Infidélité(s) - Christine Sagnier

[yansored]

Mon avis : Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour son premier roman, Christine Sagnier n’a pas froid aux yeux, ni ailleurs. Dès la page 11, nous voilà immergés en plein kamasoutra, dans une chambre d’hôtel, lors d’une liaison clandestine de Claire, la trentaine, mariée, mère de famille et infidèle. Tout y est retranscrit dans un graphisme minutieux : le grain de la peau, le moindre halètement, le plus infime des poils. Encore un roman « trash » sur l’adultère bovaryste, me direz-vous en baillant ? Point du tout. L’originalité et la force de ce livre résident dans l’écriture maîtrisée, sobre, presque clinique, qui parvient à parler « cul » sans prendre de gants et sans jamais être vulgaire. (Certains romanciers férus de scènes X devraient s’en inspirer.) Autre point fort, l’aspect psychologique du livre qui dissèque en finesse, sans complaisance, avec une pointe d’ironie détachée, les rouages du mariage, ce qui pousse une femme à tromper son mari (et vice versa), ce qui fait qu’un couple reste soudé, ou pas, après l’orage. Dernière réjouissance –n’ayons pas peur des mots --, la trame de l’histoire, qui détaille le parcours chaotique de Claire et de Marc, couple à la dérive, et dont le dénouement final est aussi inattendu qu'étrange. Pour ce premier opus, Christine Sagnier nous propose un livre culotté et dérangeant, jamais grossier, qu’on lit d’une traite, aussi troublé qu’envoûté. Succombez donc.
Balland, 18 €, 185 pages

[clarabelle]

J'ai succombé !!! et je dois admettre qu'en ouvrant les premières pages du livre, on est tout de suite.. Passée cette entrée en matière, je me suis plongée avec ravissement dans la lecture de cette histoire très quelconque, un couple las d'eux-mêmes après dix ans de mariage... Mais ce qui rend cette lecture très intéressante, ce sont les mots et leur magie, orchestré par Christine Sagnier d'une manière très limpide... si bien qu'on se sent très proche des personnages.. Et bien entendu, les homme sont présentés de façon très !!! Bref, un roman pas du tout comme-il-faut, mais qu'il ne faut pas hésiter à découvrir car ça vaut le coup d'oeil !!! Clarabelle

[clarabelle]

http://www.zone-litteraire.com/
\"Ce diamant offert comme pour marquer un territoire.\" Claire, sson mari, leurs deux enfants. Des jumeaux, bien sûr. Le rêve de toute femme : deux pour le prix d’un et si l’un décède, il reste l’autre. Et Marc, ce cher Marc. Toujours absent et adorablement insignifiant dans la vie sexuelle de sa femme. Epoux fidèle à son travail et sa maîtresse, laquelle ressemble à Claire, le flegme d’un corps jeune en plus. Bref, un couple marié comme on en produit tant d’autres. Mais au-delà de ce schéma insipide , se cache du sexe, du vrai, de « l’auréole jaunâtre » et du « sexe mouillé ».
Car Claire s’ennuie. Elle veut partir, les laisser tous. Le couple s’enfonce dans le néant du quotidien et Claire pour le combattre, couche, « jupe relevée jusqu’à la taille, corps cassé en deux sur le dossier d’un canapé ». Comme un homme, elle ne cherche que son plaisir. Etrange Claire qui ne rêve que de plaire physiquement. Elle ne veut ni jeu, ni séduction, mais simplement suivre le premier homme qui la regarde, « qu’importe qui il est, qu’importe ce qu’il pense, il la regarde et cela suffit ». Elle ne veut pas de discussion, juste « éliminer les circonstances » et le suivre. Parallèlement, Marc, en mari infidèle commun, vit une relation suivie avec Alice, sa maîtresse, à qui il offre des fleurs lorsqu’il doit se faire pardonner. Sans s’en rendre compte, il ne fait que calquer sa vie sur sa liaison, les enfants en moins. C’est un romantique pourrait-on dire, alors que Claire réagit en mâle : tirer un coup et rentrer à la maison comme si de rien n’était. Une nouvelle Bovary ne rêvant que de chevauchements et d’escapades. Pas de passion, de préambule, juste du sexe. Elle se fait prendre dans l’arrière boutique d’un libraire sans même ôter sa culotte. Cru, mais pas vulgaire, il reste une once de pudeur pourrait-on rire. Mais attention, il ne s’agit pas de pornographie ni même d’érotisme, ce n’est qu’un appel au viol qui cache le désespoir d’une femme qui s’ennuie. Et ça, Christine Sagnier, l’auteur, l’a bien compris. Ses phrases courtes, le dynamisme de son texte nous font haleter avec Claire. Telle cette phrase, « Du bout du doigt, l’homme dessine l’ourlet de ses lèvres. D’une pression, il les entrouvre. Claire enroule sa langue autour de son doigt. »
La vie de famille est décrite avec des mots de tous les jours, « Claire est assise dans la cuisine. Elle fume une cigarette alors que les enfants finissent leur repas ». On vit Claire, on s’ennuie avec elle dans sa petite maison de banlieue et on ne peut lui en vouloir de fuir ses enfants et ce mari qui ne comprend rien. Un soir, en rentrant tard, après l\'une de ses aventures, elle lui criera « Mais tu travailles, je sais. Et comme tu travailles, tu entends que je sois là, précisément, tous les soirs, à t’attendre. Les enfants propres, la maison…propre. Ta vie…propre » Mais lui ne peut comprendre, trop enfoncé dans son carcan. Il connaît à peine ses enfants et ne fait que s’endormir « bouche ouverte » comme un « poisson mort » essayant mollement d’aller vers une épouse déjà perdue.Infidélité(s) décrit, comprend et ne juge pas. Livre-réalité, chacun ses défauts et chacun sa façon de les aborder. Pire que de quotidien, il s’agit d’une vie comme on en croise tous les jours. On ne lit pas un ennui, pas que du sexe, mais un premier roman où l’auteur se met dans la peau d’un homme à travers une femme. Une vie déçue, un ailleurs à reconquérir pour résultat très sympathique. Affaire à suivre. Carine Pigny

[yansored]

very interesting,