquement, ont oublié leurs cousins de Durdane, à l'exception d'une poignée d'observateurs de l'Institut d'Histoire qui les visitent incognito. Pendant ce temps, les habitants de Durdane se sont organisés. Le Shant, par exemple, est divisé en une soixantaine de cantons aux structures sociales et aux lois toutes différentes. Ces cantons vivent en paix grâce à la terreur qu'inspire la surveillance de l'Anome : Nul ne connait l'identité de cet Homme Sans Visage qui peut tuer n'importe qui grâce à un torque explosif que chacun est tenu de porter dès la fin de l'adolescence.

1 - L'Homme Sans Visage (1971)
Mur, fils d'un musicien de passage, renonce à suivre les coutumes chilites et quitte son canton de naissance. Après quelques péripéties, il va joindre la troupe musicale de Frolitz et vivre une vie d'errance à travers le Shant sous le nom de Gastel Etzwane. Quand le pays est attaqué par les redoutables Rogushkoïs (de féroces humanoïdes qui massacrent les hommes et font périr les femmes en leur faisant porter une portée de gnomes), il part en quête de l'Anome, dont l'absence de réaction le hérisse. Il va être aidé en cela par un mystérieux vieil homme, Ifness.

2 - Les paladins de la liberté (1973)
Ayant pris la place de l'Anome, Etzwane organise la résistance contre les Rogushkoïs. Il sera aidé par quelques personnages très divers : Jerd Finnerack l'ancien coupeur d'osier, le Discriminateur en chef Aun Sharah (personnage secondaire, ce qui ne l'empêche pas d'être mon personnage préféré de ces Chroniques, et je regrette son apparition trop furtive au début du 3e livre...), le philosophe Mialambre:Octogone (j'adore ce nom avec ce ":" au milieu !), le musicien Dystar (le père d'Etzwane, mais qui ignore ce lien de parenté. Encore une idée jetée au vent sans être exploitée)... Au passage, il va révolutionner le mode de gouvernement du Shant.
(Mais pourquoi diable le traducteur a-t'il traduit le titre original "The Brave Free Men" par "Les paladins de la liberté", alors que le groupe de personnes dont il est question est nommé "les Vaillants Hommes Libres" dans le livre ? )

3 - Asutra ! (1974)
Redevenu simple citoyen, Etzwane s'ennuie. En compagnie d'Ifness, il part sur le lointain continent du Caraz, peuplé d'exilés et de marchands d'esclaves, pour découvrir l'origine des Rogushkoïs. D'aventures en aventures, il va devenir esclave sur la planète Kateï...

Ces chroniques sont considérées comme l'un des chef-d'oeuvres de Jack Vance. Je n'ai pour ma part que peu accroché : J'ai lu le premier livre sans surprise mais avec plaisir ; le deuxième avec déception ; le troisième pour ne pas abandonner en cours de route...
Le monde de Durdane est intéressant, comme souvent les mondes de Jack Vance, car il présente des caractéristiques plaisantes : les différences culturelles extrêmes entre les cantons du Shant, le Chemin d'Air où circulent des ballons reliés à des câbles, etc.
Par contre, je n'attache pas du tout aux personnages. Le jeune Etzwane me plaisait assez, mais au fur et à mesure qu'il grandissait j'ai fini par perdre l'intérêt que je lui portais, je ne me sens aucune affinité avec lui. Ne parlons pas d'Ifness, qui me prend à rebrousse-poil au point que j'ai toujours envie de sauter les passages où il apparait. Bon, il y a quand même des personnages que j'ai bien aimé, mais généralement ils ne faisaient que de brèves apparitions. Dur dur d'apprécier un livre quand on est allergique aux personnages principaux !

(et maintenant, il n'y a plus qu'à attendre l'intervention de Jean XIV pour équilibrer les avis... )

[Jean XIV]

Il y a longtemps que j'ai lu ces romans... Les univers vancéens ou vanciens m'avaient subjugué une fois de plus, notamment la diversité des civilisations. Les souvenirs se sont estompés cependant...
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Disciple de Maître Jack...

[Meneldur]

L'univers est passionnant... mais l'histoire l'est nettement moins. Une quantité de fils qui pendent assez impressionnante, et un deus ex machina assez grossier à la fin du tome 2, m'ont plutôt empêché de me plonger à fond dedans. Restent les qualités habituelles de Vance : le cadre fourmillant d'inventivité, l'humour pince-sans-rire des personnages, un style plaisant et alerte. Une bonne lecture, mais vais-je relire cette trilogie un jour ?

[Hoël]

Ca fait une vingtaine d'années (plus ?) que j'ai lu la trilogie en question , agréable mais pas marquante , on préfèrera nettement Emphyrio ou La geste des princes démons qui sont autrement plus ambitieux sur des thématiques et un style analogues .
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"Tout est dans tout et réciproquement ."

[Tango's]

Il fut un temps, il fallait acheter chaque livre pour lire l'ensemble des chroniques de Durdane. Aujourd'hui, les éditions Folio SF ont eu la bonne idée de tout regrouper en une intégrale les trois livres.
Si le début est enchanteur, la suite l'est beaucoup moins. Au commencement, il y a Durdane. Un endroit comme seul Jack Vance sait très bien les imaginer. Une imagination fertile qui amène facilement le lecteur que je suis à s'immerger dans ce paysage féerique. Jack Vance nous dresse un monde complet avec des coutumes, des peuples, des monstres, des langages et bien plus encore. Si l'ensemble aurait pu être indigeste et difficilement incompréhensible, il arrive a nous le rendre assimilable et l'ensemble se lit aisément : une grande réussite.
Comme je l'ai dit, il s'agit d'une intégrale – non pas comme les mondes d'Alastor. Ici, nous suivons les aventures de Mur qui sera rebaptisé un peu plus tard avec un nom plutôt barbare Gastel Etzwane.

Mon premier se nomme « L'homme sans visage ».
Mur est un jeune garçon. Il vit seul avec sa mère. Sa destiné est toute tracée : il sera un moine ! Mais Mur rêve d'être comme son père – qu'il n'a jamais connu – un musicien. J'ai beaucoup aimé le début, mon passé de RPGiste y certainement pour beaucoup. Jack Vance nous narre une religion extrémiste tel les moines cisterciens qui se droguent avec une plante locale. Ce n'est pas vraiment un moine, mais dans l'approche, c'est tout comme, qui dirige également la région locale.
Autant j'ai apprécié Mur lorsqu'il était marmot, autant j'ai commencé à le trouver antipathique une fois adulte et surtout sur la fin de ce premier livre. D'ailleurs, la fin se premier tome est décevante et se termine de façon abrupte. Il y a également son acolyte le détestable voyageur Ifness qui ne doit pas apparemment influer sur Durdane, mais l'aide à prendre le pouvoir.

Mon second se nomme « Les Paladins de la liberté ».
Hop, on commence directement à la suite du premier avec toujours le personnage de Gastel Etzwane. Cette fois-ci, il devient un dictateur en puissance ayant droit de vie ou de mort sur tout le monde. De plus, il a obtenu le pouvoir par la force. Si on rajoute à cela son caractère obtus qui l'amène à foncer vers une guerre sur des créatures, on est à la limite du Mussolini. D'autant plus qu'il ne connaît pas grand-chose. Bon, j'ai pas tellement envie de continuer avec un personnage principal aussi détestable. Il me reste quoi ? 450 pages encore à s'enfiler – soupir.
Je me demande si le titre est bien approprié.
Difficile de mettre de côté Gastel Etzwane pour se concentrer sur l'histoire. Parlons-en de l'histoire. Le despotique – qui soit dit en passant se permet de piocher dans l'économie du pays pour se faire une nouvelle garde de robe – demande au peuple de développer des armes capables d'anéantir ces bêtes sauvages. On est bien loin du gamin qui rêvait de devenir musicien.
Jack Vance fait l'impasse sur ce qui fait sa force : le développement d'un monde imaginaire pour s'orienter vers des actions passives.
Le monde est en guerre. Enfin, nous suivons cela depuis les coulisses. Tout se passe de façon politique. Cela donne un tome d'une lenteur exaspérante. J'ai bien aimé le passage où Gastel Etzwane retrouve son père dans la taverne. Mais surtout j'ai adoré cette fin. Dommage qu'il ait fallut attendre les 30 dernières pages pour ressentir un minimum de frisson.

Mon troisième se nomme « Austra ! »
Pourquoi un troisième tome ? Parce que ça fait bien et parce que c'est légion en fantasy. Bon. L'histoire est simple. Dans les coins reculés de Durdane, les asutras (Ceux qui viennent de Austra) résistent. Gastel Etzwane qui a prit sa retraite de dirigeant décide de voir ce qu'il s'y passe en compagnie de son ami Ifness. En gros, les personnages du tomme 2 disparaissent et Ifness fait son grand retour.
Bien que le début soit poussif, en même temps c'est Jack Vance qui écrit, la suite semble prometteur.
Le récit prend une tournure plutôt plaisante. On notera que les créateurs de Stargate se sont certainement intéressés à ce livre.
Ifness relègue Gastel Etzwane au rang de personnage principal durant la majorité de l'histoire. À la fin, on comprend d'avantage de chose à son sujet, c'est un homme méprisable. Pourtant, Gastel Etzwane s'y est attaché malgré les coups-bas que celui-ci lui a mit.

Mon tout se nomme « Les chroniques de Durdane »
Soyons sérieux, « Les chroniques de Durdane » sont avant tout une série de fantasy déguisé en SF. Malgré un début prometteur, j'ai trouvé que l'ensemble manquait cruellement de rythme. L'auteur nous mettait un bon plat mijoté sous le nez et au moment de se régaler, il nous le retire. C'est ce que j'ai ressenti. De plus, le personnage de Gastel Etzwane est exécrable. La force de Jack Vance est la création de mondes et non l'action. Pfff ! J'en étais à me dire allez je m'enfile 50 pages et je fais une pause.
Enfin, si on me l'avait pas offert, je pense pas que l'aurai acquit, tout du moins pas dans l'immédiat. Et puis, à lire les critiques qui l'encense, je me pose beaucoup de questions. Est-ce moi qui ne sait pas apprécier à sa juste valeur ces livres (d'autres exemples flagrants : « La route » de Cormac MacCarthy, « Salem » de Stephen King, « Nous avons toujours vécu au château » de Shirley Jackson, « Étoiles, gardes-à vous » de Robert A. Heinlein, « Le seigneur des anneaux » de J.R.R. Tolkien…) ou est-ce l'effet mouton ?

[theyoubot]

Je n'avais pas accroché non plus. Les personnages m'ont semblé mal écrits. C'est d'ailleurs le sentiment désagréable que j'ai avec les romans de Vance en général.
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Tennis de Table Bordeaux

[Hoël]

Tango's , tu parles des "chroniques qui encensent" la série , pourtant , si tu relis l'ensemble des avis de ce fil la plupart sont mitigés.
Pour Vance , il y a les incontournables , Tschaï , Les princes démons , Lyonesse , Emphyrio , La terre mourante avant tout et puis pas mal d'autres fort sympathiques voire originaux pour leur époque comme Les langages de Pao ou Les maisons d'Iszm.
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"Tout est dans tout et réciproquement ."

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Je l'ai relu il y a quelques années et redécouvert avec grand plaisir; Ce cycle figure parmi mes favoris chez Jack Vance.

[Tango's]

[Hoël]

C'est vrai que les personnages de Vance ne sont pas toujours très creusés et ont tendance à se ressembler.

Une des choses que je préfère chez lui , c'est l'humour pince-sans-rire de ses dialogues qui doivent beaucoup au style de P.G. Wodehouse et on retrouve des pastiches de Jeeves un peu partout dans son oeuvre.
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"Tout est dans tout et réciproquement ."

[Emmanuel]

Le tome 1 des chroniques de Durdane (l'homme sans visage) est l'un des livre de SF les plus fascinants qu'il m'a été donné de lire. Ce n'est pas le drame qui est intéressant ni les personnages. Ils sont en fait assez convenus. Ce qui est extraordinaire dans ce livre, et de façon générale dans l'œuvre de Vance, c'est sa capacité à faire émerger un monde avec ses coutumes, ses cultures, ses manières spécifiques de penser, de sentir et d'agir. On a l'impression qu'un sociologue ou un ethnologue vous fait le récit d'une culture étrangère, avec toute l'épaisseur de la réalité sociale. Dans les tomes suivants des chroniques de Durdane, l'action et les péripéties des personnages prennent le pas sur la description de Durdane et les chroniques perdent de leur intérêt. Je crois que le personnage principal des chroniques de Durdane, c'est Durdane elle-même et Vance en donne une peinture extraordinaire.
Emmanuel

[Jeanjean]

Tu as vraiment bien caractérisé le talent de Maître Jack!