L Hellreader
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Posté le: Dim Mai 25, 2008 8:55 pm Sujet du message: Dans la colonie pénitentiaire - Sylvain Ricard & Maël |
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Un chercheur en voyage d'étude est invité par le commandant d'une colonie pénitentiaire à assister à l'exécution d'un soldat. Il se retrouve alors confronter à un officier qui va lui faire la présentation d'une machine de mort extrêmement perverse.
*Ed. Delcourt - 2007
*Coll. Ex-Libris
*48 pages
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Dans la colonie pénitentiaire est une adaptation de l'oeuvre éponyme du maître de la littérature tchèque, Franz Kafka. Une nouvelle écrite en 1914 et publiée en 1919. Et à vrai dire, certainement, pour le moment, l'écrit de Kafka qui m'a le plus marqué. C'est pourquoi je n'ai pas hésité à emprunter la BD de Ricard et Maël, voulant de nouveau me confronter à cet écrit "coup de poing".
Et c'est un pari réussi pour les deux auteurs français. Ne "trahissant" aucunement la nouvelle, ils ont réussit à rendre le cynisme qui borne l'oeuvre de part en part, et ainsi, à nous confronter à l'absurdité de la violence humaine, comme l'avait fait Kafka. Après, il est certain que je trouve l'impact de la nouvelle de Kafka plus puissant, le support de la BD ayant ses limites (même si il a l'avantage de pouvoir nous offrir le choc des images, l'imagination est parfois (souvent) bien plus crue encore - et l'écriture de Kafka étant ce qu'elle est, il reste difficile de retranscrire l'aura de l'oeuvre).
Moteur du récit, symbole de cette absurdité humaine, l'officier qui s'occupe de la machine de mort est ici parfaitement mis en valeur: Il ressemble un peu à un acteur de théâtre déclamant face au public que nous sommes (et dont fait partie le chercheur en voyage d'étude, simple outil permettant de mettre en lumière le véritable personnage principal, la machine), à la fois pathétique et détestable mais dans tous les cas, crédible dans sa foi en la violence. C'est car cette violence est décrite comme banalité qu'elle nous apparait que plus absurde.
Pour le dessin lui même, se contentant du minimum au niveau arrière plan, il met l'accent sur les acteurs de cette terrible farce. Ce qui est largement suffisant.
Au final, une BD que j'ai apprécié, et qui m'a donné envie de me replonger dans la nouvelle du grand auteur.
Citation: |
Ce matin, un capitaine a fait un rapport selon lequel son ordonnance, le condamné donc, s'est assoupi à son poste. Il l'a découvert à deux heures du matin exactement, affalé en train de dormir. Il est allé chercher une cravache et l'a fouetté au visage. Or, au lieu de se lever et de demander pardon, l'homme a saisi son maître par les jambes et lui a crié: "Jette cette cravache ou je te bouffe!".
Voilà les faits. Le capitaine me les a exposés, et j'y ai ajouté la sentence avant de mettre l'homme aux fers. C'est très simple. |
_________________ Brise et ruine d’abord ce monde, nous verrons si l’autre surgit ensuite |
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