Melmoth, l'homme errant - Charles Robert Maturin

[carabas]

C'est drôle, c'est la couverture d'une édition de Carmilla.

Roman gothique par excellence, Melmoth, L'Homme errant, raconte l'histoire de ce homme, véritable incarnation du Mal et de la Tentation, à travers différents récits de narrateurs l'ayant côtoyé. Construit sur de nombreux récits enchâssés, il déroute le lecteur et le mène là où veut le conduire.

C'est en fait un roman difficile à résumer, en raison des récits enchâssés. Un jeune homme vient voir son oncle mourrant. Il constate que ce vieil avare matérialiste et cartésien est dévoré de peur : il craint un de ses ancêtres dont il a le portrait et qu'il croit toujours vivant. Le vieil homme meurt et son neveu, dubitatif, retrouve le portrait qu'il a promis de brûler et de vieux papiers qui racontent en partie l'histoire de Melmoth, son ancêtre si inquiétant...

Si l'on aime les constructions en labyrinthe, les ambiances mystérieuses et inquiétantes d'orage, de tempêtes, de châteaux poussiéreux, si l'on goûte les récits de tentation, les personnages maudits, si l'on aime frémir devant les cruautés de l'Inquisition, ce roman vaut le détour. Bien écrit, diabolique, on se demande jusqu'au bout si les personnages vont succomber à la tentation, si Melmoth va triompher ou périr.

Toutefois, dans le même genre, j'ai préféré le Moine, de Lewis, nettement plus dérangeant et corrosif, et peut-être mieux écrit (ou traduit). Ce roman est un peu tombé dans l'oubli. Il a pourtant plu à beaucoup d'auteurs, et pas des moindres : Baudelaire, Balzac, qui lui a même donné une suite avec Melmoth Réconcilié, et Breton. Au fait, Saviez-vous que Maturin était l'oncle d'Oscar Wilde? Bref, ce livre fait partie des textes fondateurs des romans gothiques.
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Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!

Baudelaire, Les Fleurs du Mal, "La Voix".