Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 840 Localisation: France
Posté le: Mer Juin 06, 2012 6:28 pm Sujet du message: La Jangada - Jules Verne
L'envie m'ayant saisi de découvrir quelques-uns des romans peu connus de Jules Verne, je viens de lire La Jangada (le roman tout entier n'a pas été suffisant pour me faire retenir le titre exact et j'ai dû vérifier à l'instant que ce n'était pas plutôt "La Jaganda" ou "La Jandaga").
Le roman se passe en Amérique Latine, le long de l'Amazone. La "Jangada" est l'embarcation énorme par laquelle la famille d'un exploitant en bois fortuné, accompagnée de plusieurs dizaines de ses ouvriers, descend le fleuve au cours d'un voyage qui va leur prendre plusieurs mois. Le but est de faire une importante livraison de bois, mais surtout d'amener la fille de l'exploitant et son fiancé à la ville où doit avoir lieu leur mariage. Des complications vont surgir en route, lié au passé de l'exploitant. La clé de toute l'affaire réside dans un mystérieux message codé.
Comme presque toujours avec Jules, l'ouvrage a un côté encyclopédique et pédagogique marqué. JV s'est visiblement très bien documenté sur l'Amazone et ses environs, à l'aide notamment de récits de voyage, et il le fait sentir ! Les énumérations d'espèces végétales ou animales peuvent être un brin excessives, mais elles sont tout de même nettement mieux que les blocs de texte hermétiques que l'on trouve parfois dans Vingt mille lieues sous les mers.
Le principal problème du livre est à mon avis que, contrairement à ce qui est d'ordinaire le cas dans les oeuvres de Jules Verne, le cadre et le scénario sont essentiellement indépendants l'un de l'autre. L'Amazone est un cadre très atmosphérique et ce camp flottant qu'est la jangada frappe l'imagination, mais Jules Verne n'en fait en fin de compte presque rien. L'essentiel du voyage le long du fleuve s'accomplit sans incident significatif. Le coeur de l'histoire - les ennuis qui surgissent du passé pour rattraper l'exploitant - se déroule dans un village et non pas à bord de l'embarcation. Il n'est pas dénué d'intérêt, mais il aurait pu facilement se dérouler dans un cadre tout à fait différent.
Bref, même si le livre est raisonnablement distrayant, je ne trouve pas qu'il exploite idéalement son idée-titre.
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6311 Localisation: Sud
Posté le: Jeu Juin 07, 2012 5:07 am Sujet du message:
Je suis entièrement d'accord avec toi, Outremer. Cela dit, même s'il est loin de mes préférés (je n'ai jamais rien trouvé d'hermétique ds 20000 lieues sous les mers, c'est dire !) je le trouve bien sympa, ce petit roman où j'avais appris plein de trucs sur l'Amazone. L'histoire, en revanche, m'avait paru à peu près sans intérêt. A lire comme un bouquin de géographie... _________________ Même le soleil se couche.
Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 840 Localisation: France
Posté le: Jeu Juin 07, 2012 3:29 pm Sujet du message:
(Je suis visiblement condamné à ne jamais avoir mis les sujets que je lance dans la bonne catégorie du forum.)
Lisbeï a écrit:
(je n'ai jamais rien trouvé d'hermétique ds 20000 lieues sous les mers, c'est dire !)
Quand je parle de blocs de texte hermétiques, je fais allusion à ce genre d'énumérations :
Citation:
Dans l'embranchement des mollusques, il cite de nombreux pétoncles pectiniformes, des spondyles pieds-d'âne qui s'entassaient les uns sur les autres, des donaces triangulaires, des hyalles tridentées, à nageoires jaunes et à coquilles transparentes, des pleurobranches orangés, des oeufs pointillés ou semés de points verdâtres, des aplysies connues aussi sous le nom de lièvres de mer, des dolabelles, des acères charnus, des ombrelles spéciales à la Méditerranée, des oreilles de mer dont la coquille produit une nacre très recherchée, des pétoncles flammulés, des anomies que les Languedociens, dit-on, préfèrent aux huîtres, des clovis si chers aux Marseillais, des praires doubles, blanches et grasses, quelques-uns de ces clams qui abondent sur les côtes de l'Amérique du Nord et dont il se fait un débit si considérable à New York, des peignes operculaires de couleurs variées, des lithodonces enfoncées dans leurs trous et dont je goûtais fort le goût poivré, des vénéricardes sillonnées dont la coquille à sommet bombé présentait des côtes saillantes, des cynthies hérissées de tubercules écarlates, des carniaires à pointe recourbées et semblables à de légères gondoles, des féroles couronnées, des atlantes à coquilles spiraliformes, des thétys grises, tachetées de blanc et recouvertes de leur mantille frangée, des éolides semblables à de petites limaces, des cavolines rampant sur le dos, des auricules et entre autres l'auricule myosotis, à coquille ovale, des scalaires fauves, des littorines, des janthures, des cinéraires, des pétricoles, des lamellaires, des cabochons, des pandores, etc.
Je trouve ça très lourd et dénué de charme. Dans La Jangada, je trouve que Verne s'est amélioré. Les énumérations sont mieux tournées et contribuent plus positivement à l'atmosphère générale.
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6311 Localisation: Sud
Posté le: Jeu Juin 07, 2012 6:16 pm Sujet du message:
Oui, je me doutais bien que tu faisais allusion à ce genre de choses :-D, mais euuuhhh... en fait pour moi ça fait partie du charme du roman : j'aime les mots totalement inconnus et exotiques (que peuvent être des pandores, à part des gendarmes, par exemple ????). _________________ Même le soleil se couche.
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