Le rêve de Balthus - Nathalie Rheims

[yansored]

Dans la famille Rheims, on se souvient du père, Maurice, académicien et collectionneur, puis de l’aînée, Bettina, photographe. Mais il y a aussi Nathalie, la cadette, qui trace petit à petit son chemin de romancière à part entière. Nathalie Rheims est « entrée en écriture » en 1999 avec son premier roman, « L’un pour L’autre », (Folio), petit texte tout en finesse, un regard croisé sur Louis, son frère aîné, mort à 33 ans, et de Charles Denner, l’acteur emblématique des années 70, qu’elle admirait en secret et qu’elle n’a pas connu. Jamais elle ne s’est doutée du succès qui a suivi ! Le livre est sorti dans la profusion de la rentrée littéraire et a enthousiasmé la critique par sa sobriété et sa profondeur. Les lecteurs étaient au rendez-vous. Quatre autres romans ont suivi, dont « Les Fleurs du Silence » (Flammarion, 2001) et le mystique « Lumière Invisible à mes yeux » (Léo Scheer, 2003). Son sixième roman, « Le Rêve de Balthus » (Fayard / Léo Scheer) à peine sorti, attire déjà l’attention de la presse et des lecteurs. Il s’agit d’un labyrinthe artistique où se mêlent érudition et mystère, et où la jeune romancière au style épuré renoue avec ses thèmes de prédilection : la disparition, l’absence et le travail de deuil. Ce roman à la structure complexe met en scène, en tant que personnage principal, ce tableau bien réel, chef d’œuvre du peintre Balthus. Débute alors un parcours initiatique, de Paris à Venise, qui remonte le temps jusqu’à la Renaissance italienne et qui entraîne la jeune héroïne, Léa, dans un jeu de pistes. A travers ce livre qui est un hommage à l’art, aux œuvres de beauté qui nous survivent siècle après siècle, Nathalie Rheims rend également un hommage a son père, Maurice Rheims, à tout ce qu’il lui a transmis de sa passion de collectionneur et d’esthète. Elle fait renaître les balades à Venise, les musées, les expositions visitées ensemble, les objets chers qu’il lui a légués. Dans ce roman, elle poursuit le dialogue avec ce père disparu. « L’héritage, ce ne sont pas seulement des biens, précise-t-elle, c’est aussi ce que nos parents nous transmettent. Je dois ce livre à mon père, qui m’a appris à aimer l’art, et qui m’avait dit un jour : Je ne te demande rien d’autre que d’être curieuse. » Nathalie Rheims nous prouve, à travers ses romans pudiques et retenus qu’elle est arrivée à se faire un prénom.

[clarabelle]

Yansored, un bien joli texte que voilà ... Je viens de terminer le roman en question.. bah tiens donc :
C'est très à la mode de s'inspirer d'un tableau et d'en faire un roman, à moins de faire du tableau lui-même la pièce centrale du récit, le héros du roman ! Nathalie Rheims rend hommage à son père Maurice et lui dédicace "Le Rêve de Balthus". Car c'est le tableau du maître qui est la clef de ce livre : une jeune fille, Léa, fait des rêves médiumniques. Elle rêve du tableau de Balthus dans lequel elle pense s'y retrouver sous les traits de la jeune fille endormie. C'est un peintre, Andrea, qui le souligne. Et aussi la similitude entre sa propre fille, Angie, et la deuxième fille du tableau, celle qui tend une rose jaune. Or, Angie est portée disparue. Et dans ses rêves, Léa croit que cette jeune fille lui chuchote une vérité, une révélation. Partie à Venise, à la rencontre d'une confrérie secrète, Léa va comprendre la signification de ses rêves, tenter de percer le mystère de l'immortalité, comprendre le mystère des disparus - son père Maurice et la jeune Angie -, et pactiser avec le Malin. Diableries, onirisme, peintures de la Renaissance, Balthus dans son atelier, bref... on en voit de toutes les couleurs ! J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. La sensation du rêve, du réel et de la vérité est si mince, si perceptible. On hésite à entrer dans l'histoire, bourlingué entre un appartement parisien, un palais vénitien et un songe plongé dans l'obscurité. Les parois sont fragiles, et hélas j'ai trouvé que l'histoire n'était pas suffisament brodée ! Pourtant Nathalie Rheims traite élégamment son récit, d'une belle écriture épurée et intelligente. Mais sous l'effet de l'hypnose, j'ai regretté que l'histoire ne s'éternise davantage ...Clarabelle Le site de l'auteur : www.nathalierheims.comParu dans Le Figaro, article de France Huser : C’est un tableau de Balthus qui s’appelle «le Rêve». Il est le héros du roman de Nathalie Rheims. Léa, le personnage principal de ce récit, est obsédée par lui. Au point qu’elle s’imagine dans un songe nocturne habiter la toile. Elle est celle que l’on voit allongée sur un canapé. Mais la jeune fille qui dans la toile se penche sur la belle endormie et lui tend une rose n’est plus là. A son réveil, Léa est troublée. Car elle apprend de la bouche d’un autre peintre que l’adolescente ayant servi de modèle à cette jeune fille à la rose a elle aussi disparu.
Première énigme: le visage de cette nymphe apparaît d’un siècle à l’autre, identique, dans « Persée et Andromède » de Gustave Moreau ou sous le pinceau d’Ingres. Pour retrouver l’adolescente, faut-il remonter alors dans le temps? Interroger les rêves? Aller dans l’atelier de Balthus lui-même et à Venise, la ville magique? Parcours initiatiques, fils jetés et perdus, indices évanescents: un univers onirique se tisse, qui correspond au tableau lui-même, à ses perspectives faussées, et à cette sensation du temps arrêté par le pinceau du peintre. Car c’est bien du Temps qu’il s’agit ici. Le Temps qu’il faut vaincre afin de conquérir l’immortalité.
L’échiquier qui se trouve accroché sur le mur, au fond du tableau, est désormais posé devant Léa. L’armoire qu’a peinte Balthus s’ouvre, livrant d’autres mystères. Léa, qui a le pouvoir de communiquer avec les vivants absents et les morts, a déjà retrouvé un Fragonard, un Watteau, un Vermeer, un Caravage. Retrouvera-t-elle le deuxième «Songe de sainte Ursule» de Carpaccio? Péripéties et rêves entremêlent réalité et fiction tandis que s’affirme la présence du père mort. A travers sa parole se révèle le pouvoir de l’art et de ses objets, qu’il s’agisse d’un chat égyptien en bronze ou d’un pion d’échecs venu d’un jeu de Charlemagne. «Les objets sont des passeurs», disait Maurice Rheims, le célèbre commissaire-priseur. A travers ce récit, on devine que sa fille Nathalie retrouve aussi celui qui a disparu.