Mammifères - Pierre Mérot

[Catheline]

« Mammifères » de Pierre Mérot : Prix de Flore 2003, il ne m’a pas déçue. L’histoire est autobiographique et mêle alcoolisme, mal de vivre, mal d’amour, mais le tout est dit avec style, humour, originalité. On y découvre un quadragénaire, un prof de lycée peu épanoui dans sa carrière, pas épanoui dans ses amours, un type qui se critique sans complexe, sincèrement. Petit à petit, le portrait d’un loser est fait, un loser qui est intelligent, humain, qui se révèle sensible et est capable de sortir des phrases, des passages magnifiques dans ce livre. Le style de Mérot rend ce livre bien plus intéressant qu’il le serait autrement, par son humour, sa semblante légèreté. Mérot sait parler à l’inconscient du lecteur, ce qu’il ne dit pas compte autant que ce qui est dit. Ce qui est dit se lit facilement et vite, c’est drôle, et par moments très touchant. Plutôt que faire un résumé de l’histoire, je vous livre un petit passage qui, je l’espère, vous incitera à lire « Mammifères : » « On ne cesse pas d'aimer ceux qu'on a aimés. Mais de personne en personne, de pièce en pièce, on voudrait croire que peu à peu on reconstitue un puzzle, et qu'un jour un visage apparaîtra. Et l'on n' aura plus besoin de chercher. Mais en fait d'image totale nous
n'avons que la dernière, et elle n'efface pas les précédentes. Aucune figure n'est oubliée, aucune ne nous retient. C'est ce qui fait que notre vie n'est pas une succession d'échecs, mais une construction entièrement vouée à l'amour. »(broché chez Flammarion, 250 pages)

[shopgirl]

J’ai vraiment du mal à me faire une opinion de ce livre
J’ai dévoré les 2 premières parties (la famille et le travail) mais la 3ème (l’amour) m’est tombée des mains et mon avis est divisé entre ces deux moments de lecture. Tout d’abord, je voudrais faire un « avertissement au lecteur » : âmes sensibles s’abstenir ! La plume de Mérot est sarcastique, corrosive. Cela dit si l’on accepte dès le départ ce parti pris de l’humour (très) noir, il y a de quoi se régaler car ce roman est férocement drôle (cela faisait longtemps qu’un livre ne m’avait pas fait autant rire - et je ne parle pas de ricanements discrets…) Tout y passe : la famille, les collègues, les chômeurs, la société d’une façon générale, l’amour, … et c’est gratiné ! L'auteur applique systématiquement la méthode du contre-pied et aligne les remarques politiquement incorrectes : on jubile ! (Je relirais bien notamment le passage narrant le voyage en Pologne particulièrement drôle…)
Pourtant, j’ai trouvé la dernière partie passablement indigeste au point de faire un break de 2 semaines dans ma lecture (alors que j’ai lu les 2 premières d’une traite). D’une façon générale ce roman m’a semblé assez inégal : Mérot est capable du meilleur comme du pire, de la phrase parfaitement juste et profonde, voire émouvante, mais aussi de la remarque fumeuse à 2 francs. Aussi la conclusion du livre procède-t-elle de ces deux tendances : du génie et du vaseux. Dommage … Une lecture qui change des gentilles histoires où tout le monde « il est beau, il est gentil ».
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[rotko]

Pierre Mérot, Mammifères, Flammarion.
2080685562
Un livre sarcastique et désopilant.
L'existence de l'Oncle, personnage de raté social, alcoolique permanent et chômeur occasionnel, fournit à l'auteur l'occasion de tirer à boulets rouges sur les valeurs bourgeoises établies. L'oncle est un pilier de bars minables et conviviaux, un assidu des boites de nuit où trébuchent dans les aubes cruelles des femmes fatales à la dérive. Les "naufragés de la vie" ont trouvé en Pierre Mérot leur chantre fraternel et hilare.
C'est l'occasion de maximes et d'aphorismes pittoresques sur "l'escalier, premier ennemi du buveur", udes exemples utiles de phrases de rupture - "tu trouveras bientôt quelqu'un qui t'aime", ou de conseils pratiques pour les courses de l'alcoolique - "quand tu vas acheter de l'alcool, il faut toujours acheter le maximum parce que tu bois toujours plus que ce que tu as prévu".
Deux préoccupations principales pour notre aventurier : l'amour et le travail. On a donc notamment un beau petit développement sur les surprises du minitel rose, et des séjours laborieux au ministère de la marine. Les jugements sont sans appel :
"Sans être totalement cons - certains parviennent à faire des études, les militaires sont rudimentaires. Ils constituent une espèce intermédiaire entre le chimpanzé et le dauphin."

Mérot donne toute sa mesure avec l'Oncle dans l'enseignement ;( pp 161 à 183, pour ceux qui lisent debout chez le libraire).
Description burlesque, avec shémas, d'une journée de formation pédagogique, définition des "pré-requis", "évaluations" intermédiaires et programmation des "séquences pédagogiques". Puis c'est la vie au collège Walt Disney (sic):
Le principal inonde les nouveaux de très beaux conseils pédagogiques. Il leur rappelle les bases du métier, lequel consiste à ne pas faire de vagues. Par exemple, si l'on se fait cracher dessus ou voler son portefeuille, délits somme toute modestes et bien compréhensibles, il est inutile de faire un rapport et de demander une sanction.
- "Que cela soit bien clair, chers collègues, conclut le principal, l'administration ne vous soutiendra pas : sachez vous faire respecter".
Mérot dégraisse le Mammifère !
c'était une petite visite amicale car je connais plusieurs d'entre vous :

[CeNedra]

Merci pour cette visite amicale.
Ton avis ajouté à celui de Shopgirl m'a convaincu d'allonger mon interminable liste.
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[Alice]

En lisant vos critiques, je me dis que je suis passée complètement à côté de ce bouquin! Je n'ai pas accroché du tout! le style, la construction des phrases... je n'y arrivais pas. à part deux-trois passages qui m'ont plus, le reste bof vraiment! Avis très mitigé donc...