[Cycle] Les faiseurs de mirages - Glenda Larke

[Soleil*]

Chronique réalisée pour les Chroniques de l'Imaginaire :

T1 - Au coeur du Mirage

Avalée une génération plus tôt au sein du tentaculaire empire Tyréen, la Kardastie n'a cependant jamais abandonné la forme de rébellion passive qui la caractérise : Nul Kardi ne coopère jamais de son plein gré avec l'envahisseur, au point que même la Confrérie, le réseau d'espions de l'Exaltarque de Tyr, n'a jamais pu s'y implanter. C'est pourtant bien une mission d'infiltration que la Confrérie confie à Ligéa Gaillius : Elle doit s'appuyer sur son sang kardi pour approcher et éliminer le Mirageur, le nouveau leader de la résistance, dont le bastion se situe dans la région du Mirage, de l'autre côté d'un désert de sable réputé infranchissable.

Ligéa n'a plus de souvenir de sa petite enfance en Kardastie. Adoptée par un général tyréen, elle a fait siennes ses valeurs, admirant la grandeur de l'Empire et souhaitant le servir au mieux de ses facultés. Même si quitter la capitale de la civilisation pour un pays de barbares incultes ne l'enchante guère... Mais une fois en Kardastie, ses certitudes vont basculer peu à peu : D'abord révoltée par ce qu'elle découvre sur l'esclavage et le joug inhumain imposé à un pays conquis, elle va peu à peu réaliser qu'elle appartient bien plus à ce peuple qu'elle ne l'imaginait. Le don qu'elle a toujours eu de reconnaître la vérité et les émotions de ses interlocuteurs n'est en effet qu'une facette des pouvoirs qu'elle a hérités par son ascendance kardie : Les Magors, l'ancienne classe régnante de Kardastie, sont de puissants magiciens.

Ligéa est troublée : Comment des magiciens aussi puissants ont-ils pu être vaincus ? Qui a trahi, parmi ce peuple parfaitement uni ? Et elle, pourra-t-elle vraiment trahir ses nouveaux amis et surtout le Mirageur, pour lequel elle a eu un coup de foudre réciproque ?

En apparence, nous avons ici affaire à une énième répétition de l'espion qui saute le mur et rejoint ceux qu'il est supposé combattre, dans un cadre qui rappelle celui de la Rome antique. Mais en regardant de plus près, on voit que l'affaire est un brin plus complexe : Ligéa a été mandatée par l'Exaltarque lui-même et il est loin de lui avoir donné toutes les cartes avant de l'envoyer ; une machination d'envergure et de longue haleine que Ligéa aura bien du mal à démêler.

Nous suivons le fil des événements à travers les yeux de Ligéa. Cela réduit le point de vue, mais permet de bien suivre l'évolution de ses réflexions et de ses perceptions, alors qu'elle remet en question tout ce qu'elle a toujours tenu pour acquis. Il est long, le chemin qui mène l'aristocrate gâtée de Tyr aux doutes et à la rébellion ! Heureusement, elle peut compter sur un ami fidèle, qui l'aidera à ouvrir les yeux : Après tout, Brand porte le collier des esclaves et a toujours vu ce que cachait la grandeur de l'Empire... Autour d'eux vont graviter une poignée d'autres personnages également intéressants, quoique souvent tout d'une pièce. J'ai parfois regretté des changements de points de vue qui semblent très soudains, transformant un amour grandiose ou une amitié profonde en une haine féroce au premier soupçon de trahison, ou inversement.

Ce que j'ai beaucoup aimé par contre, se sont les Faiseurs de Mirage : des entités non humaines qui font de leur mieux pour accueillir les réfugiés kardis, mais qui ne savent pas trop comment s'y prendre, ayant beaucoup de mal à communiquer. Cela se traduit par des bouleversements permanents dans la structure de la contrée, des ciels de toutes les couleurs, ou des poissons dans des bulles d'eau volantes pour égayer la tristesse de Ligéa... Bien curieux, mais fort attachants ! Bien sûr, les Faiseurs de Mirage cultivent leurs propres desseins, qui ne sont pas forcément en accord avec ceux des humains...

Au final, c'est une lecture très agréable et il me tarde d'avoir entre les mains les tomes suivants : pour le moment, seule la première manche est jouée et nous n'avons que des indices sur ce qu'il va advenir ensuite...
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.