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Posté le: Dim Nov 09, 2003 2:37 pm Sujet du message: Les chardons du Baragan - Panaït Istrati |
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La vie de Panaït Istrati pourrait elle-même être un roman : né en 1884 en Valachie d’une mère paysanne roumaine et d’un père contrebandier grec, il grandit dans le port de Braïla en survivant grâce à des petits boulots. Autodidacte, il devient rédacteur de « La Roumanie Ouvrière », secrétaire du syndicat des travailleurs portuaires, puis part en périple à travers le monde, parcourant la Grèce, la Turquie, la Syrie, l’Egypte et l’Afrique où il exerce tous les métiers possibles, avant de se retrouver à Nice, où il devient photographe ambulant. C’est là, qu’en 1921, il tente de se suicider
en s’ouvrant la gorge et qu’à l’hôpital, il rencontre Romain Rolland qui est bouleversé par ses écrits. C’est ainsi que Panaït Istrati, écrivain roumain d’expression francophone se fera connaître, Romain Rolland le comparant à un « Gorki balkanique ». « Les charbons du Baragan » ont été écris en 1928. A Laténi, sur les bords de la Borcea, Mataké, un jeune adolescent part « courir derrière les chardons », des chardons qui « n’étaient que rêve et audace, invitation à changer ce qu’on a contre ce qu’on pourrait avoir, fût-ce le pire, car il n’y a rien de pire que le croupissement pour ceux qui aiment toute la terre ». Les paysages arides et pauvres du Baragan sont en effet traversé chaque hivers par un puissant vent venu de Russie, un vent si fort qu’il déracine et fait voler les chardons, que des jeunes gens suivent en rêvant de trouver une vie meilleure, plus loin, peut-être même à Bucarest. Et c’est donc à travers le voyage de Makaté que l’on se retrouve plongé dans la réalité encore féodale des paysans de Roumanie du début du siècle, et où, Mataké découvre que « le pays tout entier, de Dorohoï à Vârciorova, n’est
qu’un Baragan, sur lequel se promènent, le fouet à la main, des chardons autrement vénéneux. Ce sont ces chardons-là qu’il faut extirper ». Et c’est ainsi que le fatalisme fait lentement place à la colère et à la révolte, jusqu’à l’insurrection paysanne de 1907 et la sanglante répression qui l’a suivie.
Roman d’apprentissage où la misère est vue à travers les yeux de Mataké, roman réaliste sur la condition paysanne, c'est aussi un livre écrit avec un style littéraire, à la fois réaliste et poétique, qui en fait un livre
qu’on ne peut plus lâcher une fois qu’on l’a commencé. Réédité en mars 2003 (collection Les cahiers rouges, édition Grasset), « Les chardons du Baragan » sont un bon moyen de découvrir ou de redécouvrir l’œuvre du Gorki des Balkans. |
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