Polarnoir
Inscrit le: 02 Fév 2005 Messages: 6 Localisation: Rennes
|
Posté le: Jeu Mar 03, 2005 10:06 pm Sujet du message: L'Homme qui Souriait - Henning Mankell |
|
|
Le dira-t-on jamais assez : il en est de l'ordre des parutions françaises des romans de Henning Mankell comme des voix du seigneur : elles sont impénétrables : L'Homme qui Souriait se situant, si on respecte la chronologie, après Les Chiens de Riga et La Lionne Blanche puisque l'intrigue débute en octobre 1993.Cependant, il semble bien cette fois qu'il en soit terminé des aventures (mouvementées dans le temps) du commissaire Wallander et que sa fille Linda prenne désormais le relais avec la première de ses enquêtes : Avant le Gel, à paraître fin 2005, début 2006.Ou alors aurons-nous la surprise de voir arriver un recueil de nouvelles inédites qui nous présentera le Wallander d'avant Meurtriers sans Visage...Pour en revenir à L'Homme qui Souriait, il s'agit donc du quatrième roman de Henning Mankell ou apparaît son inspecteur favori.Un vieil avocat se pose un cas de conscience : il a découvert que son principal client n'est pas si honnête qu'il veut le faire croire, mais c'est aussi ce même (gros) client qui, depuis plusieurs années, assure le chiffre d'affaire du cabinet qu'il dirige avec son fils. Doit-il, ou non, en parler à son associé ? On ne connaitra jamais sa décision finale ; il est abattu sur une route déserte, par une nuit de brouillard, et le meurtre est maquillé en banal accident de la circulation. Puis c'est au tour du fils d'être assassiné après avoir confié ses soupçons quant à la mort accidentelle de son père à une vieille connaissance, l'inspecteur Kurt Wallander, en retraite sur les plages immanses de l'île danoise de Jylland, où il rumine sa décision de quitter définitivement la police. Lorsque ce dernier apprend la mort de son ami avocat, il reprend le collier et déchire sa lettre de démission pour, pris par le remord, tenter d'élucider ce crime commis alors qu'il avait refusé son aide à un ami...Wallander n'est pas en grande forme au début de ce roman, il sort de dépression et se remet à peine d'avoir tué un homme, en état de légitime défence certes, mais le geste le hante. D'autant plus qu'à ce moment là, dans ce champ noyé de brouillard, sa seule volonté était de voir l'homme en face de lui mourrir... Cet épisode (cf. Les Chiens de Riga) a changé sa vie : "C'était un point de non-retour ; un enterrement et une naissance, les deux à la fois".Wallander cesse donc de s'ausculter le nombril et reprend donc du service après l'assassinat de Sten Torstensson. C'est aussi pour lui l'occasion de rencontrer une nouvelle collègue féminine : Ann-Britt Höglung, et pour Mankell de nous rappeler le fossé qui, selon lui, sépare aujourd'hui plus qu'hier les générations. Car si Wallander fait partie de ceux qui ont grandi avec le modèle suédois et subissent de plein fouet la perte de ses valeus fondamentales, Ann-Britt, quant à elle, représente plutôt ceux qui n'ont vu que le déclin de ce fameux modèle : "Le monde est peut-être le même. Mais son image, non".Mais cette enquête menée dans les milieux du pouvoir et de l'argent est aussi l'occasion pour Henning Mankell de nous confier ses craintes (fondées) concernant la corruption organisée qui menace les institutions, et la fausseté, l'hypocrisie des rapports entre les pouvoirs politiques et économiques, voire une certaine servilité des premiers envers les derniers.Il aborde bien sûr les transformations de l'idéal économique suédois en modèle libéral où, comme partout, le secteur privé prend en charge les missions même de l'état et où le maître mot est rentabilité et son pendant l'insignifiance de la vie humaine.Un constat sombre et désabusé (mais réaliste) de la vie occidentale qui augure d'un avenir par forcément lumineux... _________________ Ami du polar, retrouvez cette "critique" et d'autres sur http://polarnoir.neuf.fr, mon petit site perso consacré aux romans noirs, thrillers et autres polars... |
|