A la pointe de l'épée - Ellen Kushner

carabas · Austen addict Inscrit le: 24 Mar 2008 Messages: 3273 Localisation: Dans la lune

Saint-Vière est bretteur aux Bords-d'Eau. Cela signifie que les nobles qui veulent se débarrasser de quelqu'un d'encombrant l'envoient, contre paiement, défier quelqu'un à l'épée. Sauf que, comme Saint-Vière connaît son métier, quand il défie quelqu'un, il ne le rate pas. Mais après avoir défié deux bretteurs lors d'une réception, tout s'emballe. Qui avait embauché ces bretteurs? Pourquoi? Ça sent le complot politique... et même Saint-Vière, qui pourtant ne se mêle pas de politique, va se trouver au cœur d'histoires qui le dépassent.

Si vous aimez la fantasy avec magie, elfes et quêtes, passez votre chemin, il n'y en a pas 1 gramme. On est certes dans un pays imaginaire, mais proche de l'Angleterre malgré tout, avec son aristocratie raffinée.

Peut-on parler de fantasy réaliste? En tout cas, il faudrait inventer cette étiquette pour ce livre. Mais peu importe. On a une histoire qui se tient bien, bien écrite et bien traduite *, intéressante parce qu'elle nous fait passer des salons élégants aux rues sales de Bords d'Eau. Les personnages sont intéressants et nous réservent quelques surprises. Une belle découverte.

* sauf une expression qui parle de "couleur électrique" dans un monde sans électricité... j'adore... c'est comme l'expression "faire son cinéma" que j'avais lue dans un roman se déroulant dans la Chine du XVIe siècle...
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Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!

Baudelaire, Les Fleurs du Mal, "La Voix".

theyoubot · Inscrit le: 20 Avr 2005 Messages: 4288

La faiblesse de l'intrigue globale avait gâché mon plaisir.
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Tennis de Table Bordeaux

carabas · Posté le: Dim Fév 16, 2014 6:58 pm Sujet du message:

Ça manquait d'elfes? *Mr. Green*

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Baudelaire, Les Fleurs du Mal, "La Voix".

Lisbeï · Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6312 Localisation: Sud

Il n'y avait pas de sujet sur ce roman *Surprised*

??? Ca alors ! En tout cas, personnellement j'avais beaucoup aimé, et j'avais aussi aimé en discuter avec son auteure, ici : http://www.climaginaire.com/index.php/climaginaire/Interview/Kushner-Ellen

Et mon avis détaillé sur le roman est là : http://www.climaginaire.com/index.php/climaginaire/Livre/Roman-Nouvelle/Fantasy/A-la-pointe-de-l-epee
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Même le soleil se couche.

Soleil* · Posté le: Dim Fév 16, 2014 8:50 pm Sujet du message:

Moi aussi j'étais persuadée qu'il y avait un sujet...
Bref, je copie-colle l'avis que j'ai enregistré dans ma base de données en 2008 :

Je l'ai dévoré !
Au début, je n'avais pas vraiment l'impression d'accrocher, je ne voyais pas trop où on allait et je présumais une intrigue trop complexe à mon goût. Jusqu'à ce que je me rendes compte que j'y pensais régulièrement pendant la journée quand je n'étais pas en train de lire, ce qui est un signe flagrant d'intérêt ! En fait, je l'ai même repris du début après avoir fini, pour mieux en profiter en connaissant les tenants et les aboutissants et donc ne rien rater (quoi que je n'avais pas loupé grand chose à la première lecture, en fait, il n'y a pas tant que ça de révélations qui ne soient pas amenées).
Les personnages sont bien dépeints, mieux qu'il n'y paraît de prime abord. Alec me tape un peu sur les nerfs, mais j'aime beaucoup Richard. Et plus encore Michael, et là c'est mon plus gros regret par rapport au roman : Il apparait comme personnage principal pendant tout le début du roman pour finir par disparaître assez abruptement de la scène principale, snif !
Maintenant, j'espère qu'on aura droit aussi un de ces jours à des traductions des deux romans qui suivent dans le même cadre, j'aimerais beaucoup retrouver un petit peu les personnages...
Pour adultes uniquement, je trouve ça un peu trop hard pour les enfants. Pas de scènes de Q trop approfondies, mais le sexe reste quand même l'un des points centraux du roman, sans parler de la violence...
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.

theyoubot · Inscrit le: 20 Avr 2005 Messages: 4288

Soleil* · Posté le: Dim Fév 16, 2014 9:36 pm Sujet du message:

Six ans plus tard, j'avoue ne plus trop me rappeler cet aspect, seule la trame de l'histoire et l'ambiance sont restées.
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Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.

theyoubot · Inscrit le: 20 Avr 2005 Messages: 4288

carabas · Posté le: Mer Fév 19, 2014 5:47 pm Sujet du message:

Lisbeï · Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6312 Localisation: Sud

theyoubot · Inscrit le: 20 Avr 2005 Messages: 4288

C'est selon moi un mauvais roman. Il a deux défauts impardonnables :

- il n'y a pas d'intrigue
- le personnage principal est raté. La plupart des autres personnages le sont aussi.

Pas d'intrigue

La premier tiers du roman est centré sur la vie frivole d'un jeune aristocrate.
Le deuxième tiers met en avant la vie de couple de Richard et Alec avec en toile de fond les manigances d'un politicien (Lord Ferris). Pendant ce temps, le jeune aristocrate du premier tiers change du tout au tout et se lance dans l'apprentissage de l'escrime.
Dans le dernier tiers, Richard assiste peu ému à divers événements politico-judiciaires dont il est le centre. Alec et Katherine exceptés, on perd de vue les personnages antérieurs, sauf en tant que vagues figurants.
Il y a bien une machination politique mais elle n'est évoquée que sur cinq pages et ne verra jamais le jour car les faits ne le permettront pas. L'auteure n'avait pas la moindre idée pour l'histoire, donc elle n'en a écrite aucune. Elle a juste aligné des scènes dans un contexte renaissance.

Le personnage principal est raté

Richard Saint-Vière n'a que deux choses dans la vie : sa passion pour l'escrime et son amour pour Alec. Deux choses que l'auteure s'avère incapable de décrire. On ne nous fait jamais partager l'amour de Saint Vière pour l'escrime. Il n'y pense jamais, il n'en parle jamais, il ne s'entraîne jamais ou presque. On ne nous fait jamais partager l'amour de Richard pour Alec. On voit Richard faire preuve de tact avec Alec, le ménager, le protéger. Mais ses pensées pour Alec sont froidement rationnelles, comme celles d'un garde de corps perspicace. Résultat, Richard est un personnage lucide et impassible. A la dernière page du roman, il est exactement le même qu'à la première. Zéro affect. Rien ne l'a affecté. Soit l'auteure se fichait complètement de ce personnage, soit elle ne savait pas comment l'animer.
La plupart des autres personnages sont ratés eux aussi. Ils n'ont droit qu'à une ou deux scènes avant de disparaître, de sorte qu'ils peinent à exister. Horn, Hugo, Halliday, Karsleigh, Applethorne, Diane etc. Même Michael Godwin, pourtant bien développé dans le premier tiers, est abandonné à mi roman car l'auteure n'a plus la moindre idée pour lui. Il est expédié quelque part dans le sud et on n'en entendra presque plus parler de lui.

Les deux défauts du roman - personnages et intrigue - sont liés. L'auteure n'avait pas d'intrigue parce qu'elle n'arrivait pas à faire interagir ses bribes de personnages. Bref, elle n'avait pas assez d'idées pour écrire un roman. Il y a d'autres défauts mais ils sont moins graves et je n'en parlerai pas.

Les qualités

- la description de la noblesse. Les intrigues au sein du conseil des lords, les fêtes, les domestiques, le système juridique autorisant des duels par procuration avec des bretteurs professionnels
- la description des bas-fonds. Le quartier, les tavernes, Willie, la petite criminalité, les immeubles décrépits.
- le dénouement, Richard et Alec. Et le ton de la fin d'une manière générale.
- la scène de procès
- les deux scènes de sexe entre Richard et Alec. Même si le traitement est adapté à un roman grand public, ça change agréablement. Deux hommes, ce n'est pas si fréquent que ça.
- Alec est bien décrit. Maussade, lunatique et suicidaire. On a rapidement envie qu'il se fasse étriper. Il aurait servi à la perfection pour la description d'un amour toxique entraînant Richard à sa perte. Si l'auteure avait su glisser quelques déchirements en Richard (son amour luttant contre son instinct de conservation), le personnage d'Alec aurait été idéal.
- un style élégant

A la pointe de l'épée est un roman excellent par morceaux. Si vous n'en lisez que trente pages, n'importe lesquelles, vous pensez que vous tenez un bon roman. Mais hélas, il n'en est rien.

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