Le charognard - K.J. Parker

[Soleil*]

T1 : Ombre
Un homme se réveille au milieu de nulle part, parmi des corps éparpillés, sous le regard inquisiteur des corbeaux. Il ne sait plus qui il est, ou comment il est arrivé là. Le seul bien le rattachant à son existence ultérieure est son don naturel pour manier l'épée, et les rêves fragmentaires qui hantent son sommeil. Perdu dans un monde hostile, il erre de village en village, jouant au dieu pour trouver le gîte et le couvert. Mais l'ombre de son passe ne cesse de le poursuivre. Elle lui évoque un mystère bien plus grand qu'il ne l'aurait imaginé, une vérité qu'il préférait sans doute ne pas croire.

Bien sympa.
Pour ceux qui ont lu la trilogie Loredan, on retrouve le style de l'auteure, mais l'histoire est un peu moins compliquée à comprendre et il y a moins de longueurs.
Par contre, on n'est quasi pas plus avancés à la fin du tome qu'au début, c'est un chouya frustrant...
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.

[Aphraël]

J'ai fait une critique là plus détaillée mais j'ai beaucoup aimé, dans le même esprit que les Loredan, et aussi frustrant.

Vivement la suite !
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http://aphrael.over-blog.com/

[Soleil*]

Chronique réalisée pour les Chroniques de l'Imaginaire :



T2 - Motif

Poldarn, l’homme sans mémoire, a retrouvé les siens : les Maraudeurs, pilleurs impitoyables sur le continent, mais paisibles paysans sur leurs îles natales. Ici, il est Ciartan, petit-fils et héritier du Fermier Halder. Poldarn ne demande pas mieux que de s’intégrer, mais trouve « son » peuple particulièrement étrange. Ces gens parlent très peu, savent toujours ce qu’ils ont à faire et le font, ne se battent ou ne s’enivrent jamais. Et pour cause : ils sont télépathes, leur esprit formant une gestalt accordée sur leur Fermier, allant jusqu’à s’endormir ou se réveiller au même moment que lui.

Déjà frustré par le comportement indéchiffrable de ses proches qui ne lui donnent guère d’explications, Poldarn l’est également par sa mémoire toujours bloquée. Certaines bribes de souvenirs remontent à la surface, mais rien d’utile : il a oublié qui il était, ce qu’il a fait autrefois ainsi que pendant ses années sur le continent, et jusqu’à son métier de forgeron ; il a oublié également comment communiquer par la pensée. La rencontre de plusieurs voisins, venus s’assurer de son amnésie et laissant entendre - sans vouloir rien révéler - qu’il a fait autrefois des choses indicibles, n’arrange rien !

Poldarn ne trouve pas ses repères, il est plus gêneur qu’utile pour sa communauté. Cependant, quand le volcan voisin va se réveiller, son ouverture d’esprit va s’avérer salutaire. Ou non, selon le point de vue, car l’enfer est pavé de bonnes intentions…

Changement de décor pour ce deuxième tome de la trilogie Le Charognard : notre héros ne quitte son île à aucun moment, hormis dans ses rêves. Des rêves chargés de signification, qui lui montrent passé et avenir, tant pour lui que pour ceux qui jouent un rôle dans sa vie. Bribes par bribes, le lecteur en apprendra ainsi bien plus sur la situation, quoique pas assez pour comprendre tous les tenants et aboutissants du motif récurrent qui se dessine. Mais ironie du sort, ce n’est pas le cas de Poldarn, qui oublie ses rêves dès son réveil, bien que douloureusement conscient qu’il possède une deuxième personnalité enfouie.

L’ironie semble d’ailleurs poursuivre Poldarn : ne pas savoir allumer un feu semble un comble pour un forgeron, mais plus encore pour un dieu du feu et de la destruction qui s’ignore ! Les moindres actions pourtant bien intentionnées de Poldarn semblent toujours virer au désastre… Et si les actions du personnage ne lui attirent pas toujours notre sympathie, on ne peut que compatir face aux catastrophes qui le poursuivent.

On pourrait s’étonner que K. J. Parker arrive à nous tenir en haleine dans un pavé qui contient finalement peu d’action, avec bien moins de combats que dans le tome précédent, mais c’est pourtant le cas. Les réflexions de Poldarn nous entraînent dans bon nombre de sujets : le souvenir bien sûr (est-il acceptable de fouiller dans un passé enfoui dont la révélation peut être dommageable à la communauté ? un acte mauvais oublié de tous compte t’il toujours ?) ; la similitude du mode de pensée entre les îliens et les corbeaux d’une part, les corbeaux et les dieux d’autres part ; la fatalité et la responsabilité ; etc.

La plume de l’auteure ne faiblit pas, toujours acérée et précise. Elle est également bien documentée, et vous retiendrez certainement quelques petites choses sur l’art de la forge ou le comportement des corbeaux, que vous verrez certainement différemment après cette lecture. Si vous avez aimé La trilogie Loredan ou le premier tome de celle-ci, nul doute que vous apprécierez ce nouvel opus !
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.