Posté le: Ven Mai 02, 2008 1:52 pm Sujet du message: L'Homme qui n'existait pas - Roger Zelazny
>> L'Homme qui n'existait pas (My Name is Legion) de Roger Zelazny, 1976.
>> Paru chez Pocket. Collection Science-Fiction.
>> Traduit de l'anglais (U.S.) par Bruno Martin.
>> Illustration de couverture de Wojtek Siudmak.
>> 275 pages. 1978.
Dans un futur proche, chaque personne est enregistrée et recensée par les services du Renseignement mais des hommes et des femmes ont réussi à passer entre les mailles du filet. Certains sont des criminels, d'autres des aventuriers qui tiennent à garder leur liberté.
Le héros de cette histoire fait partie de la deuxième catégorie. Il a préféré vivre selon ses propres règles et mettre son anonymat aux services d'une agence de détectives américaine. Cette agence requiert ses talents dans certains cas précis, des affaires délicates que seul un anonyme peut résoudre.
Empêcher le sabotage d'une expérience géologique, innocenter des dauphins accusés de meurtre, trouver une I.A. revenue sur Terre pour tuer ses programmeurs... dans ce futur, il y a du boulot pour un homme qui n'existe pas.
L'Homme sans Visage
Un roman passionnant de Roger Zelazny, quoique le terme "roman" est inadéquat. Il s'agit en réalité de trois longues nouvelles avec le même héros et mises bout à bout. Les intrigues sont prenantes, le héros charismatique (il m'a un peu rappelé Jarod de la série TV Le Caméléon par son habitude à prendre une identité différente selon sa mission), la plume de Zelazny est toujours aussi fluide. Sans être révolutionnaire, voici un livre bien agréable à lire. Un seul regret : seulement trois aventures. Je n'aurais pas dit non à quelques histoires supplémentaires.
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Ven Sep 12, 2008 3:55 pm Sujet du message:
J'ai été alléchée par ton résumé parce que ça m'a réveillé des souvenirs (vagues). Je viens de le lire (relire ?). J'ai eu par moments l'impression de l'avoir déjà lu, mais juste une impression : Après fin de le lecture, impossible de dire si je l'avais déjà lu ou pas...
J'ai bien aimé, mais je regrette que le fait que le héros ait réussi à empêcher d'être recensé ne soit pas plus exploité. On a l'impression que ça ne sert vraiment pas à grand chose, et que l'histoire tiendrait aussi bien sans ça... _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 840 Localisation: France
Posté le: Lun Mar 30, 2009 2:06 am Sujet du message:
"L'homme qui n'existait pas" (en VO "My Name is Legion") est un recueil de trois nouvelles d'une soixantaine de pages, écrites en 1969, 1973 et 1975. Les deux premières d'entre elles font partie des oeuvres relativement peu connues de Zelazny. La troisième, Home is the Hangman, a en revanche remporté le Hugo et le Nebula (les deux prix américains les plus prestigieux récompensant la littérature fantastique).
L'idée de départ des nouvelles est la suivante : à une époque où toutes les informations sur tous les individus sont recueillies et centralisées grâce à un réseau informatique global, un homme a trouvé le moyen d'échapper à ce système de fichage. Grâce à sa connaissance du réseau - à la création duquel il a contribué avant de s'en repentir - il est capable de passer d'une fausse identité à une autre sans que le pouvoir central ne puisse jamais le repérer (le lecteur lui-même ne connaîtra jamais son nom véritable). Disposant par ailleurs d'une large variété de talents, il loue ses services en tant qu'agent mercenaire.
Le thème de la menace pour la liberté et la vie privée que constitue l'informatique ne nous paraît plus original depuis un certain nombre d'années déjà. Longtemps avant Internet, on utilisait déjà des 0 et des 1 pour ficher l'individu (la création de la CNIL remonte à 1978 et le scandale qui en est la cause à 1974). L'idée était bien entendu beaucoup plus inventive il y a 40 ans, mais elle ne reste en fin de compte qu'une toile de fond dans cette série : les scénarios des trois nouvelles - les missions que l'on confie au héros anonyme - n'y sont pas directement liés.
La première nouvelle est The Eve of Rumoko (La veille de Rumoko). C'est celle qui consacre le plus d'importance aux particularités du héros, dont elle explique le passé et les méthodes. Il est ici engagé pour mener une enquête sur une station en pleine mer où se déroule un projet majeur que menacent des tentatives de sabotage. L'atmosphère de science-fiction est surtout liée au détail du projet (dont on ne découvre que progressivement la nature) et l'essentiel de la nouvelle n'est guère différent d'une histoire d'espionnage contemporain. Le scénario recèle sa part de rebondissements. On trouve dans le récit une certaine contestation de l'autorité centrale, à la fois par le biais de l'idée de départ de la série et par certains éléments propres à l'histoire.
La deuxième nouvelle s'appelle 'Kjwalll'kje'k'koothai'lllkje'k (ce que la version française s'est abstenue de traduire). Le héros sans nom est cette fois envoyé dans un parc aquatique, où deux meurtres auraient été commis par des dauphins. Les éléments de science-fiction sont cette fois pratiquement inexistants et, jusqu'à l'approche de la fin, on pourrait presque avoir l'impression de lire une enquête policière se déroulant dans le monde moderne. Le lecteur anticipe une histoire centrée sur les dauphins et leur intelligence, mais les mammifères marins n'apparaissent guère en fin de compte. La fin apporte une vision un peu différente de certains évènements, en même temps qu'une note de fantastique et de poésie.
La troisième nouvelle, Home is the Hangman (Le Retour du Bourreau) est certainement la meilleure et c'est à juste titre qu'on se souvient d'elle davantage que des deux précédentes. Le héros anonyme est chargé de retrouver un androïde doté d'une intelligence artificielle, qui s'est rebellé contre les ordres qu'on lui donnait et dont ses créateurs pensent qu'il a l'intention de les tuer. Roger Zelazny développe ici l'un des thèmes qu'il préfère et qu'il utilise le mieux : l'intelligence non-humaine (il l'utilise à vrai dire aussi dans la deuxième nouvelle, mais de façon bien mineure). Les rangs des héros de ses oeuvres sont peuplés de dieux, de créatures surnaturelles, d'immortels, de machines évoluées et d'autres êtres de nature étrange. Le "Hangman", cependant, n'offre pas son point de vue dans la nouvelle qui lui est consacrée : le héros découvre indirectement et peu à peu des informations à son sujet mais ne le rencontre en personne qu'à la fin. Cette approche objectivement plus classique - l'humain ordinaire confronté à un être différent - est assez peu courante chez Zelazny, qui aime représenter la différence sans passer par un intermédiaire.
L'une des choses que j'admire le plus chez Zelazny, c'est que - contrairement à nombre d'artistes - il n'avait pas peur de se renouveler et ne se cantonnait pas à un genre étroit ou à un modèle spécifique. Bien sûr, cette capacité à expérimenter ne s'est pas traduite par des résultats également bons. Les deux premières histoires de "My Name is Legion", sans être aucunement mauvaises, ne font pas partie de ses oeuvres les plus mémorables. Home is the Hangman est nettement meilleure, sans doute parce que les thèmes de science-fiction beaucoup plus présents permettent à Zelazny d'y déployer toute la mesure de son imagination. Globalement, le personnage principal de la série n'est pas inintéressant, même s'il manque nécessairement un peu de couleur lorsqu'on le compare aux héros habituels de l'auteur. Il m'est difficile d'apprécier à quel point l'idée de départ était originale puisque Zelazny l'a eue dix ans avant ma naissance ; il est en tout cas certain qu'elle n'a pas idéalement vieillie, pour la raison paradoxale qu'elle ne nous semble plus si éloignée de la réalité.
Ma recommandation personnelle : Roger Zelazny a écrit de merveilleuses nouvelles qui sont trop souvent ignorées au profit de ses romans, mais ce recueil-ci est loin d'être indispensable. Je recommande plutôt "The Doors of His Face, The Lamps of His Mouth", "The Last Defender of Camelot" et "Unicorn Variations", dans lesquels vous retrouverez Home is the Hangman.
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