natiora Marraine la Bonne Fée
Inscrit le: 23 Nov 2010 Messages: 1049 Localisation: Lille
|
Posté le: Mer Mar 16, 2011 10:18 am Sujet du message: Angle obscur - Reed Farrel Coleman |
|
|
Je viens de lire ce polar et je recopie ici la chronique publiée dans les Chroniques de l'Imaginaire
Août 1998. Dans un hospice, un malade en phase terminale demande à parler à Moe Prager, ex-flic, au sujet d'une affaire vieille de vingt ans. Un jeune étudiant, Patrick Maloney, avait disparu.
Le souvenir de cette disparition replonge Moe Prager en 1978, et c'est là que tout débute réellement puisque l'affaire Maloney est le coeur de l'intrigue. Jour par jour, chaque chapitre étant titré d'une date, Prager nous raconte ce qui s'est passé. A l'époque, il vient d'être mis à la retraite du NYPD, la police new-yorkaise, suite à une blessure au genou qui le contraint à marcher en permanence à l'aide d'une canne. Son ami Rico le met en relation avec Francis Maloney, un homme aux dents et au bras longs. Patrick, le fils de Maloney, a disparu. Toute la ville le cherche activement, mais rien n'en ressort. Prager avait réussi à retrouver une petite fille vivante après quatre jours de disparition, alors Rico a suggéré qu'il pourrait aussi réussir à retrouver Patrick, de manière officieuse.
Cependant, Prager sent vite que quelques chose cloche. Ce Francis Maloney n'a pas l'air si affligé qu'il devrait l'être, certains fonctionnaires de police se montrent étrangement coopératifs... Et au fur et à mesure de ses investigations, il se rend compte que Patrick n'était pas l'angélique garçon de bonne famille que les photos épinglées dans toute la ville laissent paraître. Qui était-il vraiment ? Pourquoi est-on allé chercher Moe Prager ?
L'intrigue elle-même n'est pas vraiment palpitante, il n'y a pas des rebondissements à chaque page, même si au vu des dates l'enquête avance assez vite. Les différents protagonistes, leurs implications politiques ou autres, sont suffisamment étoffés pour avoir un récit consistant mais pas assez pour nous surprendre. Pourtant, on est happés par l'histoire. Cela peut sembler paradoxal, mais c'est en réalité dû à la capacité de Reed Farrel Coleman à véritablement créer un contexte, une atmosphère. Prager est le narrateur, et s'adresse parfois directement au lecteur, à la manière d'une voix off au cinéma retraçant les évènements. Il nous livre ses interrogations, ses doutes, ses états d'âme. Ce n'est pas un personnage spécialement attachant mais il a ce quelque chose qui fait qu'on a envie de le suivre : sa culture juive, son ton désabusé, son humour cynique, incisif, en font un vrai personnage de roman noir. L'écriture de Reed Farrel Coleman est facilement accessible au niveau du langage, mais truffée de références cinématographiques, littéraires, culturelles, pas toujours faciles à déceler, qui donnent au récit plus de profondeur.
En somme c'est un roman noir qui se lit facilement, avec plaisir, mais plus pour Moe Prager que pour l'affaire Patrick Maloney. _________________ “Un livre n'est pas seulement un ami, il vous aide à en acquérir de nouveaux. Quand vous vous êtes nourri l'esprit et l'âme d'un livre, vous vous êtes enrichis. Mais vous l'êtes trois fois plus quand vous le transmettez ensuite à autrui.”
Henry Miller |
|