Posté le: Mer Jan 18, 2006 9:23 am Sujet du message: Le Tour d'écrou - Henry James
Le Tour d'écrou, et non "la" comme je le lisais par erreur sans cesse, c'est l'effet supplémentaire que la présence d'un enfant dans une histoire de revenants produit. D'où une brillante démonstration d'Henry James, qui se lit avec appétit.
Après avoir laissé tomber plusieurs lectures en cours, j'ai eu envie de calmer mon insatisfaction avec un "classique", espérant trouver dans le côté rébarbatif et lénifiant que leur lecture m'inspire habituellement une forme d'expiation pour mes pinaillages.
Hé bien pas du tout !
J'ai été charmée dès le départ par le style d'Henry James, qui n'utilise à mon sens pas un mot de trop, qui décortique avec précision la moindre pensée de cette gouvernante qui s'enfonce dans une spirale de plus en plus aliénante.
L'histoire enfin m'a rendue captive, je voulais absolument en connaître le point final.
Par contre, à trop entendre que le film "Les autres" en était inspiré, j'imaginais un tout autre épilogue, mais à bien y réfléchir je ne suis pas déçue.
Inscrit le: 14 Avr 2006 Messages: 17 Localisation: Paris
Posté le: Ven Avr 14, 2006 6:21 pm Sujet du message:
J'ai personnellement lu Le Tour d'Ecrou avant de visionner le film Les Autres et j'ai eu la même réaction que beaucoup: ce film serait-il inspiré de ce livre ?Mais finalement non. L'intrigue s'en rapproche mais très peu finalement. Et ce qui est particulièrement destabilisant c'est que le livre ne nous donne pas une réponse exacte à nos interrogations. En tant que lectrice, je sais que ce bouquin m'a beaucoup fait cogiter après que j'en aie lu la dernière page. Et comme dirait Voltaire: "Les meilleurs livres sont ceux dont le lecteur fait la moitié". Je ne vous surprendrai donc pas en vous apprenant que ce livre m'a beaucoup plue !
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Posté le: Jeu Jan 11, 2007 4:13 pm Sujet du message:
Existe-t-il plus grand plaisir que d'écouter des récits macabres, la veille de Noël, dans une vieille maison isolée ? Qu'il est diabolique le frisson qui glace alors les sangs... Qu'il est divin le cri des femmes épouvantées... Ce ne sont pourtant que des histoires... Tandis que celle-ci... Elle a été vécue... Par des enfants encore, deux petits orphelins, si admirablement gracieux, si serviables et si doux... Et leur gouvernante, une jeune fille des plus honnêtes. Ce qu'ils ont vu, ce qu'ils ont enduré et les circonstances extraordinaires des événements qui les ont... Mais non ! c'est trop horrible... Ça dépasse tout... en pure terreur ! Car le pire, c'est de savoir que, justement, on ne saura jamais tout..
Mon avis : Une jeune femme, la narratrice, est chargée de la garde et de l’éducation de deux adorables enfants, Miles et Flora, par leur oncle, un homme bien mystérieux, dans un manoir de la campagne anglaise du XIXéme. Dès son arrivée, elle est charmée par les orphelins aux visages d’anges, par le lieu et ses occupants et en particulier cette gouvernante Mrs Grose. Mais bien vite, de menaçantes apparitions font leur entrée dans la vie de la narratrice. Elle sent la mauvaise influence de ces ombres sur les enfants. Elle n’aura alors de cesse de vouloir les sauver.
Voilà un conte fantastique bien subtil où peu de chose sont dévoilées. Je dois dire que j’ai été bien perplexe en lisant ce récit. L’auteur m’a fait douter de l’honnêteté des personnages tout au long de la narration. L’intrigue bourrée d’allusion m’a fait me poser de ces questions ! mon cerveau n’a jamais autant cogité sur une si courte histoire . Chapeau bas à l’auteur qui ne fait que suggérer, qui nous laisse deviner le pire grâce aux allusions, aux non-dits. L’atmosphère est lourde, oppressante mais rien d’effrayant comme je l’attendais. Malgré tout, j’ai du faire quelques efforts, surtout au début, pour ne pas lâcher prise. Il y a énormément de questions sans réponses comme « pourquoi Miles a été renvoyé de l’école alors qu’il est si parfait ? » J’ai changé d’opinion à plusieurs reprises : la narratrice est folle, elle invente toute cette histoire abracadabrante puis non finalement ces fantômes sont bien réelles et encore non ce sont des hallucinations… Une vraie girouette. Et la chute est vraiment surprenante. A lire tout de même pour cette fine analyse des pensées des personnages et de leurs peurs. _________________ Au fil de mes lectures
Posté le: Dim Jan 14, 2007 5:36 pm Sujet du message:
Que ce livre m'a fait réfléchir...
Par petites touches l'atmosphère est installée, l'angoisse monte et la fin surprend. Même si j'ai d'abord été frustrée par le parti pris de l'auteur de ne pas trancher, je me suis ensuite longtemps intérrogée sur ces enfants...
Et puis ce livre a été ma première "rencontre" avec Henri James et un véritable coup de foudre littéraire pour cette auteur.
A lire et à relire _________________ Au fil des pages
Inscrit le: 29 Nov 2006 Messages: 215 Localisation: Tigane
Posté le: Sam Mai 12, 2007 5:12 pm Sujet du message:
Un roman au charme inquiétant.
J'ai été à la fois envoutée et perturbée par cette nouvelle.
Tout le long de cet étrange récit, le lecteur oscille entre rejet & acceptation: l'histoire est elle vraie ou n'est ce qu'une invention de la narratrice? peut-on ou non y croire?
Pour ma part, je penche pour la première hypothèse...
Mais après tout, qu'importe...Ce qui fait le charme de ce cout ouvrage, c'est aussi et surtout sa dimention psychologique - belle profondeur de la narratrice - et ses non-dits - dérangeants, déroutants... - . Tout est suggéré, beaucoup d'élèments restent dans l'ombre et ne seront jamais élucidés. Il régne une ambiance noire, pleine de mystères, de secrets, d'oppression peut-être.
En bref, une lecture sympatique, originale. Je retenterai peut-être un roman de cet auteur...
Posté le: Ven Juil 27, 2012 2:28 pm Sujet du message: Le Tour d'Ecrou - Henry James
Je raconte ma vie:
Livre imposé lors de mes études universitaires, j'avais honteusement acheté la version française pour m'assurer une compréhension ,peu aisée il faut l'admettre, d'un court roman dont la lecture avait à l'époque des enjeux qui sortaient évidemment du simple cadre du pur plaisir.
De Henry James je connaissais Portrait of a Lady et The Bostonians, tous deux chroniqués sur le coin (qui n'existait pas à l'époque...), je connaissais donc l'écriture de cet auteur de la fin du 19ème siècle, c'était avec délectation que je me plongeais dans un roman fantastique, genre que j'affectionnais déjà particulièrement ( même si je ne lisais à l'époque que du Stephen King), tout en me disant que si c'était ennuyeux, il ne comportait que 150 pages.
Je raconte l'histoire:
Un premier narrateur , lors d'une soirée "mondaine" joue avec la curiosité de son auditoire ,et du lecteur par la même occasion, en annonçant la lecture prochaine d'un journal rédigé par une gouvernante, Ann, qui raconte ce qu'elle vécut dans la propriété d'un mystérieux et séduisant employeur. Elle fait état des phénomènes dont elle fut le témoin principal alors qu'elle prenait soin de l'éducation de deux jeunes enfants, Flora et Miles, aidée par Miss Grose, concierge "historique" de la propriété ainsi qu'une dizaine d'autres employés.
Alors que son nouveau travail au contact d'enfants ,qu'elle considère comme adorables et attachants, se déroule dans les meilleures conditions elle évoque, avec beaucoup d'assurance et de manière détaillée, sa rencontre avec deux personnes qu'elle n'avait jamais vu auparavant, autour et dans la demeure, et qui s'avèrent être Peter Quint et Miss Jessel, respectivement ancien valet et ancienne gouvernante. Ce qui va perturber le quotidien de la narratrice réside dans le fait que ces deux personnes, qui furent amants dans le passé, sont morts et enterrés.
Le Tour d'Ecrou raconte le déroulement de ces apparitions et ce qui découlera de celles-ci. Ann est en effet persuadée que ces deux "fantômes" ont une emprise sur les deux enfants et qu'ils cherchent à les approcher, voire les emporter.
Je donne mon avis:
Comme il est bon de relire, sans évaluation, sans prise de notes, sans dissertation ou commentaire de texte un livre lu jadis au cours de ses études.
Le Tour d'Ecrou est un livre qui nécessite un minimum de concentration, le style de Henry James est marqué par son époque, et s'il est très court, la mise en place de l'intrigue se fait lentement, James utilisant de nombreuses métaphores et un langage soutenu qui m'éclaire maintenant sur mes difficultés passées à comprendre le texte dans la langue de Shakespeare.
Tout l'intérêt, selon mon humble avis, réside dans les doutes ressentis par le lecteur sur le bienfondé du témoignage de la narratrice et gouvernante. Je n'ai eu qu'une envie: terminer et savoir. Pour faire simple soit il s'agit du journal d'une folle, soit Ann a effectivement fait le récit d'une rencontre avec des revenants. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de fois où j'ai râlé quand je trouvais qu'elle faisait preuve de trop de retenue, de trop de respect et de protection pour son entourage. J'ai douté tout au long du livre, un coup j'étais certain qu'elle était bonne à enfermer, qu'elle avait des visions parce qu'elle sur-protégeait les deux enfants, et qu'elle ne gérait que trop difficilement la lourde responsabilité de l'éducation de deux enfants de bonne famille. La fois d'après je ne pouvais que sentir le regard lourd de sens de Peter Quint par la fenêtre du bureau, et me dire que les enfants étaient en danger, d'autant que la personnalité du petit Miles n'est pas aussi lisse qu'elle en a l'air.
Hein??? Est ce que la fin met fin à ses doutes??? Vous rigolez là??? Il faut le lire pour le savoir, et j'en discuterai avec beaucoup de plaisir avec vous ... D'autant plus que tout est bien...jusqu'au dernier des derniers mots
A noter que, hasard de la vie, j'étais, quelques mois après la lecture du livre, tombé, sur l'adaptation ciné du roman, intitulée The Innocents ( 1961). Je l'avais trouvée terrifiante, en voici la bande-annonce:
http://www.youtube.com/watch?v=fmamrVb6Ncs
Posté le: Sam Juil 28, 2012 12:55 pm Sujet du message:
Un excellent souvenir ! Il faudrait d'ailleurs que je le relise....
Pour moi, ce roman incarne le parfait fantastique: L'irruption du surnaturel dans le monde réel (selon la définition de Castex) avec cette notion de doute "Que s'est-il réellement passé ? Est-elle folle ? Est-ce surnaturel ?" . Et du doute naît le fantastique (selon Todorov).
Inscrit le: 19 Mar 2007 Messages: 1489 Localisation: Paris
Posté le: Dim Juil 29, 2012 10:35 pm Sujet du message:
Lisbeï a écrit:
Pfiou, ça donne envie, ça ! D'autant que ça m'évoque l'enfant contre nature de Rebecca et de Jane Eyre...
Ça n'en est pas loin !
J'avais lu ce roman (ou cette nouvelle, selon les classements) il y a maintenant un bon moment, également dans un cadre scolaire, et pour le coup en anglais - et ça n'a pas été simple, parce que le style de James est plein de longues phrases à la syntaxe recherchée qui constituent un entraînement sans pitié pour le lecteur encore peu expérimenté en anglais que j'étais alors... mais c'est très beau, alors ça vaut la peine. J'en garde un bon souvenir : c'est du fantastique subtil, progressif, et qui trouble pour longtemps.
J'avais écouté aussi l'opéra de Benjamin Britten (The Turn of the Screw), qui s'écarte un peu de l'intrigue d'origine, et dont la musique pousse l'ensemble vers le dérangeant, voire le terrifiant. Pas mon style de musique préféré, mais en termes de rendu musical du fantastique, c'est très réussi.
Inscrit le: 16 Mai 2009 Messages: 3029 Localisation: Loire
Posté le: Mer Oct 17, 2012 7:05 pm Sujet du message:
Je l'écoute actuellement en audio-livre quand je vais au sport, mais sans l'avoir lu en format papier auparavant. Quand on l'écoute, on sent bien l'atmosphère se mettre en place, le doute qui s'installe. Les phrases longues et littéraires de James ne sont effectivement pas toujours faciles à appréhender, mais cela nous fait encore plus baigner dans une atmosphère étrange.
De plus, dans un audio-livre, les fins de chapitre sont accompagnés de musique, et celle qui a été choisie pour ce roman, est tout à fait adaptée et rajoute encore au fantastique de ce roman.
Vivement la prochaine séance de sport ! _________________ On ne sait jamais ce que notre malchance nous a évité de pire. Cormac McCarthy
Inscrit le: 16 Mai 2009 Messages: 3029 Localisation: Loire
Posté le: Mer Nov 21, 2012 9:18 pm Sujet du message:
Je viens de le terminer en ramant, et pfiouou...le dernier des derniers mots fait un choc, effectivement !
Bon j'avoue que l'écouter en pédalant ou ramant, ce n'est peut-être pas la meilleure façon de l'apprécier, et je suis sûre que je suis passée à côté de bien des moments littéraires délicieux, mais je le lirai en version papier dès que j'en aurai l'occasion !
Edit : j'ai trouvé un sujet sur ce roman dans le fil "Littérature classique". Quelqu'un saurait fusionner ? _________________ On ne sait jamais ce que notre malchance nous a évité de pire. Cormac McCarthy
Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Jeu Nov 22, 2012 11:15 am Sujet du message:
Marquise a écrit:
Edit : j'ai trouvé un sujet sur ce roman dans le fil "Littérature classique". Quelqu'un saurait fusionner ?
Si tu donnes le lien _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
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