Tybalt
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Posté le: Dim Jan 22, 2012 3:50 pm Sujet du message: Gandahar (Les hommes-machines contre Gandahar) - Jean-Pierre Andrevon |
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Résumé :
Gandahar, vaste royaume situé sur la planète Tridan, a des allures de paradis. Après des millénaires de civilisation et des avancées technologiques poussées, qui ont conduit notamment à des modifications profondes des espèces animales, l'usage de la technologie est peu à peu devenu marginal, remplacé par l'emploi de plantes et d'animaux modifiés. La reine Myrne Ambisextra règne sur son peuple paisible, dont la paix n'a plus été troublée depuis des siècles. Mais un jour, une menace se fait sentir peu à peu : les oiseaux-espions qui surveillent les lointaines frontières du royaume sont tués les uns après les autres. Le chevalier Sylvin Lanvère est convoqué au palais et envoyé en mission pour cerner la nature du danger. Il découvre alors l'existence d'une armée gigantesque, l'armée des hommes-machines, qui avance lentement mais irrésistiblement sur Gandahar.
Qui sont-ils ? Qui est leur chef, qu'ils appellent "Super-dur-de-dur" dans leur langage limité et violent ? Viennent-ils d'un autre pays, d'une autre planète, d'une autre époque ? Sylvin rencontre sur sa route Airelle, une réfugiée, et doit enquêter sur la nature du Métamorphe, une gigantesque entité dotée de puissants pouvoirs qui semble liée aux hommes-machines. Restera à trouver un moyen de mettre fin à la guerre et d'éviter la destruction totale de Gandahar, qui semble inéluctable.
Mon avis :
Les hommes-machines contre Gandahar est le premier roman de Jean-Pierre Andrevon, paru en 1969. L'aspect "premier roman" se sent parfois un peu dans le style, mais n'empêche pas le récit d'être bien mené et l'univers de frapper par son originalité. L'aspect "1969" se sent aussi, d'une certaine façon : l'univers (qu'on classerait volontiers dans la fantasy sans son cadre plus général franchement SF) a parfois un côté psychédélique et baigne dans une sensualité certaine, qui ne va pas sans un certain traditionnalisme dans la répartition des rôles entre les personnages (Airelle est une gentille potiche que le brave chevalier protège...) ; du coup, le résultat a parfois un petit air suranné.
Mais l'ensemble se lit bien et révèle peu à peu ses qualités à mesure que le cadre de départ très "gentil", placé sous le signe de l'utopie, s'avère nettement plus nuancé et non dénué d'aspects plus sombres . Par allusions savamment distillées au fil des pages, on en apprend un peu plus sur le passé de Gandahar, et on entrevoit la façon dont ce passé trop oublié risque de se retourner contre le royaume... par futur interposé. L'aspect "voyage dans le temps" reste assez simple mais fonctionne bien. Les côtés les plus "mignards" de l'univers sont rapidement contrebalancés par l'évolution de plus en plus sombre du récit, de sorte que l'ensemble ne devient jamais ni mièvre ni bêtement désespéré.
J'ai découvert Gandahar par le film d'animation du même nom qu'a réalisé René Laloux en 1988, et qui est un pur chef-d'oeuvre. Le dessin animé, porté par les graphismes de Caza, tire très bien parti de la puissance évocatrice du roman d'Andrevon, en matière de paysages, de personnages et de bestiaire ; dans le même temps, il développe certaines péripéties mineures dans le roman et lui confère sans doute encore plus de profondeur.
Le roman, en revanche, tire aussi sa force d'une écriture très picturale que même le film d'animation n'a pas pu éclipser. Vert, jaune, violet, rouge : les paysages de Gandahar ont des couleurs franchement extra-terrestres, plus proches de tableaux expressionnistes que des photos de la NASA ou des images de Star Wars. Certains lecteurs pourront ne pas aimer ; personnellement, j'ai beaucoup apprécié cette audace visuelle, et c'était un plaisir d'autant plus dépaysant d'imaginer cet univers. Par ailleurs, le roman fourmille de détails et d'allusions à des aspects que le film ne reprend pas (ou remplace par d'autres inventions) : on comprend que l'auteur ait eu envie d'agrandir encore son univers par la suite.
Le roman est paru en 1969 chez Denoël. Je l'ai trouvé dans une réédition dans la collection "Présence du futur", sous une couverture de Caza, sous le titre Gandahar, suivi de deux nouvelles se déroulant dans le même univers (je ne les ai pas encore lues). Le roman a été réédité en Folio SF en 2000, là encore sous le titre Gandahar (suivi des deux mêmes nouvelles), sous une moche couverture qui ne donne pas la moindre idée de l'univers du roman. Je ne sais pas s'il est encore disponible actuellement, mais j'espère que oui, car pour moi c'est un petit classique.
Quelques années après le premier opus, Andrevon a écrit plusieurs autres romans et nouvelles se déroulant dans l'univers de Gandahar. Je ne sais pas ce que valent ces textes, mais j'espère qu'ils seront regroupés en une intégrale un jour. CeNedra a déjà parlé ailleurs d'une de ces suites, "Les Rebelles de Gandahar". |
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