XIe siècle. Le Pays de Galles vit une période difficile : les Bretons autochtones sont peu à peu envahis par les nobles Anglais et surtout Normands ayant prêté allégeance au roi d'Angleterre, William II le Rouge, fils du Conquérant du même nom. Dans le petit commot d'Elfael, le roi Brychan n'a pas su se soumettre à temps : il est massacré avec toute sa garde. Son héritier, qui ne le portait pas dans son coeur, ne désire certes pas continuer le combat : le beau séducteur n'a guère l'envie de s'encombrer des responsabilités d'un royaume et préfèrerait trouver refuge dans sa famille maternelle.
Mais on n'échappe pas si facilement à son destin, comme va bientôt l'apprendre le jeune homme. Ayant échappé de justesse au comte Falkes de Braose qui dirige désormais l'Elfael d'une main de fer, blessé à mort, Bran ap Brychan est recueilli par l'étrange guérisseuse connue sous le nom d'Angharad l'Hudolion ("l'enchanteresse"). Après une longue convalescence bercée de récits de héros d'antan, il se laisse convaincre de combattre aux côtés de ceux qui croient en lui. Agissant dans l'ombre à partir de la sauvage forêt des Marches, celui que les Normands prennent pour un fantôme et que les Bretons appellent Rhy Bran ("le Roi Corbeau") est bien décidé à tout mettre en oeuvre pour libérer son peuple.
Situer la légende de Robin des Bois au Pays de Galles alors que les Cymry luttent pour conserver leur indépendance, voilà qui ne manque pas d'originalité. Stephen R. Lawhead, qui justifie ce choix dans sa postface, parvient cependant à nous présenter une histoire cohérente qui reprend efficacement les éléments les plus connus du mythe. On retrouvera donc parmi les personnages le champion Iwan (Petit Jean), le prêtre Aethelfrith (Frère Tuck) et même la belle princesse Mérian (Marianne) qui a succombé au charme de Rhy Bran le Hud (Robin Hood). On retrouve également un peuple sévèrement opprimé et un village refuge caché dans une immense forêt primitive, abritant des fidèles guérilleros aux costumes de feuilles et de brindilles...
Le roman est remarquablement documenté, brossant avec beaucoup de crédibilité un Pays de Galles couvert de colline verdoyantes et de sombres forêts, peuplé de gens fiers qui n'hésitent pas à se transformer en guerriers quand cela est nécessaire, dans lequel le christianisme trouve peu à peu sa place dans un folklore celtique plus ancien.
Comment l'auteur parvient, malgré un scénario sans grande surprise, à proposer un récit d'une telle fraîcheur reste pour moi un mystère ! Le style est fluide, le récit prenant, les personnages intéressants : en reposant ce livre, le lecteur n'aspire qu'à découvrir la suite des aventures du jeune héros. _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Réduit au vagabondage après que les terres de son seigneur aient été confisquées sous le couvert de l'inique Loi Forestière, le forestier saxon Will Scatlocke, dit Ecarlate, n'a plus rien à perdre. Il décide de rejoindre le Pays de Galles, où un homme connu comme "le Roi Corbeau" défie les suzerains normands : cet homme, c'est Rhy Bran y Hud, roi légitime de son petit commot d'Elfaël, qui lutte pour son peuple.
Après quelques pérégrinations, Will réussit à joindre la petite communauté qui vit dissimulée dans la Forêt des Marches. Jurant fidélité à Bran, il devient l'un de ses hommes de confiance, l'accompagnant dans ses entreprises. Mais la vie de hors-la-loi est hasardeuse et les ennemis de Rhy Bran dangereux et retors, et c'est depuis les cachots où il attend sa pendaison que Will confie son histoire au brave moine Odo, chargé de recueillir ses dires dans l'espoir qu'il trahisse son seigneur...
Dans la première partie du roman, nous découvrons une version somme toute assez classique de l'histoire de Robin des Bois, malgré le point de départ original adopté par Stephen R. Lawhead, le célèbre bandit étant ici un noble breton qui n'aime guère plus les Saxons que les Normands. On y découvre donc un peuple opprimé de mille façons, des méchants sinistres et ambitieux, un Robin charismatique qui dirige une poignée de laissés-pour-compte cachés dans la forêt et qui attaquent les riches voyageurs... Malgré ce, l'histoire est plaisante et fluide, avec un aspect inhabituel lié au point du vue adopté : Le personnage principal ici, ce n'est pas Rhy Bran mais bien Will Ecarlate, qui relate les choses à sa façon.
Dans la deuxième partie, l'intrigue se complexifie petit à petit et devient plus prenante. Ayant mis la main sur une lettre adressée au pape, Robin reste perplexe devant la pugnacité que déploient ses ennemis pour la récupérer. Le pape, oui, mais quel pape ? Car si Urbain occupe le trône de Saint-Pierre à Rome, Clément en France se veut lui aussi le seul représentant de Dieu sur Terre. Soutenir l'un ou l'autre est un jeu politique à la mode, qui fleure la trahison à plein nez... Mais peut-être est-ce l'occasion tant attendue pour Bran de tirer son épingle du jeu et d'obtenir la liberté de son peuple ?
Si ce deuxième tome des aventures du Roi Corbeau n'est pas tout à fait au niveau du premier, il reste cependant fort agréable à lire. Le cliffhanger final ne peut qu'inciter le lecteur à attendre impatiemment le dernier tome, d'autant que celui-ci promet d'être centré sur un autre personnage fort intéressant et sympathique : "Mi-diablotin, mi-malotru, mi-ange - frère Tuck". _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
William le Rouge a trahi la parole donnée à Rhy Bran : Au lieu de lui restituer ses terres de l'Elfael, le Roi d'Angleterre s'est approprié le cantref, le plaçant sous la tutelle de l'abbé Hugo et du shérif de Glanville. Bran, rongé par l'amertume et la rage, n'a d'autre choix que de retourner dans son refuge, au plus profond de la forêt. Il n'est pas résigné pour autant, mais au contraire déterminé à reconquérir son pays coûte que coûte !
Mais comment faire quand son Grellon - son armée - ne compte que six archers ? Certes, les archers gallois sont exceptionnels, mais Bran a besoin de guerriers supplémentaires. Il se résout à aller demander l'aide du roi Gruffydd du Gwynedd, qui lui est apparenté. Il va vite déchanter : son parent est prisonnier des Ffreincs... Là où une armée ne saurait délivrer le roi, la ruse naturelle de Bran y parviendra-t-elle ?
Notre Rhy Bran a beau être gallois, il n'a rien à envier au Robin des Bois saxon auquel nous sommes plus habitués. Doté d'adversaires retors et impitoyables autant que d'amis fidèles, l'astucieux archer se coule naturellement dans l'archétype du roi des voleurs. Si nous avons donc perdu en originalité par rapport aux tomes précédents, nous avons cependant toujours autant d'action, les combats et autres actions d'éclat se succédant à un rythme effréné ; ils donnent généralement la part belle aux rebelles, qui font usage de leur intelligence et de l'impénétrabilité de leur forêt protectrice pour mettre à mal des chevaliers largement supérieurs en nombre. Voilà qui est tout à fait plaisant.
Ce qui m'a un peu déçu, c'est la focalisation choisie. Au vu du titre de l'ouvrage, j'espérais que ce tome nous serait relaté par frère Tuck, comme le précédent l'était par Will, afin d'avoir un point de vue différent et d'en apprendre plus sur ce curieux prêtre. Que nenni ! Certes, Tuck accompagne Bran dans toutes ses aventures et l'aide fort à propos, avec également un rôle majeur à jouer dans le final, mais c'est clairement Bran le personnage central dont on suit l'histoire pas à pas. Même les apartés concernant d'autres personnages, fréquents dans les deux tomes précédents et qui permettaient de nous distraire du fil linéaire des aventures de Bran, sont ici réduits comme peau de chagrin : ils se limitent quasiment à de brefs passages destinés à nous rendre plus sympathique un baron de Neufmarché qui s'attache petit à petit au pays de Galles.
J'ai donc trouvé ce tome de moins bonne qualité que ceux qui le précédaient, mais il reste très agréable à lire et offre une excellente conclusion à la trilogie du Roi Corbeau de Stephen R. Lawhead. _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
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